Maroc

Investir dans un club de football, pourquoi pas ?

70% des 776 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm, ont annoncé ne pas être prêts à placer leur argent dans un club de football. C’est une majorité, car seuls 30% des investisseurs sont favorables à cette idée d’investissement. Globalement, il s’agit d’une position proche du sondage réalisé en octobre 2016, où seuls 26% des 596 internautes Flm, étaient favorables à la cotation des clubs marocains de football en Bourse.

En effet, cette possibilité d’investir dans un club marocain va exister, car le basculement des clubs professionnels en S.A. sportive est imminent dès la publication d’un décret fixant le seuil de transformation de l’association en société. En particulier, avant la saison 2019-2020, chaque association sera obligée de créer, pour l’activité professionnelle, une S.A. dans laquelle elle doit détenir au minimum le tiers du capital. Cette S.A. sera en charge de la gestion de l’activité professionnelle. Ainsi, en fonction de la stratégie retenue, les clubs professionnels vont ouvrir leur capital à leurs adhérents, à des groupes financiers ou à des investisseurs étrangers. D’ailleurs, des rumeurs ont déjà évoqué un intérêt d’un groupe énergétique de renom pour le Hassania d’Agadir. Aussi, un groupe financier et un promoteur immobilier ont été annoncés, par la presse, comme des investisseurs potentiels au Raja. En effet, contrairement aux apparences, le sport professionnel est, avant tout, un business. D’ailleurs, Jacques-Henri Eyraud, le nouveau président de l’OM en France, a déclaré que le sport est une industrie et non de l’artisanat.

Aussi, si l’activité sportive a ses spécificités, elle doit obéir aux règles communes du business. Il faut dire que le football professionnel est une industrie à mi-chemin entre le spectacle, les médias et le marketing. Ainsi, un club peut dégager des revenus réguliers notamment via la billetterie, le sponsoring, le naming des stades, le merchandising, les ventes de contrats de joueurs et les droits de télévision. Ces recettes récurrentes peuvent dégager des bénéfices quand le club maîtrise ses dépenses courantes comme la masse salariale des joueurs et des entraîneurs ainsi que les amortissements des transferts de nouveaux joueurs. Parfois, les clubs sont aussi rentables grâce à des investissements dans les infrastructures sportives. Ainsi, Jean-Michel Aulas, le président de l’OL, avait indiqué que le monde du football est passé des revenus volatiles à des revenus récurrents en partie. Surtout, le stade/outil production peut être amorti sur 30 à 35 ans, ce qui laisse la place même à des accidents sportifs.

D’ailleurs, des financiers qui ont le flair, ne se sont pas trompés en dégageant des plus-values grâce à l’investissement dans un club de football. Ainsi, selon nos calculs, Colony Capital a doublé sa mise dans le PSG en 6 ans, sans compter les gains immatériels, sachant que le fonds américain était aussi un actionnaire d’Accor. Aussi, feu Malcolm Glazer qui avait repris en 2005, Manchester United pour un peu moins de 900 M€, a pu financer son acquisition par un LBO, en endettant le club britannique pour rembourser ses propres dettes. Mieux, en 2012, le club Manchester United a pu se faire coter à New York, en levant 233 M$ étant valorisé à 2,3 MM$. Au Maroc, ceux qui s’opposent à cet investissement financier dans le sport, ont certainement en tête, les dépêches quasi-quotidiennes de grève des joueurs, des jérémiades des dirigeants ou de la situation nette négative de plusieurs clubs. Aussi, comme la rentabilité directe est difficile, vu le modèle économique des clubs marocains, les investisseurs peuvent se poser la question sur la visibilité du mode de sortie avec les différents choix entre la cotation en Bourse et la cession à de nouveaux investisseurs.


Farid Mezouar
DG de FL Market

Les Inspirations ÉCO : Le football est-il un business comme un autre ?
Farid Mezouar : Tout à fait, des industries, comme le cinéma, sont capitalistiques malgré la passion engendrée en sus de l’incertitude des revenus. Des entreprises comme Nike, n’ont pas d’usines et ne génèrent de la valeur que grâce à l’actif immatériel matérialisé par le marketing sportif. Et quand les clubs reposent sur des actifs tangibles ou immatériels, comme les stades et les marques fortes, le business est plus que juteux.

Peut-on transposer ce raisonnement au Maroc ?
Oui, du moment que certains clubs génèrent quasiment avec aisance, des revenus de 30 MDH à 80 MDH. Ces clubs pourraient déjà dégager des bénéfices, si les charges étaient optimisées. Les revenus peuvent aussi exploser en cas d’une professionnalisation de la billetterie et d’une stratégie de transferts de joueurs orientée plus-value. De même, la vente des maillots et le merchandising peuvent être repris en main vu la structure de coûts, favorable. Enfin, les droits télévisuels et digitaux peuvent suivre avec un minimum de mise en concurrence, notamment au niveau des opérateurs télécoms. 



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