France : Comment le MRE fêtent Aid Al Adha ?
Pour une population en France estimée à plus d’un million de personnes, les Marocains restent l’une des principales diasporas dans l’Hexagone. Et à la veille de Aid Al Adha il faut dire que les préparatifs fusent même de l’autre côté de la Méditerranée. Mais alors comment les MRE passent-ils cette fête religieuse ? Réponse à travers nos témoignages.
Imaginez les bonnes odeurs du traditionnel boulfaf à l’heure du déjeuner, après la bonne petite table du petit déjeuner et la prière du jour de l’Aid Al Adha, tout ceci en France. Oui, les traditions perdurent et se perpétuent même dans l’Hexagone, elles traversent la mer et les frontières pour s’exporter dans le pays d’accueil de nos compatriotes.
Aid Al Adha ou plus communément baptisée fête du sacrifice ne tombe jamais à la même date. Elle a lieu chaque année le dixième jour du mois de dhou al-hijja qui est le dernier du calendrier hégirien. Elle est considérée comme la plus grande fête dans la religion musulmane ainsi qu’auprès de la communauté et ce dans tous les pays du monde.
Un Aid pas comme les autres
Cela dit, cette fête reste très différente en France. En effet, le scénario diffère du Maroc et pour cause plusieurs points ne peuvent être honorés dans les habitudes et les coutumes ancestrales que nos parents nous ont inculquées. Effectivement, dans ce pays d’accueil, il est formellement interdit pour les pratiquants musulmans d’égorger leur animal chez eux ou dans la rue. Un encadrement législatif est prévu à cet effet et pour cette année comme toujours, une liste provisoire des abattoirs temporaires agréés pour la durée de la fête de l’Aid Al Adha a été dressée le 11 août dernier.
Le sacrifice est donc réalisé par des professionnels agréés au grand regret des fidèles. Pour Sarah, une jeune trentenaire, fonctionnaire, mariée et maman d’un petit garçon cette occasion fêtée en France reste juste une obligation religieuse lorsqu’elle est n’est pas au Maroc : « Je trouve que cette fête n’a aucun charme quand je suis en France. D’une part avec mon mari on ne retrouve pas nos rituels d’antan, la beauté de cette journée entourés des nôtres. D’autre part, effectivement nous sommes seuls du coup nous nous retrouvons en tête à tête avec notre fils. » Et la jeune native de Marrakech d’ajouter : « Le fait en plus de ne pas mener à bien notre rituel du sacrifice du mouton seuls et vivre pleinement ce moment religieux avec notre Créateur, ça nous laisse sur notre faim. Être obligés d’aller chez le boucher récupérer le corps dépecé de l’animal n’a rien à voir avec Aid Al Adha comme nous le vivions dans notre jeunesse et dans notre pays d’origine. »
Tout faire pour passer un Aid au Maroc
Ces dernières années la fête du sacrifice tombe durant les vacances d’été et cela ne fait pas toujours les affaires de tous. En tout cas pour Othman, ce Marocain d’origine et boucher dans le sud de la France, cette année les ventes sont revues à la baisse et il présage un chiffre d’affaires plus bas qu’à l’accoutumée. Othman raconte que : « C’était prévisible puisque cette année nous fêtons l’Aid en plein mois d’août. Nous avons donc évité de passer commande pour de plus grandes quantités et avons essayé de mettre en place un système de précommande pour nos clients les plus fidèles.»
Quant à Myriam, 20 ans et étudiante, si elle ne passe pas cette fête en famille ce n’est pas une fête. Pour elle, cela lui «est égal l’endroit, le plus important c’est être en famille et profiter. Qu’on soit en France ou au Maroc à vrai dire cela ne change rien pour moi rien n’est plus sacré que ma famille. Quoique j’avoue qu’au Maroc la fête est vécue d’une autre manière. Quitte à choisir je préfère passer cette fête au Maroc.» Et la jeune femme originaire de Tanger de conclure : «Même si on ne vit pas pleinement le rituel ici en France, il faut dire que nous avons tout de même tout ce qui s’ensuit. Avant notre départ pour l’abattoir nous nous rendons en famille à la prière. Toutes nos coutumes du pays sont respectées malgré tout. La table est toujours garnie de msemen et baghrir avec un bon verre de thé à la menthe pendant que maman s’affaire en cuisine pour nous préparer le boulfaf tant attendu».