El Othmani dit tout
Lors d’une rencontre avec les médias vendredi dernier, le chef de gouvernement a expliqué les raisons de la position de l’Exécutif dans la campagne de boycott qui entre dans sa 4e semaine. L’objectif de cette réunion est de dissiper les malentendus autour de ce mouvement.
Une réaction certes tardive, mais nécessaire du chef de gouvernement qui a choisi un échange en face-à-face avec les responsables des médias nationau pour expliquer les motifs de la prise de position de l’Exécutif dans la campagne de boycott de 3 marques commerciales, qui dure depuis plus de 3 semaines. L’objectif de cette réunion est de dissiper les malentendus autour de sa réaction, notamment suite à la déclaration du porte-parole du gouvernement, Mustapha El Khalfi, à l’issue du dernier Conseil de gouvernementl (Voir p: 4-5). Cette rencontre informelle, qui a regroupé les représentants de la fédération des éditeurs ainsi que la fédération des médias, n’était pas exclusivement dédiée à la question du boycott, mais concernait le bilan du gouvernement depuis son investiture en avril 2017. Selon Saâd-Eddine El Otmani, les réunions avec les représentants des médias seront régulières, en vue de renforcer les canaux de communication avec l’opinion publique face aux risques de désinformation qui planent sur plusieurs sujets. Tout en étant ouvert à plusieurs questions posées durant cette rencontre, le chef de gouvernement a eu du mal à convaincre sur d’autres sujets qui hantent l’opinion publique marocaine actuellement.
Que faire face au boycott ?
L’enjeu prioritaire n’est autre que la prise en compte des intérêts vitaux des agriculteurs qui travaillent dans la filière du lait, ainsi que le maintien d’un équilibre des intérêts entre les opérateurs concernés de prés par l’impact du boycott. C’est l’avènement du mois sacré de ramadan qui rend la situation encore plus complexe, vu que la question de l’approvisionnement des marchés reste primordiale. C’est le lait qui est un produit de base durant le mois de ramadan qui retient l’attention, du moment que sa consommation augmente de manière significative. La principale conclusion qui a été tirée est que les intérêts des agriculteurs et leurs familles sont en danger, et que les prix pratiqués depuis 2013 «reste dans des seuils raisonnables», selon l’analyse qui a été faite par le gouvernement. La collecte n’a pour sa part rencontré aucun problème, sachant que cette période précédant le mois de ramadan est considérée comme étant la plus importante en matière de production. L’essentiel pour les responsables gouvernementaux est que le pays arrive aujourd’hui à produire plus de 96% de ses besoins via la filière laitière et que cet acquis est actuellement menacé par cette campagne de boycott «dont la poursuite et l’amplification fera subir des pertes énormes pour 460.000 agriculteurs, sans compter les dommages que subira le tissu économique». Le gouvernement ne veut pas perdre de vue, durant cette période, un enjeu de taille : celui de la protection des consommateurs. La commission englobant l’ensemble des départements ministériels et qui est présidée par l’Intérieur est passé à la vitesse maximale en matière de mobilisation des administrations territoriales pour le contrôle des prix, ainsi que le lancement d’un numéro spécial (5757) destiné à accélérer le processus de la réception des plaintes relatives au non-respect des droits des consommateurs.
Aucune décision pour la levée de la subvention du gaz butane
Le chef de gouvernement a insisté sur le fait que la décision de la levée de la subvention du gaz butane n’a pas été prise, et qu’elle ne devra intervenir qu’après la mise en place d’un identifiant national qui assurera le ciblage des couches sociales qui devront bénéficier du soutien budgétaire de l’État. En effet, la question fait l’objet de plusieurs surenchères, qui placent le gouvernement dans une situation malaisée où il devra intervenir chaque fois qu’une rumeur se propage sur une éventuelle hausse des prix des bonbonnes de gaz destinées à la consommation de ménages. La rencontre avec les médias a permis de tracer avec précision le schéma de la levée de la subvention, qui dépend d’autres chantiers ouverts pour un meilleur ciblage des catégories qui continueront de bénéficier du soutien de l’État.