Le financement participatif pour relancer le secteur ?
Face à la conjoncture morose, les professionnels tablent sur un mode de financement plus flexible pour attirer la clientèle.
Alors que le cabinet Kantar TNS a refroidi les opérateurs de finance islamique quant à leur capacité à drainer de la clientèle via les canaux de communication traditionnels, les professionnels de l’immobilier se sont quant à eux réunis vendredi 8 décembre afin d’analyser l’impact de ce nouveau secteur sur le marché immobilier. En s’appuyant sur des politiques publiques ciblées et accompagnées par le système bancaire, l’immobilier a eu un impact direct sur la croissance économique et génère des effets d’entraînement significatifs sur l’économie nationale.
Le secteur participe à hauteur de 6,3% au PIB et fait appel à plusieurs corps de métiers, ce qui en fait un excellent secteur créateur d’emplois et de valeur ajoutée. Néanmoins, ce secteur se heurte à de nombreux obstacles qui ralentissent son développement, y compris celui de financement, auxquels les opérateurs sont confrontés dans l’exécution de leurs projets ou lors de l’octroi des prêts hypothécaires à leurs clients, en effet, les crédits bancaires ne couvrent que 14% des sources de financement des logements au niveau national et la finance participative est une alternative à fort potentiel. D’où la nécessité de s’orienter vers un mode de finance flexible qui peut être utilisé pour un large éventail de financements immobiliers, c’est le propos de finance participative.
En effet, la finance participative, qui représente aujourd’hui près de 2.000 milliards de dollars dans le monde, avec un taux de croissance annuel moyen de 15%, s’affiche comme une véritable alternative aux structures conventionnelles basées sur l’intérêt. C’est ainsi que la loi 103-12 a introduit un cadre légal et réglementaire pour l’encadrement de l’activité de commercialisation des produits et services de banques participatives. Elle évoque aussi les mécanismes de refinancement que pourrait utiliser la banque participative, ainsi que les nouvelles fonctions qui seront liées à ce métier, notamment celle d’auditeur interne, ou encore le lien établi avec le Conseil supérieur des Oulémas (CSO). Ce dernier sera le seul habilité à se prononcer sur la conformité des contrats proposés aux Marocains. Se pose alors la question de l’essor des banques participatives ainsi de l’impact du financement participatif sur le secteur immobilier. En effet, force est de constater, que le secteur immobilier s’adapte parfaitement aux exigences éthiques de cette finance à caractère morale.
À vrai dire cette dernière, offre une panoplie de techniques juridiques allant du simple au plus complexe permettant l’accès au logement et l’investissement immobilier.Cependant, selon les spécialistes de l’environnement financier et réglementaire, n’est pas encore achevé. Juste après avoir reçu la convention-type de comptes à vue et le modèle des contrats mourabaha, deux banques islamiques ont annoncé le démarrage effectif de leurs activités, ces deux documents ayant été approuvés par le Comité sharia pour la finance participative (CSFP) du Conseil supérieur des oulémas (CSO) et transmis par Bank Al-Maghrib aux banques via leur groupement professionnel. Mais, ces contrats-types, selon les juristes de la place «ne permettront aux banques participatives que d’activer les opérations de base, soit l’ouverture de comptes à vue, les opérations de dépôts et de retraits, essentiellement». Ainsi ces banques participatives «ne peuvent rien vendre» et le seul produit qu’elles peuvent proposer à leurs clients est la Mourabaha, terme arabe signifiant littéralement «profil commun» ou «co-profit», qui dans la finance islamique remplace l’intérêt bancaire, assimilé à l’usure interdite en islam. L’écosystème de la finance participative sera complété prochainement par les produits Takaful. En attendant la mise en marché de ces produits, Umnia Bank propose ses financements immobiliers sans imposer la souscription à une assurance aux clients afin de garantir la conformité totale de ses produits. «Il y a lieu de souligner le rôle primordial des notaires en tant que garants de la conformité des opérations de financement, qui se chargent des étapes de l’opération de financement Murabaha depuis la mise en vente du bien jusqu’à la réalisation du contrat de vente et la signature de l’acte notarié», explique Abdellatif Yagou, président du Conseil national des notaires.