Les Cahiers des ÉCO

Bâtiment : Pourquoi construire durable ?

Le cluster EMC a présenté les résultats de son étude sur la construction durable. Ces derniers  seront diffusés  auprès des professionnels du bâtiment. Objectif : entamer des discussions pour la mise en place d’une stratégie nationale capable d’insuffler une dynamique à cette filière très porteuse.

C’est une première au Maroc : le cluster Efficacité énergétique des matériaux de construction (EMC) a mené une étude sur le thème de la construction durable. Les résultats de cette étude, qui s’est focalisée sur le positionnement de la filière de la construction durable dans le secteur du bâtiment, ont été présentés jeudi dernier à Casablanca, en marge de la cérémonie de remise des Green Solutions Awards qui ont consacré les Faubourgs d’Anfa, Sol House Taghazout Bay et l’Eco-city Zenata (Voir encadré). «Cette étude, que nous avons confiée au Bureau Veritas Maroc, et qui a été menée sur la période 2009-2015, s’inscrit dans la perspective de la mise en œuvre du plan d’efficacité énergétique visant à réduire la consommation d’énergie dans le secteur du bâtiment de 20% à l’horizon 2030. Elle expose les perspectives de la filière de la construction durable au Maroc ainsi que les possibilités de développement de solutions constructives d’efficacité énergétique», souligne Rachid Naanani, le président du cluster EMC. Les résultats de cette étude seront dans un avenir proche largement diffusés auprès des opérateurs. Une action visant à les aider à anticiper les exigences du marché du bâtiment et à mieux répondre aux normes de confort qui se mettent progressivement en place dans le royaume.

Avant de vous exposer les résultats et les recommandations de cette étude, sachez qu’elle a été menée auprès d’un échantillon de 1.200 professionnels du bâtiment répartis sur tout le territoire national, parmi lesquels des architectes, des promoteurs immobiliers, des entreprises de travaux, des bureaux d’études et des laboratoires de contrôle. Sachez aussi qu’elle a été menée suivant un canevas composé de trois parties distinctes. Une première partie portant sur la définition de la construction durable, son intérêt et ses étapes. Une seconde partie sur l’état des lieux de la construction durable à l’échelle internationale avec un benchmark des acteurs, labels & normes, stratégies, matériaux et système énergétique. Et une troisième et dernière partie sur l’état des lieux de la construction durable à l’échelle nationale avec des études de cas et projets existants, une liste des normes et labels marocains existants, une présentation du cadre réglementaire de la construction et l’énergie au Maroc et des recommandations.

La construction durable également dénommée ecoconstruction ou encore green building, c’est toute construction ou rénovation qui, tout en assurant la qualité de vie des occupants, maîtrise ses impacts sur l’environnement et assure une performance énergétique optimale, en utilisant autant que possible les énergies renouvelables et les ressources naturelles et locales. Au Maroc, l’étude montre que cette filière a quand même un existant. Au niveau institutionnel, elle compte déjà plusieurs acteurs parmi lesquels on peut notamment citer le Moroccan Green Building Council, l’Agence marocaine de l’efficacité énergétique (AMEE-Ex ADEREE), l’Alliance marocaine pour le climat et le développement durable (AMCDD), le cluster EMC, l’Association «Pour un Maroc Vert», le Centre méditerranéen pour l’environnement et le développement (CMED) et la plateforme Construction21. Au niveau normatif et réglementaire aussi, plusieurs dispositions ont été mises en place. En effet, depuis 2009, l’IMANOR (Institut marocain de normalisation) a conçu plusieurs normes relatives aux matériaux de construction. Il y a par exemple la norme 10.1.008 sur les spécifications techniques du béton durable qui a inspiré certains fabricants locaux. L’AMEE a également mis en place le RTCM (Règlement technique de la construction au Maroc) et a même créé un logiciel dénommé Binayate pour en faciliter l’application par les professionnels. Au niveau des initiatives, il y a également de plus en plus de réalisations qui se font au Maroc suivant le respect des exigences de la construction durable.

Parmi ces réalisations, on peut citer le projet démonstratif réalisé par l’AMEE pour expérimenter quelques matériaux locaux dans le cadre du RT/«Binayate», le Logement à énergie positive (LEP) du cluster EMC, le projet de mosquée verte, lancé par le ministère des Habous et des affaires islamiques, en partenariat avec la GIZ, l’étude de mise en place d’un laboratoire d’essais et d’études sur les matériaux de construction effectuée par l’ADEME (Agence française de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie) pour le compte de l’AMEE, la mise en place d’une réglementation acoustique confiée au LPEE (Laboratoire public d’essais et d’études) par le ministère de l’Habitat, ainsi que des salons et événements… Bref, il faut retenir que parmi les projets recensés dans la construction durable au Maroc, 33% relèvent du résidentiel, 20% de l’hôtellerie, 17% de bureaux, 7% de projets urbains, 6% d’établissements scolaires.

Maintenant, venons-en aux résultats ! Suite à l’administration du questionnaire, 70% des entreprises ayant répondu pensent que la construction durable est une nécessité, contre 30% qui persistent à croire que c’est plutôt un choix. Près de 72% des bureaux d’études affirment qu’ils ont déjà opté pour une conception durable dans leurs projets. Près de 90% de ces bureaux d’études déclarent également utiliser les réglementations et normes relatives à la construction durable dans leurs projets. 90% d’entre eux mènent parfois des études de l’impact environnemental de leurs projets et seulement 5% le font systématiquement. Seuls 25% des BET ayant répondu cherchent toujours des solutions pour réduire la facture énergétique de l’utilisateur final du bâti. Du côté des laboratoires de contrôle, 55% d’entre eux affirment que la consommation énergétique prévue pour une construction ne fait pas l’objet d’un contrôle. Seules les dispositions techniques de l’installation des systèmes CVC et décrites par les normes telles que l’ASHRAE et les normes françaises, sont contrôlées. Plus de 91% pensent que c’est parce qu’il n’est pas encore pénalisant que le Règlement thermique de la construction au Maroc n’est toujours pas appliqué dans l’ensemble des projets.S’agissant des entreprises de travaux, 65% d’entre elles déclarent qu’elles utilisent des matériaux sains et qu’ils le font dans la plupart des cas pour se conformer aux marques des matériaux de construction spécifiées par le maître d’ouvrage. 60% d’entre elles ont déclaré avoir réalisé des projets qui ont été certifiés HQE ou LEED. Et 80% de ce groupe d’opérateurs trouvent que les démarches environnementales (amélioration de la qualité des travaux, de la sécurité, etc…) améliorent la qualité des travaux même si elles les retardent. Concernant les promoteurs immobiliers, la plupart d’entre eux affirment que la qualité des travaux de finition figure en premier degré parmi les critères de choix d’un logement. Tous affirment cependant qu’ils n’ont jamais fait une étude d’impact environnemental de leurs projets parce qu’ils ignorent l’utilité d’une telle étude. Par ailleurs, peu d’entre eux s’investissent dans les systèmes de certification qu’ils voient plutôt comme une entrave à leurs activités. Malgré tout, 50% des promoteurs se disent disposés à construire dans l’avenir des bâtiments durables pour bien agir envers l’environnement. Il est ressorti de cette étude que la construction durable occupe une place très faible dans le secteur du bâtiment au Maroc.

En effet, seuls 25% des maîtres d’ouvrage acceptent des solutions d’efficacité énergétique proposées par les concepteurs. Aussi pour inverser la vapeur et insuffler une dynamique à cette filière très porteuse à long terme, l’étude recommande d’une part, de continuer à agir sur sept (7) volets : la réglementation et normalisation ; l’échange, la sensibilisation et l’information ; la recherche-développement ; l’accompagnement et le développement des compétences ; l’élargissement du réseau d’ONG ; la multiplication des lignes de financement et la promotion de partenariats. Et d’autre part de réfléchir à la mise en place d’une stratégie nationale sur la construction durable !


Remise des prix du Green Solution Awards

Le jeudi 28 septembre, l’Association Construction21, logée au cluster EMC, a organisé la cérémonie officielle de remise des prix nationaux du concours Green Solutions Awards 2017. À cette occasion, le prix «Grand prix construction durable» a été conjointement attribué à l’Eco-city Zenata et à la Société d’aménagement et de promotion de la station de Taghazout pour son projet Sol House Taghazout Bay. Cette dernière, filiale de CDG Développement, de la FMDT, d’Akwa Group de la SMIT, a également remporté le prix «Bâtiment santé et confort». Bouygues Immobilier Maroc a été elle aussi doublement distinguée : son tout premier projet immobilier dans le royaume dénommé «Les Faubourgs d’Anfa» a raflé les prix «Bâtiment bas carbone» et «Coup de cœur des internautes». Ces projets représenteront le Maroc à Bonn en novembre prochain dans la phase internationale du concours Green Solutions Awards, qui aura lieu en marge de la COP23.


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Évolution des prix des fruits et légumes à Casablanca



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