Enfin un accord entre le SPD et la CDU
Après des mois de tractations et de négociations, de refus et de coopération, une étape décisive a été franchie dans le processus qui doit déboucher sur la formation d’un nouveau gouvernement en Allemagne. Plus de quatre mois après les élections législatives du 24 septembre 2017, les conservateurs (CDU-CSU) et les sociaux-démocrates (SPD) ont mis un point final aujourd’hui au «contrat de coalition» qui détaille la politique qu’ils entendent mener ensemble dans les quatre prochaines années. Ils se sont aussi mis d’accord sur la répartition des portefeuilles ministériels. Selon plusieurs médias, le SPD, partenaire dit «junior» de la future coalition (il a obtenu 20,5% des voix aux législatives, contre 33% pour la CDU-CSU) aurait ainsi fini par obtenir trois ministères-clés après plus de 20 heures de discussions ininterrompues : les finances, les affaires étrangères ainsi que le travail et les affaires sociales.
Si c’est confirmé, ce serait une victoire pour Martin Schulz, le chef de file des sociaux-démocrates. Dans la «grande coalition» sortante, les finances étaient aux mains de Wolfgang Schäuble (CDU), dont l’ancien président du Parlement européen avait fait sa bête noire pendant sa campagne électorale, il y a quelques mois. Pour que ce contrat de coalition débouche sur la nomination d’un gouvernement, une condition reste à remplir : que les adhérents du SPD donnent leur feu vert. Telle est en effet la question qui va tenir l’Allemagne en haleine dans les prochaines semaines : que va décider la base du parti ? Participer, pour la troisième fois depuis 2005, à une «grande coalition» emmenée par la chancelière conservatrice Angela Merkel ? Ou faire, au contraire, le choix de l’opposition, mais au risque de provoquer de nouvelles élections ? En effet, des 600 délégués du SPD seulement 56% ont estimé que le préaccord qui venait d’être scellé avec les conservateurs était suffisamment acceptable pour que les négociations se poursuivent. Par ailleurs, il n’a échappé à personne que le plaidoyer de M. Schulz en faveur d’une grande coalition avait été beaucoup moins applaudi que la philippique de Kevin Kühnert, le leader des «Jusos» (jeunes socialistes), contre une telle alliance.
En Allemagne, c’est donc une nouvelle campagne qui commence. Une campagne interne au SPD, certes, mais dont l’issue sera décisive pour l’avenir du pays et celui de l’Europe. Pour la conduire, les avocats d’une «grande coalition» n’ont pas la partie facile. Martin Schulz est le premier. Au soir des législatives, il avait fermé la porte à une nouvelle alliance avec les conservateurs. Deux mois plus tard, après que ces derniers ont échoué à former un gouvernement avec les libéraux-démocrates et les écologistes, il a changé d’avis. Pour faire oublier cette volte-face, qui a sérieusement écorné son autorité en interne, il doit maintenant convaincre sa base que l’accord qu’il a négocié avec la CDU-CSU est honorable.