Démographie : Moins de jeunes, plus de vieux en 2050
Qu’est-ce qui attend le Maroc dans 30 ans ? Le Haut-commissariat au Plan (HCP) vient de livrer ses prédictions concernant la population marocaine aux niveaux national, urbain et rural. La question est d’une importance cruciale au moment où le royaume se lance dans de grands chantiers socio-économiques et administratifs. Décryptage.
Croissance démographique, vieillissement de la population, écarts inter-régionaux…C’est une vision quelque peu fataliste que vient de livrer le Haut-commissariat au Plan (HCP) dans le cadre de son actualisation des projections de la population à l’horizon 2050. D’abord, sur un plan démographique, le département dirigé par Ahmed Lahlimi Alami prédit une croissance de la population marocaine à un rythme avoisinant les 272.000 habitants par an. Un taux de croissance important qui équivaut au peuplement d’une ville moyenne comme Sefrou annuellement.
La population du Maroc passerait ainsi, selon la variante moyenne, à 43,6 millions en 2050 au lieu de 33,8 millions d’habitants en 2014. Selon le HCP, l’évolution démographique marocaine serait principalement urbaine, due en partie à l’exode rural et à l’urbanisation des zones rurales. Une tendance qui devrait manifestement se poursuivre durant les prochaines années. Les villes marocaines abriteraient, en 2050, 73,6% des habitants du pays au lieu de 60,3% en 2014, avec respectivement 32,1 millions et 20,4 millions. La population rurale continuerait à connaître un léger recul de son effectif : de 13,4 millions de personnes en 2014, elle serait de 11,5 millions vers 2050.
Baisse de la fécondité
Le rajeunissement de la population tend également vers un ralentissement. Ainsi, les effectifs de la population jeune connaissent une baisse progressive. Les enfants de moins de 15 ans connaîtraient une baisse due à la diminution supposée de la fécondité entre 2014 et 2050. Ainsi, les effectifs passeraient pour les enfants de 4 et 5 ans (enfants d’âge préscolaire) de 1,3 million à 1 million pour les enfants de 6 à 11 ans (enfants scolarisables dans le primaire) de 3,6 millions à 3,2 millions et pour les enfants de 12 à 14 ans (enfants scolarisables au deuxième cycle du fondamental) de 1,8 million à 1,6 million. Parallèlement, la population marocaine devrait connaître un vieillissement. Les personnes âgées de 60 ans ou plus verraient leur effectif s’accroître à un rythme soutenu de 3,3% par an en moyenne entre 2014 et 2050. Cette population serait multipliée par 3, passant de 3,2 millions à 10,1 millions. Elle représenterait 23,2% de la population totale alors qu’elle ne constituait que 8,1% et 9,4%, respectivement en 2004 et 2014. Cela pose déjà certaines interrogations concernant l’équilibre du prochain régime de retraite.
Chômage banalisé
Ces mutations démographiques devraient également se traduire par une transformation de la population en âge d’activité. Celle-ci (âgée entre 15 et 59 ans) devrait être de 25,6 millions en 2050 au lieu de 21,1 millions en 2014. L’effectif de la population âgée de 18 à 24 ans, considérée comme celle des nouveaux entrants au marché du travail, connaîtrait un faible accroissement de 4,3 millions en 2014 à 4,5 millions en 2032. Au-delà, elle diminuerait sensiblement pour atteindre 3,8 millions en 2050, enregistrant une baisse d’environ 10% sur la période des projections. Le chômage devrait donc continuer à être une préoccupation majeure durant les prochaines années. Un travail d’anticipation devrait donc être réalisé par les pouvoirs publics afin d’offrir plus d’opportunités à cette future population qui devrait investir le marché du travail.
Mutations familiales
Par ailleurs, le HCP fait également état d’un doublement du nombre des ménages à l’horizon 2050. Le nombre de ménages atteindrait 13,7 millions au lieu de 7,3 millions, soit 177.000 ménages additionnels par an, en moyenne. L’accroissement du nombre de ménages s’accompagnerait d’un changement dans la structure, selon l’âge et le sexe, des chefs de ménage. Ainsi, la prédominance masculine tendrait à diminuer et le poids des ménages dirigés par des femmes passerait de 16% à 21% entre 2014 et 2050.
Parallèlement, la taille moyenne des ménages connaîtrait une baisse significative, passant de 4,6 personnes en 2014 à 3,2 en 2050. Elle serait due au fléchissement de la fécondité entraînant la baisse du nombre moyen d’enfants par ménage et à l’accroissement de la nucléarisation des familles induisant une diminution du nombre moyen d’adultes par ménage.
Le top 5 démographique des régions
Pas de grands chamboulements en vue concernant la densité démographique des régions. Selon le HCP, cinq régions continueront à contribuer jusqu’en 2030 par près de trois quart à l’accroissement démographique total. Il est à noter que la répartition de la population du pays selon les régions et les provinces a été projetée uniquement jusqu’en 2030 pour des considérations techniques concernant la stabilité des évolutions fondant les paramètres démographiques. Il en ressort que les cinq régions les plus peuplées en 2014, continueraient à l’être en 2030 et contribueraient par environ 74,3% à l’accroissement démographique total du Maroc. Il s’agit du Grand Casablanca-Settat (26,2%), de Rabat-Salé-Kénitra (13%), de Tanger-Tétouan-Al Hoceïma (12%), de Sous-Massa (11,6%) et de Marrakech-Safi (11,4%).