Les Cahiers des ÉCO

Brahim Benjelloun Touimi : «L’Afrique continuera de se renforcer dans les agrégats d’activité de BBOA»

 

Brahim Benjelloun Touimi, Administrateur-directeur général exécutif  du groupe BMCE Bank Of Africa

Expansion de BMCE Bank of Africa (BBOA) sur le continent, contribution des activités africaines dans les résultats du groupe, mais aussi les nouveautés du prix africain de l’entrepreneuriat: Brahim Benjelloun Touimi, fait le point. Dans cette interview, l’administrateur-directeur général exécutif de BBOA évoque également les perspectives d’évolution du capital-investissement sur le continent.

Les Inspirations ÉCO : BMCE Bank of Africa s’annonce en Afrique du Sud en 2018. Comment évolue votre plan de développement en Afrique australe ?
Brahim Benjelloun Touimi : Le dossier de l’expansion du groupe est conduit et suivi personnellement par le président Othman Benjelloun. Le développement à l’international du groupe BBOA se déroule selon un processus raisonné qui tient compte, à l’issue d’examens approfondis, des opportunités et également des contraintes internes et externes; notamment en termes d’investissements et fonds propres réglementaires requis, ainsi que des paramètres des pays concernés. Il requiert, par ailleurs, une série de diligences dont celles auprès des autorités de tutelle pour leur «imprimatur». En fait, il faut envisager le développement du groupe sur le long terme. Le président Benjelloun a coutume de dire à ses interlocuteurs: «que cela prenne dix, vingt ou trente ans, j’ambitionne que la présence du groupe BMCE Bank of Africa puisse être élargie à l’ensemble du continent». En fait, Bank of Africa est «la banque de l’Afrique», des africains d’Afrique et de par le monde.

Vous attendez-vous à une hausse de la contribution des activités africaines dans les résultats de votre groupe ?
L’Afrique représente au terme de 2017, environ un tiers (32%) du résultat net part du groupe (RNPG) de BMCE Bank of Africa, en plus des 7% issus des activités menées à l’international (hors Maroc et Afrique). On peut même considérer que l’Afrique se hisse à 39% de ce résultat, car nos activités internationales sont prioritairement au service de l’Afrique dont le Maroc est partie intégrante. En tant que l’un parmi les sept groupes panafricains considérés comme tels par le FMI, il affiche la part d’Afrique la plus élevée des 3 banques marocaines «africanistes», que ce soit en termes d’actifs, de PNB (produit net bancaire) ou de RNPG. La part de l’Afrique est prévue de continuer à croître dans nos indicateurs, car, je le souligne: chez BMCE Bank of Africa, l’international est prioritairement au service de l’Afrique.

Vous avez pris part à la 15e conférence africaine des capital-investisseurs à Marrakech. Quel est l’objectif d’une banque comme la vôtre dans cet environnement ?
BMCE Bank of Africa participe à cet événement car l’objectif est de promouvoir, chaque fois que possible et conformément aux orientations présidentielles, tout ce qui met en valeur notre continent et ses incommensurables potentialités. En plus, cette 15e édition met en exergue le Maroc en s’y déroulant. À travers notre participation, nous essayons également de contribuer à promouvoir un métier exceptionnel, qu’est le Private Equity (PE). Il vient compléter l’activité classique du banquier et investit dans des entreprises de taille modeste qui n’ont pas toujours un accès aisé à la dette. Les investisseurs de PE les accompagnent au-delà de l’aspect financier, dans leurs développements en termes de gouvernance, des RH -recrutements et rétention des talents- ainsi que de stratégie, marketing, commercial ou de structuration. Cette implication étroite des investisseurs auprès des promoteurs et de leurs dirigeants, donne aux entreprises investies, davantage de performance, leur ouvre d’incomparables réseaux et garantit alors la soutenabilité de leur développement.

Comment le Maroc peut-t-il contribuer à l’émergence du capital-investissement sur le continent ?
Le Maroc est une porte d’entrée vers l’Afrique et une économie qui investit dans le continent. Il est naturel alors que le Private Equity puisse représenter un des instruments de la stratégie de développement de notre économie et des économies africaines. La pratique -en fait la culture- de Private Equity mérite d’être davantage disséminée à travers le continent, pour permettre l’éclosion de projets toujours plus nombreux et l’élargissement de la base d’investisseurs en PE qui «miseraient» alors sur des entreprises inscrivant leur stratégie d’implantation dans les écosystèmes des différentes filières industrielles ou de services, celles-là mêmes qui œuvreront à faire du Maroc une plateforme d’échanges et d’investissement vers l’Afrique notamment.

Dans ce sens, quelle contribution attendre pour la future cité Mohammed VI Tanger-Tech ?
Cette cité est prévue, dans les dix à douze ans à venir, de représenter, sur 2.150 hectares prévus à terme, une plateforme de production et d’exportation pour les investisseurs chinois. Mais pas seulement: elle le sera également pour tous ceux qui, précisément, rejoignent l’une ou l’autre des composantes des écosystèmes industriels et de services dont je parlais à l’instant. C’est ce genre de pari que les investisseurs nationaux et internationaux doivent prendre, à bon escient, d’autant plus opportunément que le Maroc est depuis 2018, à la suite d’accords intergouvernementaux, inscrit sur l’itinéraire de la «route de la soie». Il y a désormais, un «soutènement institutionnel chinois» pour diriger les entreprises chinoises vers notre pays; notamment en termes de financements. Hormis Tanger, d’autres plateformes pourront,elles aussi, favoriser cette dynamique d’investissement où le Private Equity a toute sa place. Voilà pourquoi nous croyons que l’avenir du Private Equity est prometteur aussi bien dans notre pays que dans le reste de l’Afrique.

Pourquoi avez-vous réaménagé le prix de l’Africa Entrepreneurship Award décerné par la BMCE Bank of Africa ?
Le prix a été réaménagé en deux grandes catégories: la première se nomme désormais «Innovation». Elle rassemble les trois précédentes, à savoir «l’éducation», «l’environnement» ainsi que «le domaine inexploré». La seconde nouvelle catégorie est dédiée à «l’entrepreneuriat sportif». Cette catégorie a été érigée pour donner la possibilité aux jeunes de tout le continent résidant ou de la diaspora, de développer le business dans des domaines qui n’auraient pas forcément requis, au départ, des capacités intellectuelles élaborées. Il s’agit donc de réconcilier ou, en tous cas, de faire concourir dans deux catégories différentes, des projets relatifs à «the Brain and the Body of Africa»- BBOA- Vous savez: le sport, en fait l’économie du sport, est, en soi, un éco-système. Il requiert, pour son développement, les mêmes valeurs que pour d’autres domaines d’entrepreneuriat: le labeur, l’esprit d’initiative et d’équipe, la persévérance et la résilience… Nous sommes fiers de la physionomie des premières candidatures reçues pour la quatrième édition de notre African Entrepreneurship Award- Je rappelle que les trois premières éditions de ce prix avaient attiré, en cumulé, plus 12.500 candidats provenant de 132 pays, dont 54 africains et permit la distribution de trois millions de dollars à 33 heureux élus !

 



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