Comment réduire les dépenses
Quatre mois après le lancement du Plan santé 2025, le département de tutelle s’estime optimiste quant à l’avenir du secteur. Toutefois, la réduction du coût «exorbitant» du financement de la santé est un défi majeur.
Le système national de santé (SNS) souffre de moult dysfonctionnements. Ceci est une réalité que nul ne peut ignorer. Après le lancement en fanfare du Plan santé 2025 par le ministre de la Santé, Anass Doukkali, ce secteur – sujet à plusieurs polémiques- commence à prendre des couleurs et à alimenter l’optimisme des plus soupçonneux. Pour mettre en lumière les répercussions dudit plan ainsi que d’autres concernant le financement de l’accès aux soins de santé, la Chambre de commerce britannique au Maroc a organisé jeudi dernier une conférence-débat sur le thème : «L’économie de santé au Maroc : défis et perspectives d’avenir». Cet événement a été l’occasion d’informer les opérateurs économiques et médiatiques des enjeux de l’économie de la Santé au Maroc en invitant des personnalités du secteur, notamment Hicham Nejmi, secrétaire général du ministère de la Santé, Christophe Sauboin, directeur de l’économie de santé chez GlaxoSmithKline Global, Naoufal El Malhouf, directeur général de l’Agence nationale de l’assurance maladie (ANAM) ainsi que Chakib Nejjari, président de l’Université Mohammed VI des sciences de la santé (UM6SS).
Progrès évidents
Les efforts déployés par les différentes parties prenantes ont permis une nette amélioration des indicateurs sanitaires au Maroc. Par exemple, l’espérance de vie à la naissance est passée de 49 ans en 1967 à 75 ans en 2013, le taux de mortalité maternelle est à 72,6 pour 100.000 nouveau-nés et le taux de mortalité des moins de 5 ans est de 22,2 pour 1.000 nouveaux-nés, marquant tous les deux une régression respective de -78% et -74% par rapport à 1990. En ce qui concerne l’infrastructure, le Maroc dispose actuellement de 2.865 établissements de soins de santé primaire, 158 établissements hospitaliers publics (23.000 lits), 358 cliniques (9.800 lits), 9.475 cabinets privés de consultation et 8.914 pharmacies. Cependant, la densité médicale et paramédicale ne dépasse pas 1,5 pour 1.000 habitants, la dépense de santé est à 5,8% du PIB et seuls 63% des citoyens disposent d’une couverture médicale.
Accès à la santé
Selon l’OMS, «le financement de la santé a pour objectif de dégager des fonds suffisants et mettre en place les incitations financières appropriées pour que toutes les personnes aient accès à la prévention et aux soins nécessaires». Au Maroc, la dépense totale de santé (DTS) a atteint 52 milliards de dirhams en 2013 soit 1.578 DH par habitant, dont la part des dépenses allouées à la consommation médicale représente 88% de la DTS, soit l’équivalent de 1.394 DH par habitant. «Le financement de la santé au Maroc est insuffisant (5,8% du PIB) en comparaison avec les pays à niveau économique similaire (entre 6,5 et 7,5%)», souligne le secrétaire général du ministère.
Sources de financement
Pour ce qui est des sources de financement, les ménages y occupent la première place avec 50,7%, 91% de ces dépenses étant effectuées dans le secteur privé et 40% réservées aux médicaments. La seconde source est l’assurance maladie à raison de 22,4% en 2013, soit une augmentation de 4 points en 3 ans en plus d’une augmentation prévue avec l’extension de l’AMO. Il faut souligner également que le secteur privé profite de 68,3% des paiements des prestations de soins dans le cadre du tiers payant, les hôpitaux ne bénéficiant que de 10,3%. Les médicaments présentant encore une fois le premier poste de dépenses (35%). Enfin, la troisième source de financement est le ministère de la Santé à raison de 20%. Par ailleurs, Nejmi a rappelé que le financement externe dans le cadre des coopérations internationales ne dépasse pas 1% de la DTS.
Médicaments, lourde facture
Les dépenses en médicaments pèsent lourd sur le budget desdites sources de financement, elles représentent 26% de la DTS, 35% des dépenses de l’AMO, 40% des dépenses directes des ménages et 47% des dépenses directes des RAMEDistes. Pour juguler ces dépenses, le ministère de Santé a mis en place une politique pharmaceutique Maroc (2015-2020) ayant pour objectif d’assurer l’accès universel aux médicaments et aux produits de santé de qualité à un prix abordable pour toute la population marocaine et promouvoir l’usage des médicaments génériques de qualité.
Quid des perspectives
Extirper le système de financement de la santé de la crise nécessite l’intervention de toutes les parties prenantes afin de juguler la DTS. Des chantiers doivent être lancés, d’autres repensés afin de rationaliser les dépenses. Aussi, le secrétaire général du ministère propose l’extension de la couverture médicale aux autres catégories de la population, l’augmentation du budget du secteur de la santé, la mise en place de mécanismes de financement innovants, la mise en place d’un organisme gestionnaire du RAMED, la réduction des dépenses directes des ménages et le renforcement du partenariat public/privé.