Expertise comptable. Grand malaise dans la profession

À une semaine de la 6e édition des Assises de l’Ordre des experts-comptables, qui aura lieu jeudi 8 novembre 2018 à Rabat, les auditeurs marocains ont tenu mardi à Casablanca une conférence de presse pour faire le point sur les préparatifs et le programme de cet événement. Baisses des honoraires, absence de référentiel, concurrence acharnée…les griefs sont nombreux.
L’audit dans le secteur public et les impératifs de transparence et de reddition des comptes, est le thème central de la 6e édition des Assises de l’Ordre des experts-comptables qui aura lieu jeudi 8 novembre, au Sofitel – Jardin des Roses Souissi-Rabat. Les débats vont tourner autour de trois axes : Quelle feuille de route pour réussir la réforme de la certification des comptes de l’État ? Quel système à mettre en place pour une meilleure lisibilité des comptes publics locaux ? Le retour d’expérience et les perspectives pour une meilleure gouvernance de l’audit dans les établissements et entreprises publics (EEP), le programme de cette édition, qui verra la participation de 20 intervenants, s’annonce intéressant. «Nous sommes partis du terrain sur tout ce qui est entreprises et établissements publics, d’une expérience qui date d’il y a plus de 50 ans. Et le 8 novembre, on va s’arrêter pour évaluer ce qui a été fait et essayer de voir de quelle manière on peut améliorer l’existant», a souligné Aziz El Khattabi, président du Conseil régional de Rabat et nord, par ailleurs président du comité d’organisation de la 6e édition des assises.
Un «énorme» travail à faire
«En tant qu’experts comptables, nous sommes très attendus parce qu’au sein des démembrements de l’État, notamment au niveau des délégations des ministères, par exemple, il y a beaucoup à faire», poursuit-il. Il s’agira concrètement de mettre en place un référentiel comptable au niveau des collectivités locales où jusqu’ici, malgré les nombreuses tentatives des pouvoirs publics, rien de concret n’a été fait. «C’est tout un système qu’il faudra mettre en œuvre pour que les collectivités locales soient auditables», indique-t-on. Selon, Aziz El Khattabi, le système commence à s’essouffler et donc, il faudra trouver une nouvelle recette, de nouveaux amendements pour donner un nouveau coup de pouce à la profession dans le but d’améliorer la gouvernance, la transparence et surtout garantir l’indépendance des experts comptables car la performance de l’économie nationale en dépend. «Il existe un lien étroit entre la maturité d’une profession comptable dans un pays et son degré de développement. Quand on arrive à améliorer le système de contrôle interne, de reporting comptable, des audits et de la reddition des comptes, toute la machine s’améliore et tout s’enchaîne», explique-t-il.
Baisse des honoraires
Ce rendez-vous sera également l’occasion pour les experts comptables d’étaler leurs griefs portant sur leurs conditions de travail, notamment en ce qui concerne la baisse de leurs honoraires dans le secteur public. «Nous souffrons d’une baisse vertigineuse de nos honoraires. Et pour cause, le comportement des donneurs d’ordres qui ont de plus en plus recours aux moins de dix ans d’expérience et une concurrence acharnée au sein de la profession», fustige Aziz El Khattabi. Résultat de «ces pratiques contestables», selon les experts comptables, les prestations qui se faisaient dans les établissements publics au début des années 90 à 400.000 DH sont facturées aujourd’hui à seulement 40.000 DH !
Aziz El Khattabi
Président du Conseil régional de Rabat et nord par ailleurs président du comité d’organisation de la 6e édition des assises
Il existe un lien étroit entre la maturité d’une profession comptable dans un pays et son degré de développement. Quand on arrive à améliorer le système de contrôle interne, de reporting comptable, des audits et de
la reddition des comptes, toute la machine s’améliore et tout s’enchaîne.
Déficit de professionnels
Un autre ver ronge la pomme. Si les 600 professionnels inscrits à l’Ordre des experts-comptables semblent suffisants pour faire tout le travail d’audit au Maroc par rapport à l’accompagnement des entreprises en matière de conseil et de fiscalité, cela ne relève pas du monopole de l’expert comptable. De fait, les besoins sont énormes et le pays manque d’experts comptables. À titre de comparaison, la France compte 18.000 experts-comptables. En clair, le royaume est très mal loti.