Monde

Facebook confronté à la campagne de boycott «#deletefacebook»

Facebook fait face à une campagne de désabonnements baptisée #deletefacebook (Quittezfacebook). Ce dernier a chuté en Bourse, malgré des excuses. Pour cause : le réseau social bleu est mis en cause dans les révélations sur l’utilisation indue des données de millions d’usagers.

Ayant constaté que Facebook était vilipendé de toute part, le patron-fondateur Mark Zuckerberg a fini par sortir mercredi de son silence et formuler un mea culpa très attendu, après plusieurs jours d’intense polémique.

«Cela a constitué un abus de confiance très important et je suis vraiment désolé de ce qui s’est passé. Notre responsabilité est de faire en sorte que cela ne se reproduise pas», a déclaré le patron du réseau social dans une interview mercredi soir sur la chaîne CNN.

Il a aussi dit qu’il n’était pas opposé à plus de régulation des entreprises technologiques, et qu’il était d’accord pour venir témoigner devant le Congrès américain. Il a promis des améliorations quant à la protection des données personnelles, en particulier pour les applications tierces auxquelles on se connecte via son compte Facebook.

C’est à travers une application de ce type que des données confidentielles de dizaines de millions de personnes ont fini aux mains de la firme britannique Cambridge Analytica à leur insu. Le numéro deux de Facebook, Sheryl Sandberg, a elle aussi exprimé des regrets mercredi.

Facebook et ses actionnaires ont déjà laissé des plumes dans ce scandale : mercredi, le titre s’échangeait à moins de 170 dollars, soit une baisse d’environ 8% par rapport à vendredi, même si la chute s’est interrompue mercredi. Un recul qui se traduit par des milliards de dollars en moins en termes de valorisation boursière.

Et malgré les excuses, la colère contre Facebook, qui revendique plus de 2 milliards d’utilisateurs, reste manifeste.

Brian Acton, cofondateur de la messagerie WhatsApp rachetée à prix d’or en 2014 par Facebook, a joint sa voix à celle de nombreux internautes et appelé à quitter le réseau social. «Il est temps. #deletefacebook», a écrit sur son compte Twitter M. Acton, qui travaille désormais pour Signal, une application de messagerie rivale de WhatsApp. «Effacer et oublier. Il est temps de se soucier de la vie privée», a-t-il ajouté.

 

«Désactiver son compte » comme solution ?

Plusieurs sites internet proposent des astuces pour se désabonner, avertissant toutefois que le processus est complexe. Facebook propose une option «désactiver» son compte, pour suspendre temporairement ce dernier. Le journal de l’utilisateur ne sera plus disponible mais certaines informations comme les messages envoyés resteront visibles.

Si on opte pour «supprimer», plus moyen de réactiver son compte. Les messages envoyés à des amis resteront accessibles. Les copies de certains éléments (historiques de connexion…) restent également dans la base de données de Facebook.

La suppression définitive du compte peut prendre jusqu’à 90 jours mais, durant cet intervalle, les informations ne sont plus accessibles. Si l’utilisateur se reconnecte, la demande de suppression est annulée, prévient Facebook. Les candidats au désabonnement se servant de Facebook pour se connecter sur d’autres applications ou d’autres sites peuvent par ailleurs connaître des problèmes au moment de s’identifier.

Mercredi, il était difficile de savoir si les appels aux désabonnements étaient suivis et le nombre de personnes ayant effectivement quitté le réseau.

Pour Roger McNamee, un célèbre investisseur de la Silicon Valley et un des premiers actionnaires de Facebook, la crise actuelle a fait une victime importante: la confiance placée dans le réseau social par ses utilisateurs, clé du succès de la société. Ce qu’ont reconnu mercredi les responsables de Facebook, évoquant un « abus de confiance ».

« Le problème c’est le mépris insensé pour les droits des utilisateurs à la vie privée et une indifférence vis-à-vis du respect des données qu’ils ont confiées à Facebook », a déploré M. McNamee sur la radio américaine NPR.

« J’ai bien peur qu’il y ait un problème systémique avec les algorithmes et que le modèle économique de Facebook permette à de mauvais acteurs de nuire à des utilisateurs innocents de Facebook », a regretté l’investisseur.

Des cabinets d’avocats américains ont déjà annoncé mercredi avoir déposé des plaintes et recours en nom collectif (« class action ») au nom de citoyens et d’actionnaires. Celles-ci doivent toutefois encore être acceptées par un juge pour être instruites.

Plusieurs enquêtes ont été ouvertes aux Etats-Unis par des régulateurs, et les procureurs de New York et du Massachusetts.

 



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