Stationnement : Anarchie totale !
La saison estivale révèle l’anarchie dans les parkings, surtout celle des prix. Outrepassant le tarif légal et malgré la présence de panneaux affichant le prix en vigueur, les gardiens réclament plus que ce que la loi prévoit. Dans certains cas, ils sévissent même dans les zones à horodateurs.
Les Casablancais n’ont pas attendu la saison estivale pour le constater mais l’anarchie qui règne dans les parkings de la ville semble empirer ces derniers jours. En été, les prix dans une grande partie des parkings gardés flambent et cette frénésie va jusqu’à perturber les zones horodateurs (zones bleues) soumises pourtant à une réglementation – a priori – moins défaillante. Deux simples exemples parmi d’autres illustrent cette situation. Primo, un automobiliste paie dans la plupart des cas plus que la loi ne le prévoit, à savoir trois dirhams, malgré les panneaux qui affichent les tarifs en vigueur. Secundo, certaines zones bleues sont investies par les gardiens après 19 heures, les jours fériés et les dimanches, parfois même au cours de la journée, comme nous avons pu le constater la semaine dernière sur le boulevard Bir Anzarane en plein centre de Casablanca. Mieux, dans un sit-in organisé devant la commune du Mâarif le 20 juillet, Said Almoubtadi, coordinateur général des associations des gardiens de Casablanca nous a annoncé que ces derniers réclament même la suppression des horodateurs. Et ces exemples sont loin d’être isolés.
Spéculations
La décision du Conseil de la ville de mettre en place de grands panneaux affichant les prix dans certains parkings gardés a déplu aux gardiens. Ces derniers se retrouvent en manque d’arguments, réclamant souvent plus que ce que la loi prévoit. Pour les zones qui connaissent beaucoup d’affluence, on va parfois jusqu’à réclamer 10 DH aux automobilistes, voire plus. Selon Mohamed Bourahim, vice-président du Conseil de la ville de Casablanca, «cette décision d’afficher les prix, de manière à ce que les gardiens ne puissent pas les enlever, est destinée à informer les citoyens. En ce qui concerne les contrats qui lient les exploitants des parkings à la ville, ils sont soumis à un cahier de charges qui stipule clairement le tarif à appliquer», souligne-t-il. D’où vient donc le problème ? Des spéculations des opérateurs des parkings (voirie) qui n’ont, certes, cure du tarif réglementaire mais qui souhaitent rentabiliser l’appel d’offres gagné auprès de la ville. Souvent grâce à une offre surévaluée. Il n’est donc pas difficile de comprendre que le consommateur paiera les pots cassés. «Dans le cahier des charges des marchés, nous rappelons le tarif prévu par la loi et nous ne laissons rien au hasard. Que les opérateurs fassent des offres qui ne sont pas rentables, cela les concerne. Nous ne pouvons pas refuser une offre parce qu’elle est soi-disant excessive», déclare le vice-président. Le comble de l’histoire, c’est que les clients paient ce qu’on leur réclame indûment et outrepassent ainsi la loi. En somme, la balle retombe souvent dans le camp des consommateurs qui doivent normalement déclarer toute infraction. Quand ils le font, la procédure du Conseil de la ville prévoit des contrôles qui peuvent donner lieu à des pénalités. «Nous pouvons même aller, le cas échéant, jusqu’à retirer l’autorisation de l’exploitant», précise Bourahim.
Les zones bleues épargnées, presque…
Les deux modes de gestion des parkings à Casablanca sont les zones bleues (horodateurs) et les zones cédées par le Conseil de la ville aux opérateurs particuliers dans le cadre d’un contrat. Les parkings fermés, constituant une exception, sont dotés d’une tarification spéciale. Concernant les zones bleues, elles sont soumises à une tarification fixe sauf dans le cas du parking Mehdi Ben Barka au Mâarif, doté, pour des raisons de position géographique, d’un tarif unique (3 DH/30 minutes). «Nous avons des grilles de prix différents pour les parkings en surface fermés dédiés aux longues durées et pour les parkings dédiés au service moyenne durée. Tous nos tarifs sont consignés dans l’arrêté fiscal 7 du 1er septembre 2016. Finalement, tout ce que nous appliquons comme tarif est consigné dans ce texte», précise Nabil Belabed, directeur général de Casa développement. Que doit donc faire un automobiliste lorsqu’un gardien se présente à lui dans une zone bleue ? La réponse est claire.
Parkings clandestins
En 2016, la Cour régionale des comptes a recensé environ 3.000 places clandestines de parking à Casablanca. Par ailleurs, le schéma directeur du stationnement a permis de recenser un nombre général de 80.000 places. Outre les 15.000 places gérées par Casa développement, les 65.000 places restantes englobent les zones gérées dans le cadre des appels d’offre, une partie exploitée par les gardiens et une partie «anarchique». Selon Mohamed Bourahim : «il est difficile, actuellement, de définir la ventilation entre ces trois dernières parties mais la mise en place du schéma directeur le permettra», nous explique-t-il. C’est ainsi que certaines zones où le besoin d’un parking réglementé ne se présente pas, se retrouvent en proie à des gardiens usurpateurs mais ceci est une autre histoire.