Les Cahiers des ÉCO

Smart-grids : Les expériences foisonnent au Maroc !

Entre l’ONEE, qui a investi le créneau depuis 2012, et l’IRESEN qui est en train d’édifier un écosystème pour le développement des smart-grids et des bâtiments verts à Ben Guerir, les projets smart-grids actuellement recensés au Maroc frôlent la dizaine. Les détails.

La Fédération de l’énergie et l’Institut de recherche en énergie solaire et énergies nouvelles (IRESEN) ont organisé, jeudi 13 avril 2017, un intéressant workshop sur le thème «Smart-grid: un levier essentiel pour accompagner la montée en puissance des énergies renouvelables». L’événement, qui a eu lieu à Ben Guerir notamment au sein du Green Energy Park, a permis de découvrir que plusieurs expériences de smart-grids sont en cours et en préparation dans le royaume. À commencer par l’ONEE, dont l’intervenant Adil El Malouli a rappelé dès l’entame de sa présentation que «Le développement des énergies renouvelables et des nouveaux usages de l’électricité imposent de moderniser le système électrique».

En effet, l’augmentation de la part des énergies renouvelables dans la production électrique totale, le développement de la production décentralisée dans le cadre de la loi 13.09, l’évolution des usages de l’électricité en pleine expansion (climatisation, chauffage, production de véhicules électriques, etc…) et l’exigence des clients qui sont de plus en plus attentifs à leur consommation sont autant de facteurs qui font que le développement des réseaux intelligents est désormais une nécessité pour répondre à toutes ces nouvelles attentes. C’est pourquoi, a-t-il poursuivi, l’office s’est lancé dans des projets pilotes de smart-grids dès 2012. Dans le domaine du comptage intelligent par exemple, il en a notamment initié un, le comptage intelligent via réseau CPL bas débit. Celui-ci est composé d’un parc de 230 compteurs intelligents post et prépayés connectés, via le réseau CPL, à des concentrateurs de données communicant avec une station centrale SMS (System Management Station) à travers laquelle se fait la collecte des données et événements de comptage, la recharge des crédits, le paramétrage et la configuration des compteurs mais également la coupure et le rétablissement du courant à distance. L’ONEE a également lancé un projet pilote d’expérimentation de la technologie CPL haut débit.

Ce projet a notamment consisté à installer un site pilote pour expérimenter la technologie CPL à haut débit pour des applications «smart-grid» et divers services IP (Internet, messagerie électronique, téléphonie, vidéo, etc.) via les réseaux électriques de distribution MT et BT, selon le type de zones (urbaine ou rurale). El Malouli a également présenté le projet pilote d’expérimentation de la technologie AMI de Huawei. Déployé sur trois sites avec des compteurs monophasés et des compteurs triphasés, le projet consiste à expérimenter les différentes fonctionnalités offertes par l’infrastructure de comptage avancé AMI de la Société Huawei, notamment la télé-relève à distance des données de facturation, la télégestion des compteurs, la détection des anomalies (alarmes et événements), etc. Sur Tamesna aussi, l’ONEE a un projet smart-grid en cours. Il s’agit d’un projet pilote d’adaptation des postes MT/BT de la ville nouvelle à la télésignalisation. Succédant à l’ONEE, les représentants de l’IRESEN et leurs partenaires ont fait étalage des différents projets smart-grids en cours et à venir. C’est dans ce cadre que l’assistance a appris que l’institut de recherche s’apprête à édifier un écosystème pour le développement des smart-grids et des bâtiments verts.

Dénommé Green & Smart Building Park, ce sera notamment une plateforme de testing, de formation et de recherche dédiée à la recherche et développement dans le domaine des bâtiments verts, de l’efficacité énergétique et de l’intégration des EnR dans le bâtiment. Son objectif est de mutualiser les moyens, fédérer les efforts des différentes institutions et acteurs locaux dans le secteur du bâtiment (centres de recherches, universités, agences de développement, PME…) et encourager la recherche en misant sur le capital humain du royaume afin de parvenir au but que s’est fixé le Maroc, qui est de réduire la consommation énergétique dans le secteur du bâtiment de 15% à l’horizon 2030. Concrètement, la plateforme, qui entrera en service en juillet prochain, sera composée de plusieurs laboratoires (de mesure et de test, de caractérisation et de valorisation, de smart-grid et de système de gestion de réseau), d’un fablab, d’un smart campus doté d’une vingtaine de maisonnettes de 35 m² chacune qui alimenteront une base de données sur les performances énergétiques des différents matériaux de construction et d’isolation, d’un réseau de véhicules électriques et d’un test field d’un hectare regroupant 3 ateliers où les travaux de soudage, ferronnerie, menuiserie et assemblage seront dispensés pour permettre aux étudiants de construire des installations complètes ou partielles à échelle réelle.

Parallèlement à ce projet d’envergure à venir, l’IRESEN a déjà à son actif quelques réalisations dans le smart-grid. Comme projet développé en propre, on peut notamment citer les SIME (Services et infrastructures pour la mobilité électrique). Présenté pour la première fois lors de l’inauguration du Green Energy Park par le roi en janvier dernier, ce projet porte sur plusieurs challenges: le déploiement d’un réseau de bornes pour la recharge des véhicules électriques, le développement d’un business model innovant pour les services de recharge, la mise en place d’un système d’information pour le recueil et l’analyse des données (GPS, BI …), l’étude d’impact socio-économique sur l’évolution de la mobilité électrique à l’échelle nationale, l’amélioration de l’autonomie des véhicules électriques et la mise en place de solutions de recharge innovantes ainsi que celle d’un réseau de véhicules électriques à grande échelle. À signaler que des tests sont en cours dans la zone de Ben Guerir sur 5 véhicules électriques et 30 motocycles électriques. Concernant le réseau de bornes de recharge, il compte actuellement 30 stations de recharge de type EV-Link City de 4 prises (2 TE, 2T2), offre une autonomie d’environ 720 km aux conducteurs sur l’axe Marrakech-Rabat, soit quatre villes.À travers son agence de moyens, l’IRESEN finance également plusieurs projets collaboratifs de recherche et de démonstration, impliquant des universités et centres de recherche nationaux et avec la participation de leurs homologues étrangers. On peut notamment citer le projet SECRETS (Sustainable Energy Clusters Realized Through Smart-grids) qui a permis la mise en place d’un laboratoire smart-grid de pointe au niveau de l’École nationale des sciences appliquées de l’Université Ibn Tofail de Kénitra. Ce dernier servira au renforcement des capacités et au développement de nouveaux modèles de transmission, de gestion et de distribution de l’énergie électrique, pouvant être implémentés à grande échelle.

Ce projet est piloté par l’ENSA Kénitra, avec la participation active de l’Université Hassan II, l’Université de Houston, le centre de recherche portugais INESTEC et l’entreprise AGT Maroc. On peut également parler d’un deuxième projet qui, en revanche, n’a pas été réalisé dans un laboratoire mais au sein de la commune rurale d’Ait Ouafqua, à 74 km de Tiznit, dans la région du Souss-Massa. Dénommé Tahala Grid, ce projet de micro-grid intelligent s’était fixé pour objectif de permettre à la collectivité de réduire sa facture énergétique et de sécuriser l’accès à l’énergie, tout en réduisant les émissions de gaz à effet de serre. Un consortium composé des entreprises EnR Afrique et Photon, des universités Cadi Ayyad de Marrakech et Hassan Ier de Settat ainsi que de l’ONEE, y a implémenté une architecture innovante et réplicable à un niveau national ou africain, à travers l’optimisation de l’intégration de la production décentralisée à partir du solaire photo-voltaïque et thermique, le pilotage dynamique des charges et la modélisation de la production locale. Concrètement, ce projet a permis la réalisation d’un micro-grid de taille significative regroupant 8 bâtiments: la commune N’Tahala, le club des femmes, le centre de santé, la mosquée, l’école communale, Dar Talib, l’école coranique et Kiada N’Tahala. Un champ solaire a été réparti sur les toits des différents bâtiments, et plusieurs compteurs intelligents communiquent les données et les transmettent par réseau GPRS à la plateforme de commande, pour une gestion optimisée et adaptée de ce réseau.

Ce projet n’est pas seulement technologiquement intéressant à travers son réseau décentralisé de distribution intelligent et digital de l’énergie solaire; il l’est aussi à travers son impact social. Il a notamment permis à 1.500 habitants de cette commune rurale de bénéficier de l’énergie gratuitement, et a créé une réelle dynamique dans ce village en favorisant la scolarisation des enfants, l’épanouissement des femmes et le développement de l’agriculture car le surplus d’énergie photovoltaïque y est utilisé pour le pompage de l’eau. 



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