Éco-Business

“En 2019, la politique budgétaire serait restrictive”

Yasser Yeddir-Tamsamani. économiste

Le MEF et le HCP divergent sur leurs prévisions de croissance. Pourquoi ce gap ?

Avant de répondre à votre question, permettez-moi de faire un détour par la méthodologie qui mène vers ces chiffres. L’exercice de la conjoncture au Maroc demeure tronqué et l’information portant sur les hypothèses sous-jacentes aux comportements des agents économiques est au mieux partielle voire absente. Juger alors la justesse de leurs prévisions respectives relève de la «sorcellerie».

Pour expliquer la décélération de la croissance en 2019, le HCP évoque un ralentissement de l’investissement global (public et privé) sans pour autant nous expliquer en réaction à quoi l’investissement devrait ralentir. Quant au MEF, le gouvernement table aussi sur une décélération de la croissance en l’attribuant principalement au creusement du déficit commercial. D’une manière approximative, le texte de la LF ne contient aucune explication sur la sensibilité des agrégats extérieures à leurs déterminants (prix internationaux, taux de change effectif réel, etc.).

Pis encore, si les ressorts de la croissance en 2019 divergent entre ces deux institutions, ce qui devrait plutôt être un signe positif pour nourrir un débat public raisonné et permettre à chacune de ces institutions d’affiner ses arguments, force est de constater que rien de tout cela n’a eu lieu, ce qui fait persister le doute sur la solidité de l’exercice. En somme, l’exercice de la conjoncture demeure partiel au Maroc. L’opacité sur les fondements des composantes qui agissent sur la demande est persistante.

Quelle est votre appréciation de la politique monétaire en 2019 ?

A défaut d’une information complète sur les comportements agents économiques, je propose une lecture sommaire de la conjoncture basée sur le policy-mix, à savoir la politique budgétaire et la politique monétaire. Au niveau de la politique monétaire, on sera sur une année plutôt neutre sauf vers la fin de l’année avec le resserrement de la politique monétaire en zone euro.

La raison en est que l’inflation serait maîtrisée : sa partie volatile serait contenue à cause d’un double effet de la dépréciation du dirham face au dollar en 2019 et de la baisse des prix des énergies et du blé. L’inflation sous-jacente, quant à elle, reste également maîtrisée du fait de l’absence d’indexation automatique des salaires sur les prix.

Dans ce contexte, comment évolue la politique budgétaire ?

En 2019, la politique budgétaire serait restrictive. L’écart de production étant résorbé, le déficit budgétaire s’assimile à un déficit structurel, dont la réduction est engagée depuis 2012. En persistant sur cette voie, le gouvernement a finalement fait le choix de l’austérité malgré tout son discours sur le budget social. Globalement, le policy-mix au Maroc serait restrictif pour l’année en cours, justifiant un ralentissement de la croissance. Du coup, personnellement, je m’inscris dans la même perspective que le HCP et le MEF, sans partager les mêmes raisons.



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