Emmanuel Macron au Maroc : Pour une coopération plus renforcée
Le président français est pour un partenariat équilibré avec l’Afrique. Sa démarche est à la fois amicale et pragmatique dans la mesure où le Maroc s’avère un partenaire d’avenir pour les nouveaux choix du président.
Il en avait fait la promesse avant l’élection présidentielle, et il l’a bien tenue marquant un basculement dans les mœurs diplomatiques de l’Hexagone. Ses prédécesseurs effectuaient leurs premiers déplacements en Algérie. Ce qui n’était pas mal vu par le Maroc, chose que l’on ne pourrait dire à propos du voisin algérien qui doit grincer des dents face à ce changement inattendu.
Emmanuel Macron, est aujourd’hui en visite au Maroc pour deux jours avec au menu des échanges avec le roi sur plusieurs sujets d’intérêt commun. Le ton est donné. Le Maroc, premier partenaire stratégique de la France dans la région est érigé en priorité en termes d’échanges et d’investissement. Certes, le nouveau président français avait visité Alger et Tunis durant la campagne électorale, mais il a préféré effectuer son premier déplacement officiel en dehors de l’espace européen au Maroc. Il s’est contenté de dépêcher son ministre de l’Europe et des affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian d’abord en Tunisie et ensuite en Algérie. Le chef de diplomatie française s’est rendu à Tunis les 4 et 5 juin, puis à Alger les 12 et 13 juin en préparation des visites présidentielles.
Rappelons aussi, pour mieux comprendre la symbolique des échanges de visites entre les deux pays, que le souverain avait choisi la France pour effectuer sa première visite d’État à l’étranger en mars 2000. Il a été le premier à être reçu par le président François Hollande, une semaine après la passation de pouvoir, et le dernier, le 2 mai 2017, dans l’entre-deux-tours de l’élection présidentielle. Ce déplacement du jeune président élu ouvre une nouvelle page dans les relations politiques, économiques, sécuritaire et humaine. Les deux pays sont sur la même longueur d’onde en ce qui concerne la lutte contre le terrorisme dans la région sahélo-saharienne. La composante humaine de cette visite n’est pas en reste. D’abord, il s’agit d’un jeune président, leader du mouvement En Marche, un parti tout aussi frais et véhiculant une image de renouveau.
Par ailleurs, la nomination de Mounir Mahjoubi, jeune Français d’origine marocaine de 33 ans, au poste de secrétaire d’État au Numérique a été accueillie avec beaucoup de satisfaction et de fierté ici au Maroc. Rappelons que Mahjoubi occupait le poste de responsable de la campagne digitale de Macron. Cette reconnaissance qui, faut-il le rappeler, a toujours été présente dans les gouvernements français, n’est pas sans créer des affinités fortes. Après donc une période de froid diplomatique ayant marqué les relations franco-marocaines durant le début de mandat de François Hollande, la glace a fondu en 2015 pour une reprise normale des échanges. Cette crise aura tout de même permis au royaume de redéfinir son partenariat judiciaire ainsi que la coopération sécuritaire.
La relance de cette dernière a été marquée par l’appui du renseignement marocain dans l’enquête sur les attentats du 13 novembre 2015 à Paris et Saint-Denis. Les précieuses informations ont permis de localiser le responsable présumé des commandos terroristes. La coopération s’est aussi renforcée dans le domaine environnemental.
En effet, la lutte contre le réchauffement a constitué un point de rapprochement entre les deux pays. Le Maroc a accueilli la COP22 en novembre 2016 après l’Accord de Paris de décembre 2015. Mais entre-temps, les échanges d’expertises et les ateliers de préparations du post-accord n’ont pas cessé. Avec l’arrivée de Macron, l’engagement de la France pour la lutte contre le réchauffement climatique s’est renforcée. Le président français vient de lancer une nouvelle feuille de route de la politique climatique de l’Hexagone d’ici fin juin, selon le journal Le Monde. Un acte de courage qui est venu suite à l’annonce du président américain Donald Trump de retirer son pays de l’Accord de Paris sur le climat. Macron donne l’image d’un président déterminé qui sait faire des choix, pouvant être qualifiés de difficiles ou de nouveaux comme sa première visite au Maghreb réservée au Maroc. Ses choix pour l’Afrique sont également différents de ses prédécesseurs. Dans un long entretien accordé en avril dernier au magazine Jeune Afrique, il a parlé de refonte de la relation France-Afrique pour un nouveau partenariat équilibré, de confiance et de croissance. Il est même allé plus loin en corsant ses propos et en promettant d’agir dans la transparence, loin des réseaux de connivence franco-africains et des influences affairistes. Dans cette perspective, le Maroc qui a opté pour un modèle gagnant-gagnant dans son partenariat avec les pays africains, peut servir de fer de lance pour la France.
34 des 40 entreprises du CAC40 présentes au Maroc
La France est le premier partenaire économique du Maroc. Un rang maintenu bien que la concurrence espagnole dans le commerce et les investissements est forte. Selon Les chiffres actualisés de l’Ambassade de France à Rabat, les exportations françaises vers le Maroc ont augmenté de 20% en 2016, avec une forte progression dans les domaines agricole et les matériels de transport. Les exportations marocaines vers la France sont concentrées sur les produits textiles, les composants électriques et électroniques et les produits agroalimentaires. La France maintient son rang de premier investisseur étranger au Maroc. L’Hexagone a réalisé, en 2015, 17% (484 millions d’euros) du flux net total des IDE reçus par le royaume, largement concentrés dans l’industrie. Avec environ 750 filiales d’entreprises françaises recensées, le Maroc est la première destination des investissements français sur le continent africain. À noter que 34 des 40 entreprises du CAC 40 sont présentes au Maroc.