Maroc

Le « chaos » en chiffres

Faible qualification de la main-d’œuvre, mode précaire d’insertion dans le marché du travail, monde du travail peu organisé et faiblement protégé, disparités régionales… Autant de constats de l’Enquête nationale sur l’emploi dont les résultats viennent d’être rendus publics par le HCP.

De nouvelles thématiques ont été introduites, en 2017, à l’Enquête nationale sur l’emploi pour appréhender certains aspects des conditions sociales de la population marocaine, particulièrement celle en âge d’activité. Son échantillon a été élargi de 60.000 à 90.000 ménages. Il en ressort que le monde du travail est faiblement organisé et peu protégé. À peine deux actifs occupés âgés de 15 ans et plus sur 10 bénéficient d’un système de retraite. 96,7% ne sont pas affiliés à une organisation syndicale ou professionnelle et 77,5% ne bénéficient pas d’une couverture médicale. Plus encore, près des deux tiers des salariés (65%) ne disposent pas de contrat formalisant leur relation avec leur employeur.

Par ailleurs, la main-d’œuvre est peu qualifiée et le mode d’insertion dans le marché du travail demeure précaire en 2017. En effet, 58,6% des actifs occupés âgés de 15 ans et plus n’ont aucun diplôme, 27,9% un diplôme de niveau moyen et 13,5% de niveau supérieur. De même, plus du quart des actifs occupent un emploi précaire, soit non rémunéré pour 18,6% de la population active occupée, soit occasionnel ou saisonnier pour 8,7%. L’enquête du HCP révèle une perception mitigée des actifs occupés sur leur emploi. Près d’un actif occupé sur cinq n’est pas satisfait de son emploi et veut le changer.

Chômage élevé chez les jeunes diplômés

S’agissant du taux de chômage, il s’est accru de 9,9% à 10,2% au niveau national, soit 49.000 personnes de plus, toutes enregistrées en milieu urbain, portant leur effectif global à 1.216.000 au niveau national. Ce taux est passé de 14,2% à 14,7% en milieu urbain et stagne à 4% en milieu rural. Sans surprise, les taux les plus élevés ont été enregistrés parmi les jeunes âgés de 15 à 24 ans (26,5% au niveau national et 42,8% en milieu urbain) et parmi les détenteurs d’un diplôme de niveau supérieur (23,3%).

Les femmes souffrent aussi beaucoup des affres de ce fléau avec un taux atteignant 14,7%. La faible participation des femmes au marché du travail est une problématique de taille. La majorité des femmes en dehors du marché de travail sont des femmes au foyer (76,6%) et des élèves ou étudiantes (13,4%). 52,7% des femmes sont en dehors du marché du travail pour des raisons liées à la nécessité de s’occuper des activités domestiques ou prendre soin des enfants, 18% préfèrent ne pas travailler et 8% en raison du refus du mari. L’accès des femmes en dehors du marché du travail disposées à travailler pourrait améliorer le taux d’activité national de 4,3 points, mais aussi celui des femmes de 8,5 points.

Disparités régionales

L’enquête confirme les disparités régionales en termes d’activité et d’emploi. Cinq régions concentrent près des trois quarts (72,4%) du volume total de l’emploi. Il s’agit de Casablanca-Settat (22,4%), de Marrakech-Safi (13,8%), de Rabat-Salé-Kénitra (13,5%), de Fès-Meknès (11,6%) et de Tanger-Tétouan-Al Hoceima (11,1%).

Le taux d’activité le plus élevé en milieu urbain est relevé dans la région d’Eddakhla-Oued Eddahab (57,4%), dépassant la moyenne urbaine de 15 points. Elle est suivie par Casablanca-Settat (45,8%). En queue de peloton arrive la région de Draâ-Tafilalet qui affiche le concours le plus faible à l’activité avec un taux de 35,5% soit 6,9 points de moins que la moyenne urbaine. En milieu rural, Casablanca-Settat arrive en tête avec un taux d’activité de 66,2%, dépassant la moyenne nationale rurale de 12 points.

Au niveau de toutes les régions, l’accès au marché du travail est plus important en milieu rural qu’en milieu urbain.

Cinq régions regroupent près de trois quarts de l’effectif global de l’emploi (72,4%): Casablanca-Settat (22,4 %), Marrakech-Safi (13,8 %), Rabat-Salé-Kénitra (13,5%), Fès-Meknes (11,6 %) et Tanger-Tetouan El Hoceima (11,1%). Par ailleurs, plus de huit chômeurs sur 10 sont concentrés dans six régions: Casablanca-Settat, Rabat-Salé-Kénitra, l’Oriental, Fès-Meknès, Marrakech-Safi et Tanger-Tétouan-El Hoceima.

L’enquête du HCP jette la lumière aussi sur les entrepreneurs au Maroc dont la quasi-totalité sont des travailleurs indépendants, de sexe masculin et de faible qualification. Leur nombre s’élève à 3.668.000 personnes, ce qui constitue 34,3% de l’ensemble des actifs occupés âgés de 15 ans et plus.

Quant aux immigrants au Maroc, leur situation au sein du marché du travail est quasi-similaire à celle de l’ensemble de la population avec un taux d’activité de 48,9% et 46,7% respectivement. Ce taux atteint 64,2% parmi les hommes et 25,5% parmi les femmes.

Le secteur des services attire la majorité des immigrants puisqu’il accapare, à lui seul, 78,5% de la main-d’œuvre immigrante suivi du secteur du bâtiment et des travaux publics (12,0%).

 

Encadré

Emploi: Polémique sur les chiffres

Le HCP défend sa méthodologie dans l’élaboration des statistiques nationales, quelques jours après la publication par le ministère de l’Industrie des résultats d’une étude sur l’emploi dans le secteur industriel qui s’avèrent très éloignés de ceux du Haut-commissariat au plan. Alors que l’organisme chapeauté par Ahmed Lahlimi fait état de la création uniquement de 7.000 emplois dans le secteur de l’Industrie (y compris l’artisanat) en 2017, le département de Moulay Hafid Elalamy recense quelque 89.884 postes d’emplois. Un grand écart expliqué, par certains spécialistes, par la différence dans les méthodes de calcul entre les deux parties ainsi que l’angle de traitement du dossier et les indicateurs adoptés. Le ministère de l’Industrie s’est basé sur une approche économique en axant son étude relative à la création des opportunités d’emploi dans le secteur sur les données «certifiées» de la CNSS, de l’Office des changes et de la Direction générale des impôts alors que le HCP a une autre approche prenant en considération des indicateurs socio-économiques. Le haut commissaire au plan, Ahmed Lahlimi, compte revenir sur le sujet durant les jours qui viennent. C’est en tout cas ce qu’il a assuré en marge de la conférence que le HCP a tenue, mercredi dernier, pour la présentation des principaux résultats relatifs aux nouvelles thématiques couvertes par l’Enquête nationale sur l’emploi.

 

 



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