L’extrême droite allemande veut fermer la porte aux migrants
«Bien sûr l’Histoire ne repasse pas les plats, mais lorsque des foules excitées d’extrême droite créent de l’agitation au cœur de l’Allemagne et que l’État de droit est dépassé par les événements, cela rappelle un peu la situation de la République de Weimar», estime mardi le magazine Der Spiegel, sur son site internet.
Une référence au régime politique démocratique née en Allemagne dans le sillage de la Première Guerre mondiale, qui dut affronter régulièrement des tentatives de déstabilisation dans la rue et finit par disparaître lors de la prise du pouvoir par Adolf Hitler en 1933.
Le pays en est encore loin, mais les «chasses collectives» contre les étrangers organisées par des sympathisants d’extrême droite dimanche dans les rues de Chemnitz, dans l’ex-RDA, puis les violences qui ont marqué lundi soir un nouveau rassemblement de plusieurs milliers d’entre eux -dont plusieurs ont défilé en faisant le salut hitlérien (la fameuse quenelle)- constituent un choc pour le pays.
« Abschieben ! Abschieben ! » (Expulsions ! Expulsions !), scandent ces manifestants – ils sont plusieurs milliers – qui protestent contre « l’immigration de masse » ce soir à Chemnitz, au sud de la Saxe, rassemblés au pied de l’immense buste de Karl-Marx pic.twitter.com/tA5Z1l4Q1i
— Thomas Wieder (@ThomasWieder) August 27, 2018
La réaction de la Chancelière allemande n’a pas tardé. Angela Merkel a déclaré mardi que la «haine dans la rue» n’avait pas sa place en Allemagne après les incidents survenus deux jours durant à Chemnitz lors de manifestations d’extrême droite.
«Ce que nous avons vu n’a pas sa place dans un État de droit», a déclaré la chancelière lors d’une conférence de presse à Berlin». (…) Nous avons vu des chasses collectives, nous avons vu de la haine dans la rue, et cela n’a rien à voir avec un État de droit», a-t-elle insisté.
Rappelons que l’élément déclencheur est survenu au cours du week-end, lorsqu’un Allemand de 35 ans a été tué à coups de couteau durant une rixe en marge d’une fête locale. La police a arrêté deux suspects, un Syrien et un Irakien d’une vingtaine d’années accusés d’avoir agi après une «altercation verbale».
Depuis, les franges les plus radicales de la ville, et de toute la région de Saxe, dont le mouvement ultra anti-islam Pegida, mobilisent l’opinion contre l’immigration et la politique du gouvernement d’Angela Merkel, défilant aux cris de «Les étrangers dehors» ou «Nous sommes le peuple».