Abderrahim Chaffai : “Nous voulons atteindre 80% de couverture retraite, et pourquoi pas, aller au-delà”

Abderrahim Chaffai
Président de l’ACAPS
Équilibre institutionnel oblige, la réforme des retraites demeure un sujet sensible sur lequel les institutions de régulation ne se bousculent pas au portillon. Le débat, confiné aux sphères techniques, peine à s’imposer dans l’agenda politique.
Le taux de couverture retraite au Maroc reste limité à 49%. L’objectif de 80% est-il réellement atteignable ?
La question s’est déjà posée pour la couverture maladie, et les avancées obtenues dans ce domaine permettent aujourd’hui d’envisager une dynamique similaire pour la retraite. La loi-cadre sur la protection sociale traduit une volonté politique claire, et les travaux menés au sein du gouvernement visent à faire de la généralisation de la couverture un axe structurant du développement national.
Quels sont les principaux défis que le Maroc doit relever pour assurer la soutenabilité de ses régimes ?
Le régime par répartition repose sur les cotisations des actifs pour financer les pensions, mais la dégradation progressive du ratio entre actifs et retraités fragilise son équilibre. L’élargissement du taux de couverture demeure un chantier prioritaire.
Par ailleurs, l’intégration du secteur informel et la prise en compte des risques liés aux investissements, y compris les impacts climatiques, imposent une révision des politiques de placement au sein des caisses de retraite.
La sixième édition de la conférence de l’APSA, qui se tient pour la première fois au Maroc, s’est penchée sur la résilience des régimes de retraite face aux risques systémiques. L’Afrique est-elle suffisamment armée pour prévenir un déséquilibre structurel de ses régimes de retraite ?
Le risque démographique figure parmi les plus pressants, avec une espérance de vie en hausse et une baisse marquée de la fécondité, ce qui déséquilibre les régimes contributifs. À cela s’ajoute l’exclusion persistante d’une large part des travailleurs du secteur informel, qui échappent aux dispositifs existants.
La gestion des actifs demeure également exposée à des facteurs de volatilité, notamment les fluctuations des taux et les effets du changement climatique. Ces risques, communs à de nombreux pays africains, appellent une supervision différenciée et un partage accru des meilleures pratiques.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO