Maroc

Audiovisuel. “Monopole” de la majorité politique ?

Selon le relevé des interventions des personnalités publiques dans les journaux d’information, les représentants de la majorité sont omniprésents.

Les données du dernier trimestre 2017 relatives au respect, par les médias audiovisuels, du pluralisme des courants de pensée et d’opinion dans les journaux et magazines d’information s’inscrivent dans le prolongement des analyses effectuées par le gendarme du secteur tout au long de 2017 à propos de cet important volet. La HACA a souligné que le relevé annuel des interventions n’englobe pas le premier trimestre, «Les interventions de la majorité et de l’opposition parlementaires n’ont pu être comptabilisées avant la présentation du programme gouvernemental le 26 avril 2017». En dehors de cette période creuse, la haute autorité a été particulièrement attentive à la place accordée aux représentants des partis minoritaires, mais aussi à ceux de l’opposition, sachant que le positionnement même de certains partis ne facilite pas la tâche de la HACA, à l’instar du Parti de l’Istiqlal, qui a décidé de basculer vers l’opposition en avril 2018, alors que l’enquête de la haute autorité couvre la période durant laquelle il se définissait en état de «soutien critique». À cela s’ajoutent d’autres contraintes liées à la réactivité des représentants de la classe politique, lorsque les médias sollicitent ceux-ci pour obtenir leurs déclarations.

Des explicatins demandées 
Le rappel à l’ordre de la HACA intervient dans un contexte marqué par l’entrée en vigueur des nouvelles prérogatives portant sur le traitement des plaintes, notamment le contrôle du respect, par les organismes de communication audiovisuelle, du contenu des cahiers des charges ainsi que la nécessité d’imposer «l’expression pluraliste des courants de pensée et d’opinion, en matière d’information politique, tant par le secteur privé que par le secteur public de l’audiovisuel». La problématique du pluralisme a été débattue tout au long de cette année 2018 par la HACA et les opérateurs publics et privés. Deux réunions d’information ont été tenues entre le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle et les opérateurs. Elles étaient axées sur «le projet d’implémentation du nouveau cadre réglementaire et les enjeux principaux en découlant, de même qu’elles ont permis de mettre en exergue les contraintes professionnelles objectivement exprimées, ainsi que les orientations concrètes et les conditions de mise en œuvre de ce projet». Pour marquer sa présence, le Conseil supérieur de la communication audiovisuelle a décidé d’adresser des demandes d’explication aux opérateurs ayant commis un manquement aux articles 6 et 7 de la décision du CSCA rendue en 2006 sur le sujet. La HACA rappelle que l’instance décisionnelle du régulateur du marché a pris une autre décision au cours de cette année, «dont l’entrée en vigueur est prévue pour le 1er octobre 2018. Elle évolue d’un pluralisme purement politique, de comptabilité quantitative, à un pluralisme de courants de pensée et d’opinion, à travers la diversification des sources d’opinion, notamment la société civile», souligne le diagnostic de la haute autorité.


Des chiffres révélateurs

Le relevé trimestriel indique que le volume horaire total des interventions des personnalités politiques et professionnelles a été, entre le 26 avril et le 31 décembre 2017, de plus de 545 heures, dont 70% allouées aux acteurs politiques, notamment les représentants du gouvernement et des partis politiques, contre 30% aux représentants des organisations syndicales et professionnelles, ainsi qu’aux chambres professionnelles. «Par ailleurs, les magazines d’information et les programmes de débat ont consacré 74% du temps aux interventions des personnalités publique. L’inventaire de la HACA, qui ajoute qu’en dépit des quelques disparités enregistrées dans les différents services de communication audiovisuelle concernant les résultats du suivi des interventions, le volume horaire consacré aux interventions des représentants du gouvernement et des partis de la majorité parlementaire a dépassé, dans la plupart d’entre eux, le double du temps de parole alloué aux partis de l’opposition parlementaire. Idem concernant le temps de parole des partis non représentés aux deux chambres du Parlement, qui reste en deçà des 10% prévus par le cahier des charges. Quant aux personnalités féminines, «elles représentent seulement 11% du volume horaire total des interventions des personnalités publiques, avec 11% dans les magazines d’information et 10% dans les journaux d’information».



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