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Fermeture des écoles publiques : Le plaidoyer de la tutelle

À aujourd’hui, 393 établissements publics ont fermé leurs portes. Les centres des grandes villes comme Casablanca et Rabat sont les plus touchés par cet état de fait. Le manque d’élèves est la principale raison avancée par le ministère de l’Éducation nationale. Ce sujet polémique remet sur le tapis la question de l’accès équitable à l’enseignement.

La fermeture des établissements scolaires publics au cours des dernières années provoque l’ire de la société civile. L’État serait-il en train d’abandonner sa principale mission ayant trait à la garantie d’un enseignement gratuit aux citoyens dans les quatre coins du royaume ? Il ne s’agit nullement de fermetures programmées ou délibérées, selon le ministère de l’Éducation nationale. «C’est plutôt le résultat du rapport de l’offre et de la demande du service public d’éducation», indiquent les responsables du département de tutelle. Ils sont quelque 393 établissements scolaires à avoir fermé leurs portes dont 68,2% d’écoles primaires, 20,61% de collèges et 11,19% de lycées. Ce sont particulièrement les centres des grandes villes comme Casablanca, Rabat, Fès, Marrakech, Kénitra et Tanger qui sont les plus touchés.

Cette situation s’explique, selon le département de Belmokhtar, par la régression du nombre d’élèves inscrits dans l’enseignement primaire du secteur public ou du déplacement des ménages pour des raisons économiques. «La fermeture de ces établissements est le fait d’un manque criant d’effectifs d’apprenants en lien avec des déterminants sociodémographiques et économiques», selon Younes Benakki, directeur du budget, des affaires générales et du patrimoine au ministère de l’Éducation nationale.

Pour éviter la fermeture définitive, certaines écoles primaires ont été transformées en collèges. Contrairement aux centres des grandes villes, les périphéries et le milieu rural connaissent une forte demande sur les établissements publics «en raison notamment des déplacements des ménages dans le cadre des projets de lutte contre l’habitat insalubre ou pour des raisons économiques (offre de logements de type social et économique)». L’état de délabrement de certains bâtiments abritant des établissements scolaires pourrait aussi être l’une des causes de la fermeture des écoles.

Le privé séduit
Le ministère assure que la fermeture des établissements scolaires toujours opérationnels ne se fait qu’en cas de risque avéré d’effondrement des bâtiments qui met en danger la sécurité des usagers et sur la base de rapports d’expertises techniques qui permettent d’évaluer la dégradation et de définir le type d’intervention (réhabilitation ou démolition et reconstruction). Par ailleurs, l’offre diversifiée de l’enseignement privé dans les grandes villes pourrait être un autre facteur expliquant la diminution du nombre d’élèves dans les établissements publics.

Le souci d’assurer un enseignement de qualité à leurs enfants pousse en effet de plus en plus de parents à bouder les écoles publiques. Ce sujet polémique suscite plusieurs interrogations ayant trait à l’accès équitable à l’éducation, dont la place que devront occuper, à l’avenir, l’enseignement public et l’enseignement privé dans la société marocaine.

À cet égard, le département de Belmokhtar rassure: l’évolution de la part de l’enseignement privé est passée de 10,9% en 2011-2012 à seulement 13,8% en 2016-2017, soit presque trois points en l’espace de cinq ans, alors que l’objectif fixé dans la Charte de l’éducation et de l’enseignement de 2008 visait à porter la part du secteur privé à 20% à l’horizon 2015 et 25% à l’horizon 2024. Encore faut-il analyser ces chiffres sur le plan géographique. L’enseignement public est en train de régresser dans les grandes villes. Il faut préciser que 47% des établissements privés se situent sur l’axe Kénitra-El Jadida. La région de Casablanca arrive en tête, suivie de Rabat-Salé. Un accroissement est également remarqué au niveau de Marrakech. 


«Le sort des établissements fermés entre les mains de la Direction des domaines»

Younes Benakki
Directeur du budget, des affaires générales et du patrimoine au ministère de l’Éducation nationale.

Les Inspirations ÉCO: Quel est le sort des établissements fermés ?  
Younes Benakki : Les établissements scolaires, assiette foncière et bâti, font partie des équipements publics qui sont, comme vous le savez, propriété de l’État (on parle de domaine privé de l’État) et sont administrés par la Direction des domaines de l’État relevant du ministère de l’Économie et des finances. Ces établissements sont affectés au ministère de l’Éducation nationale et de la formation professionnelle (MENFP) dans une logique restrictive d’utilisation en lien avec les finalités du secteur de l’éducation. En d’autres termes, quand un établissement scolaire est fermé, seuls les services de la Direction des domaines de l’État, agissant dans le cadre de leurs prérogatives, et après avis du MENFP, décident du sort qui lui sera réservé.

Quelle est la vision du ministère pour développer dans ce cadre le partenariat avec le secteur privé et la société civile en matière de gestion des établissements fermés ?
On peut mettre en avant des projets de reconversion de ces établissements fermés en établissements d’épanouissement par les langues et les activités culturelles, artistiques et sportives, en phase avec les orientations de la vision stratégique de la réforme 2015-2030. D’autres voies sont également explorées à travers l’initiation d’un PPP et le développement d’un réseau d’écoles associées en vue de consolider, selon une approche novatrice, la contribution de l’enseignement scolaire privé, aux côtés de l’État, à la généralisation de la scolarisation et au rehaussement de sa qualité.

Quelle part devra, selon vous, garder à moyen terme l’enseignement public ?
À moyen terme comme à long terme, l’enseignement public gardera toute sa part du fait de son importance dans la politique de l’offre sociale en garantissant la proximité de l’école publique et sa gratuité à tout citoyen marocain qui, pour une raison ou pour une autre, scolarise ses enfants dans le système éducatif public, d’autant plus que le droit à l’enseignement public est garanti par la Constitution. D’autre part, la vision stratégique 2015/2030 confirme cette certitude, vu que le Maroc est toujours dans le processus de généralisation de l’enseignement public avec, en plus, l’ambition d’augmenter la qualité et de diversifier l’offre scolaire.  



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