Les Cahiers des ÉCO

CIMR : La pérennité du régime de nouveau confirmée

Les résultats de la Caisse interprofessionnelle marocaine de retraite (CIMR) font état d’une bonne solidité financière. En 2017, la caisse a réalisé un excédent d’exploitation de près de 5,2 MMDH portant le montant global de la réserve de prévoyance à plus de 50,29 MMDH soit une amélioration de 12,5%. La CIMR compte désormais sur la souscription aux adhésions individuelles lancée fin 2017, qui a connu un franc succès.

La CIMR entame une nouvelle étape de son développement. La CIMR qui cumule près de 641.358 affiliés (en progression de 4,1%) – répartis entre 350.000 actifs cotisants et plus de 290.000 ayants droit – affiche de nouvelles ambitions. Avec le lancement de la nouvelle offre d’adhésion individuelle – entièrement digitalisée -, la CIMR a pu recruter en quelques mois pas moins d’environ 600 nouveaux adhérents. «Nous espérons enregistrer 3.000 souscriptions d’ici la fin d’année, accueillir plus de 5.000 nouveaux adhérents chaque année», souligne Khalid Cheddadi, pdg de la CIMR. La caisse a lancé, en effet, fin décembre 2017 une nouvelle offre dédiée aux professions libérales et indépendantes. Ce nouveau produit – qui s’inscrit dans le cadre de nombreux changements introduits par le nouveau statut de la CIMR – permet l’ouverture du régime aux personnes physiques souhaitant y adhérer à titre individuel, qu’il s’agisse d’employés indépendants, de salariés du secteur privé ou public, ou encore de personnes exerçant une profession libérale. Le produit Al Moustakbal Individuel offre la possibilité de décider de prendre sa retraite à partir de 50 ans. Le versement mensuel de la pension débute ainsi le mois suivant le départ à la retraite, ce qui permettra de soutenir la progression continue des actifs nets cotisants de la caisse. Ceux-ci ont d’ailleurs enregistré une progression moyenne annuelle de 3,5% depuis 2013. «À la CIMR, il suffit d’avoir une progression de 0,5% par an pour assurer la pérennité du régime», relève Cheddadi.

Au final, la caisse espère préserver le même rythme de progression sur les 60 prochaines années puisque les récents résultats dépassent largement l’hypothèse retenue pour l’élaboration du bilan actuariel annuel. Celui-ci fixe l’évolution minimale annuelle du nombre d’actifs sur le long terme pour en effet assurer le maintien de l’équilibre du régime. De son côté, la projection du fonds de prévoyance également réalisée dans le cadre du bilan actuariel répond aux deux critères de pérennité fixés par la charte de pilotage. Du coup, le fonds serait à son tour constamment positif sur la durée de projection et la courbe de projection est ascendante en fin de période. «Ce bilan actuariel, effectué chaque année, sert à s’assurer que le régime est pérenne et que nous sommes sur la bonne voie», explique Cheddadi. En effet, un régime de retraite reste souvent assez fragile, puisque très sensible aux variations démographiques ou économiques et financières par exemple. Une augmentation de l’espérance de vie ou des rendements plus faibles impacteraient sensiblement le régime. «Si les gens vivent plus longtemps, le régime devrait distribuer des pensions beaucoup plus longtemps. A contrario, s’il y a moins de cotisants, il y aurait moins d’entrées dans le régime et l’impact se fera aussitôt ressentir», relève le pdg.

Tous ces éléments peuvent interagir entre eux et la caisse compte ainsi s’assurer que le régime s’en sort même dans les conditions les plus défavorables. «Parce que ce qui est dangereux pour un régime en répartition, c’est qu’à un moment donné, on peut avoir l’impression que le régime est confortable – parce qu’il dégage des excédents -, mais en réalité les engagements sont tellement importants qu’après quelques années ce qui est dépensé devient beaucoup plus important que ce qui a été encaissé», souligne Cheddadi. Le régime se révèle donc solide financièrement et pérenne car porté par 2,5 MMDH de revenus financiers, en progression de 12,5%. «Très peu de caisse de retraite évoluent avec un solde technique positif», se réjouit le pdg. L’excédent d’exploitation, quant à lui, a dépassé pour la première fois la barre de 5 MMDH pour atteindre un volume global de plus de 50 MMDH. La réserve du régime continue ainsi de progresser de façon quasi exponentielle malgré un changement des méthodes comptables de la caisse. Celle-ci passe par l’introduction d’une nouvelle réserve appelée provision mathématique capitalisation. Elle s’est établie en 2017 à 20,8 MMDH. Selon le management, si son impact reste peu significatif sur les réserves globales, il a influé par contre positivement les résultats de la caisse. De ce fait, le ratio de gestion de la CIMR est ressorti à 1,38% (en baisse de 3%) grâce à une certaine maîtrise dans la gestion des risques. En effet, la caisse applique une stratégie rigoureuse vis-à-vis des entreprises en situation de retard de paiement, ce qui enclenche systématiquement le processus de radiation. En 2017, si 614 nouvelles entreprises ont adhéré au régime de la CIMR, 505 sociétés ont été par contre radiées du système. Sur un autre registre, la CIMR a liquidé plus de 10.000 pensions soit l’équivalent de 238 MDH servis. Les pensions des départs à la retraite à l’âge de 60 ans restent prédominants (57, 91% en 2017 contre 64,13% en 2016) mais les départs anticipés gagnent de plus en plus de terrain (38,14% en 2017 contre 32,05% en 2016). Les pensions par prorogation restent assez marginales à environ 3,9%.


«La table de mortalité de la CIMR n’intéresse pas les assureurs…»

Khalid Cheddadi : PDG de la CIMR, nous éclaire sur quelques points relatifs à l’activité  du régime de retrait.

Les Inspirations ÉCO : Vous espérez accueillir 5.000 adhérents individuels. Est-ce une offre dédiée principalement aux professions libérales ?
Khalid Cheddadi : Il y a beaucoup de salariés qui s’intéressent à l’adhésion individuelle. Les chiffres le démontrent. Aujourd’hui, plus de la moitié des adhérents individuels sont des salariés…Nous restons confiants par rapport à ce type de profil. Le potentiel existe puisque si on se base uniquement sur le périmètre de la CNSS, il y a 3,2 millions de salariés. Donc notre ambition de recruter 5.000 nouveaux adhérents chaque année est tout à fait faisable. Concernant les professions libérales, cela commence à prendre petit à petit même si cela reste une population beaucoup plus limitée.  

Le secteur des assurances évolue toujours avec une table de mortalité française de plus de 30 ans. Pourquoi est-ce que la table de la CIMR n’est pas prise en considération ?
La CIMR utilise à la base une table française mais qui a été adaptée à la mortalité de notre population depuis des années. Nous avons effectué des calculs actuariels un peu plus poussés qui ont permis de corriger cette table. Or, celle utilisée par les assureurs est réglementaire et imposée par l’État. Nous, on ne s’opposerait pas à un partage des tables, mais cela ne conviendrait pas aux assureurs puisque cela pourrait aggraver leurs engagements. Et par conséquent, leur coûter beaucoup plus d’argent.

Quelle est votre lecture du marché boursier actuel ?
Le marché boursier devient beaucoup plus objectif bien qu’il soit un peu cher comparé à d’autres places financières à travers le monde. Aujourd’hui, le PER du marché marocain est à 20x, ce qui est assez élevé dans l’absolu, mais quand on compare le marché boursier au marché obligataire, ces 20x de résultat s’apparentent à un rendement de 5%. Or le marché obligataire ne donne pas un rendement de ce niveau là, il est beaucoup plus faible, ce qui explique les arbitrages en faveur du marché boursier et qui fait monter les cours de certaines actions.



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