Investissement : L’écologie gagne du terrain
89% des 741 internautes ayant répondu au sondage de FLM ont annoncé intégrer la dimension écologique dans l’investissement. À l’opposé, 11% ne l’intègrent pas dans leurs décisions. En effet, l’écologie n’est plus un luxe ou une préoccupation éthique, mais désormais un paramètre financier selon trois principaux éléments. Il s’agit du risque de sanctions en cas d’implication d’une entreprise dans une infraction écologique. Aussi, on retrouve le cas de difficultés de refinancement en cas d’exercice d’une activité peu respectueuse de l’environnement. Enfin, pour certains acteurs, il faut anticiper les besoins des clients bien engagés dans un processus de respect de l’écologie.
C’est le cas d’ADM qui a annoncé la mise en place de bornes de recharge électrique dans les stations durant le 1er trimestre 2018 sur l’axe Tanger-Agadir. L’extension au reste du réseau se fera progressivement. ADM anticipe, donc, l’essor de véhicules électriques qui auraient pu contourner les autoroutes en cas d’existence d’une offre de recharge alternative sur le réseau routier classique. Au niveau du refinancement, nous pouvons notamment penser à l’essor des green bonds qui amènent les banques à ne financer, via ces levées, que des projets écologiquement soutenables. C’est l’exemple de la Banque Centrale Populaire qui a bouclé la souscription d’un green bond pour un montant total de 135 millions d’euros. Les fonds levés à travers cette émission sont destinés à refinancer des projets d’énergie renouvelable marocains présentant des avantages environnementaux qui visent notamment à réduire les émissions de gaz à effet de serre. À l’international, la même tendance est sur les rails, comme le montre la décision de BNP Paribas. En effet, après la réduction de son soutien au secteur du charbon, le groupe avait pris de nouvelles mesures avec, notamment, l’arrêt du financement du gaz et du pétrole de schiste et/ou de pétrole issu des sables bitumineux. Aussi, au niveau de l’actionnariat, Norges Bank, qui gère le fonds souverain norvégien, a annoncé sortir du gaz et du pétrole même si ses ressources proviennent des hydrocarbures.
Au Maroc, plusieurs sociétés semblent anticiper ces changements, en s’engageant spontanément dans des stratégies de basculement vers la consommation d’énergie renouvelable ou en sollicitant une notation ou un label dans la matière. Quant aux sanctions, l’épisode de Volkswagen est encore frais car le constructeur allemand a annoncé récemment s’attendre à une charge exceptionnelle de 2,5 milliards de dollar au troisième trimestre en raison du rappel plus compliqué que prévu de ses moteurs diesel truqués aux États-Unis. Bien avant, Volkswagen avait estimé à 15 milliards de dollars le montant nécessaire pour solder l’épisode de triche aux moteurs diesel. Aussi, pour ne pas avoir à subir des sanctions similaires, PSA doit faire basculer plus rapidement que prévu les modèles Opel et Vauxhall sur sa propre technologie afin de respecter le plafond européen en matière d’émissions de CO2 (-30% d’émissions d’ici 2030). Ceci a d’ailleurs amené PSA à réclamer auprès de l’ancien propriétaire d’Opel, General Motors, une indemnisation de près 500 millions d’euros. C’est dans ce contexte qu’ExxonMobil, le plus grand groupe pétrolier et gazier coté au monde, va commencer à publier des rapports sur l’impact possible des politiques climatiques sur ses activités. En effet, lors de l’AG annuelle d’Exxon en mai dernier, des actionnaires contrôlant environ 62% du capital ont soutenu une proposition déposée par un groupe d’actionnaires dirigé par le fonds de retraite des employés de l’État de New York demandant une évaluation annuelle de l’impact des changements technologiques et climatiques. Cette évaluation permet ainsi d’évaluer le risque encouru par les investisseurs.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Pourquoi se préoccuper de l’écologie dans un investissement?
L’investisseur doit prendre en compte le fait que les préoccupations écologiques influencent fortement les nouvelles normes réglementaires. Bien avant la période actuelle, la Samir avait été obligée d’investir une dizaine de milliards de DH pour se conformer aux normes du gasoil en termes de teneur en soufre. Ces considérations se traduisent donc parfois par des investissements supplémentaires, des restrictions de vente ou des difficultés de levée de fonds.
Comment gérer ce risque écologique au niveau des investisseurs?
Comme pour ExxonMobil, les institutionnels et les gérants d’OPCVM peuvent peser davantage au niveau des AG pour exiger des émetteurs des rapports environnementaux qui recensent les engagements pris en la matière ainsi que les risques potentiels. À défaut -ou en parallèle- les investisseurs peuvent établir une charte d’investissement que les émetteurs doivent respecter à défaut de désinvestissement.