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Une nouvelle logique de développement s’impose

Mené par le département de l’Aménagement du territoire, le rapport sur les dynamiques et les disparités territoriales rejoint les conclusions de plusieurs enquêtes récentes sur le développement économique et social du Maroc. Les principaux constats et recommandations.

L’étude sur les dynamiques et disparités territoriales dont les résultats viennent d’être rendus publics pointe du doigt le maintien d’importantes inégalités tant au niveau de la richesse des territoires que de celui de leur contribution à la croissance économique nationale. La résorption de ces inégalités territoriales est tributaire d’une croissance économique beaucoup plus soutenue et du renforcement des mécanismes d’équité sociale et territoriale. Aussi est-il préconisé de procéder à une intégration effective des écarts spatiaux dans les politiques sociales et économiques destinées à remédier à la pauvreté et aux inégalités territoriales et de consolider le rôle des régions, des provinces et des communes dans la conception de ces politiques et leurs déclinaisons à l’échelle territoriale.

Le défi du développement  social et humain
La croissance économique doit prendre en considération l’approche inclusive. Comme il est clairement souligné par l’étude qui a porté sur la période 1999/2014, la croissance économique peut s’accompagner de performances médiocres en matière de développement humain et social. Les cas les plus éloquents sont ceux du Grand Casablanca et de Tanger. Les disparités régionales ne sont pas en reste comme en témoigne l’approche en termes d’années de retard de développement. Pour le PIB/tête, l’écart entre la région la plus avancée, Dakhla Oued Eddab, et la région la plus pauvre, Drâa Tafilalet, est de 43 ans. Pour la moyenne d’années de scolarisation, l’écart entre la région la plus avancée, Laâyoune-Sakia El Hamra et les deux régions les plus en retard, Marrakech-Safi et Béni Mellal-Khénifra est de 16 ans. Dans l’ancien découpage, les difficultés se concentrent sur cinq régions : Taza Al Hoceïma-Taounate, Tadla Azilal, Gharb-Chrada-Beni Hssen, Marrakech-Tensift-Al Haouz, Souss-Massa-Drâa. Dans le nouveau découpage, elles s’accumulent sur trois régions : Drâa-Tafilalet, Beni-Mellal-Kénifra et Marrakech-Safi.

Urbanisation décousue
Les territoires sont face à de nouveaux défis. La croissance a été accompagnée par la constitution d’un système urbain, avec un taux d’urbanisation qui a doublé entre 1960 et 2014, passant de 29,1% à 60,3%. Il en ressort une urbanisation «décousue» marquée par une métropolisation à plusieurs vitesses, des villes moyennes qui ont du mal à jouer un rôle d’équilibre et à polariser leur territoire et de petites villes qui restent généralement cantonnées dans un rôle d’encadrement administratif. Par ailleurs, les territoires devront s’adapter aux effets du réchauffement climatique pour éviter nombre de problématiques notamment le risque de dépeuplement de certaines localités au sud comme la région de Drâa-Tafilalet. Ces localités doivent bénéficier, aussi bien dans le cadre des plans d’aménagement du territoire que dans celui de la solidarité entre régions, de mesures à même de maintenir les populations en luttant contre la désertification, la sécheresse et l’enclavement. Le développement numérique pourrait être une piste de lutte contre les disparités grâce, entre autres, au développement du télétravail, de la télémédecine ou à son apport dans le transport à la demande.

Justice territoriale
Pour atteindre la justice territoriale, l’étude plaide pour la mise en place d’une stratégie de développement des villes et des métropoles qui entend en parallèle donner à chaque individu des chances égales dans tous les territoires et permettre à chaque territoire des capacités de développement propres en rapport avec ses atouts et ses spécificités en insistant sur le fait que l’avenir de chaque territoire dépend de sa capacité à bien gérer ses propres ressources, tout en assurant un épanouissement de ses habitants. Il s’agit de promouvoir l’égalité des chances à travers le territoire en réduisant les inégalités extrêmes. Il est aussi recommandé de faire évoluer les politiques publiques en dégageant les priorités. Il est également préconisé de faire émerger l’acteur essentiel qu’est la ville à travers la combinaison de trois modèles : une croissance basée sur les marchés et les économies d’agglomération favorisant les métropoles, des politiques publiques promouvant des réseaux de villes moyennes au nom de l’équité territoriale ainsi que des initiatives locales relayées par l’État et les régions promouvant les petites villes et les territoires les plus fragiles. En outre, il s’avère on ne peut plus nécessaire de faire évoluer les plateformes industrielles.  


Quelle capacité de résilience pour le milieu rural ?

En milieu rural, l’agriculture reste encore l’activité dominante. Selon l’étude sur les dynamiques et les disparités territoriales, le maintien d’un monde rural important (près de 40% de la population marocaine et près de 50% de la population active occupée de 15 ans et plus en 2014) montre qu’on est encore loin de la transition qu’ont connue les pays développés où l’agriculture ne peut plus être l’activité dominante et est amenée à cohabiter avec des activités différentes débouchant ainsi sur des opportunités de développement et sur des créations d’emplois. Ainsi, une politique de diversification de la production agricole s’impose. Les pouvoirs publics sont appelés à s’orienter vers une autre logique de développement qui nécessite une diversification des activités en milieu rural qui doit prendre appui sur de petits centres urbains assurant la création de richesses en dehors de l’agriculture. Certains évoquent la nécessité d’une «politique d’urbanisation du rural».



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