Quelle aptitude pour l’investissement dans le non coté ?
34% des 698 internautes qui ont répondu au sondage online de Flm se sont dit prêts à investir dans des actions non cotées. Dans l’autre camp, 66% des internautes ne sont pas prêts à ce type d’investissements. En effet, en dehors des industriels ou des capitalistes, nous pouvons globalement recenser trois catégories d’investisseurs minoritaires dans le non coté. La première est celle des investisseurs professionnels dans le Private Equity sous toutes ses composantes comme le capital risque ou les fonds thématiques. Ainsi, au Maroc, le Private Equity compte 21 sociétés de gestion dont 3 dédiées à l’infrastructure. Ces sociétés géraient à fin 2016 40 fonds (20 actifs et 20 désinvestis ou en phase de désinvestissement). Le cumul des montants levés à fin 2016 s’élève à plus de 11,1 MMDH pour le capital investissement auxquels s’ajoutent 5,5 MMDH levés par les fonds d’infrastructure, soit un total de 16,6 MMDH. La deuxième catégorie d’investisseurs est constituée des institutionnels (assureurs et caisses de retraite). C’est l’exemple de la CIMR dans l’éolien avec EEM ou de la CDG dans l’automobile avec PSA Kénitra. D’ailleurs, une étude récente de l’Institut marocain des administrateurs, a révélé que le nombre moyen de participations minoritaires non cotées est de 17.
Aussi, la durée moyenne de détention des participations est comprise entre 5 et 10 ans. La troisième catégorie est celle des investisseurs particuliers avec plusieurs manières d’acquisition des actions non cotées. C’est l’exemple de l’actionnariat salarié ou du partnership dans certaines entreprises non cotées. Aussi, des petits porteurs peuvent garder leurs actions même en cas de radiation de certaines sociétés (ex : AXA Crédit). De même, des relations familiales ou amicales peuvent offrir des opportunités pour participer au capital de certaines sociétés. Enfin, pour ceux qui ont des comptes autorisés en devises, le Crowdfunding offre la possibilité d’investissements dans des startups ou des projets socialement responsables. C’est ainsi que ceux qui ont répondu oui au sondage pensent certainement au rendement offert par le non coté qui est théoriquement le plus élevé parmi les catégories d’actifs. En effet, selon le Rapport statistique annuel relatif à l’activité du Capital Investissement, le TRI brut moyen calculé sur les sorties effectives est de 13% à fin 2016. Aussi, le multiple global du secteur est de 2 dont 1,2 pour l’amorçage/risque et 2,5 pour le développement.
Par ailleurs, l’autre motivation réside dans la diversification sectorielle offerte par le non coté car plusieurs secteurs sont absents de la bourse. C’est le cas par exemple des banques d’affaires, du commerce électronique ou de la construction automobile.
Farid Mezouar
DG de FL Market
Les Inspirations ÉCO : Comment justifier le refus du non coté par certains ?
Farid Mezouar : Naturellement, les actions non cotées ne bénéficient pas des garde-fous et des avantages de la cotation comme la publicité de l’audit des comptes, la liquidité des transactions, la valorisation instantanée et le suivi de la gouvernance par le gendarme du marché. De même, il n’est pas aisé de trouver des opportunités dans le non coté, notamment dans certains secteurs réglementés comme les banques.
Quels sont alors les atouts du non coté ?
C’est le rendement offert qui est souvent supérieur au 9%-10% du marché des actions en raison du risque plus élevé. De plus, en cas de cotation d’une participation, le jackpot est souvent au rendez-vous, comme le montre l’exemple de la participation du groupe Zahid dans Total Maroc qui vaut désormais 3,4 MMDH de plus en 3 ans. Par ailleurs, en cas de protection juridique appropriée, le non coté permet aussi de s’impliquer dans des sociétés non éligibles à la Bourse à cause de leur taille ou de leur situation financière.