Ceuta, l’éternelle ligne de fracture entre le Maroc et l’UE
En quatre jours, près de 800 migrants africains sont parvenus à pénétrer depuis le Maroc dans l’enclave espagnole de Ceuta. Un incident qui replonge les relations entre le Maroc et l’Espagne dans un climat de suspicion, malgré l’apaisement prôné par Mariano Rajoy.
La clôture grillagée de six mètres de haut et de 8 km de longueur n’a pas résisté au double assaut des migrants illégaux à la frontière du Maroc avec l’enclave espagnole de Ceuta. Les autorités espagnoles ont comptabilisé quelques 850 migrants qui ont réussi à franchir cette frontière pourtant réputée infranchissable en raison du dispositif de sécurité mis en place et qui avait pourtant permis d’endiguer ces assauts depuis quelques années.
À cette frontière terrestre directe entre le Maroc et l’Union européenne, cet incident a été interprété par certains médias européens comme faisant écho au différend qui a opposé Rabat et Bruxelles à propos de l’application de l’accord agricole entre le royaume et l’Union européenne. Ainsi plusieurs organismes de presse en Europe ont repris des extraits de la déclaration du ministre de l’Agriculture, Aziz Akhannouch, qui avait indiqué le 6 février que l’Europe s’exposait à un «véritable risque de reprise des flux migratoires que le Maroc au gré d’un effort soutenu a réussi à gérer ». Et Akhannouch d’ajouter : «Il faut maintenant que les choses soient claires, sincères, sur l’avenir que nous voulons développer entre le Maroc et l’UE».
Rajoy plaide pour l’apaisement et les drones
Cet incident tombe à point nommé puisque le président français François Hollande était en visite à Malaga dans le cadre du sommet bilatéral franco-espagnol. À cette occasion, le président du gouvernement espagnol Mariano Rajoy n’a pas hésité à qualifier d’«excellente» la coopération du Maroc avec l’Espagne dans le domaine de la lutte contre l’immigration illégale et ajoute que la partie marocaine «a fait tout ce qu’elle pouvait» pour éviter ces nouveaux franchissements. François Hollande a joué la même partition en déclarant : «Grâce au Maroc et à la Turquie, nous sommes désormais en mesure de faire face aux flux migratoires».
De leur côté les autorités de l’enclave ont déclaré que la clôture a été franchie dans l’un de ses points les plus vulnérables qui se situe dans une zone où la visibilité est réduite.
Pour rappel, le secrétaire d’État à la sécurité, José Antonio Nieto, a déjà annoncé la semaine dernière que le gouvernement validerait l’utilisation de drones pour augmenter la sécurité des frontières. Une décision qui va muscler le dispositif déjà mis en place.