Ventes de véhicules neufs : Quelles perspectives de croissance ?

Le pic historique de 2016 invite forcément à la question de savoir à quelle échéance le marché du neuf franchira-t-il un nouveau seuil psychologique colossal: celui des 200.000 véhicules vendus ? L’accès à l’automobile passe inévitablement par celui du financement, mais pas seulement. L’essor des petites voitures devrait maintenir un effet «ressort» sur le marché du neuf. Réflexion…
Un mois et demi après le 31 décembre, l’euphorie des 163.110 véhicules vendus en 2016 est déjà derrière nous. Même si les ventes réalisées en janvier ont confirmé la tendance soutenue du marché avec une croissance quasi-équivalente à celle de l’année écoulée (soit près de 22%), les importateurs automobiles sont dans une certaine expectative. De combien le marché du neuf évoluera-t-il cette année ? Pourrait-il stagner ou carrément repartir à la baisse ? La demande restera-t-elle aussi stimulée en l’absence d’un salon en mai? Tant d’interrogations sans réponses et auxquelles, évidemment, seul le temps répondra. Cela étant, il y a des signes qui ne trompent pas et des certitudes qui permettent d’anticiper l’idée selon laquelle, 2017 pourrait être, à son tour, un grand cru pour le marché national du neuf.
L’économique, locomotive du marché
Si l’on considère que la faiblesse du taux de motorisation au Maroc (environ 70 véhicules pour 1.000 habitants) entretiendra la croissance du marché de la voiture neuve, il faut rappeler que celle (la croissance) de l’an dernier s’est faite en grande partie grâce au segment dit de l’économique. En fait, il s’agit d’une large plage du marché dans laquelle évoluent des modèles positionnés dans une fourchette allant de 100.000 à 180.000 DH et notamment : des compactes, des citadines sedan (avec malle arrière) et des citadines. Or, cette dernière catégorie a réalisé une croissance de près de 40% l’an dernier ! L’insolente santé du trio Fiesta, Clio, Sandero (par ordre de leadership) y est forcément pour quelque chose. Au vu du dynamisme et de la compétitivité que connaît ce même segment, il est permis de croire qu’il continuera à croître et partant, à tirer vers le haut, tout le marché. Car, en 2017 : les nouvelles C3 et Fiesta ne se feront pas attendre, les Clio et Sandero restylées vivront leur première année pleine, les Ibiza et Polo seront renouvelées, puis surtout, la Micra fera son grand retour. D’autres nouveautés plus petites (Kia Picanto), polyvalentes (Toyota Yaris restylée, nouvelle Suzuki Swift) ou plus grandes (Hyundai i30) participeront, elles aussi, à cette dynamique.
Le financement, un levier important
Outre la fraîcheur d’une offre, finalement en perpétuel renouvellement, l’accès au financement continue à jouer un rôle majeur sur le marché de la voiture neuve. Là encore, il y a matière à positiver. Après les produits financiers du groupe Renault (RCI), puis ceux de Scama (Ford Salaf), l’introduction d’autres marques blanches n’est pas exclue et devrait également accompagner la demande sur les segments économiques. Cela étant, seule l’ouverture du crédit vers de nouvelles niches sociales et notamment les foyers à faible revenu, voire les non-bancarisés, pourrait avoir un véritable effet levier sur le marché de la voiture neuve. À moins d’une hausse généralisée des salaires ou une réelle amélioration du pouvoir d’achat…, mais cela, c’est une toute autre histoire.
Adil Bennani
Président de l’Aivam
200.000 et même 300.000 véhicules !
Les 200.000 unités vendues au Maroc ? Nous y serons, probablement, en 2018. En fait, nous avons besoin d’une croissance annuelle (Ndlr : d’ici 2018) inférieure à celle que nous avons eue au cours de ces deux derniers exercices. Si mes calculs sont bons, il nous suffit de faire 11% cette année, puis 12% l’an prochain et nous atteindrons alors la barre des 200.000 ventes. En fait, ce n’est pas ce cap qui est le plus symbolique, mais plutôt celui des 300.000 ! Et, croyez-moi, nous y parviendrons plus tôt que ce que l’on pourrait croire. Je pense que le marché du neuf atteindra les 300.000 véhicules à l’horizon 2025 et cela, indépendamment de tout nouveau projet industriel au Maroc. Ces nouvelles usines sont essentiellement tournées vers l’export et non pour le marché local. Non, ce qui «drive» le marché c’est la demande et les besoins des Marocains quant à l’accès à l’automobile. Pour cela, il faudrait soit augmenter leur pouvoir d’achat, soit leur proposer des voitures bien moins chères. Concernant ce dernier point et en tant que président de l’Aivam, je peux vous promettre que je m’y emploierais d’une manière très sérieuse durant mon mandat. Non pas parce que nous voulons vendre plus de voitures, mais parce que nous croyons fondamentalement que l’automobile est vecteur de développement et de croissance. Nous avons vu ce que les smartphones ont permis de faire et l’automobile sera, elle aussi, l’un des secteurs qui va connaître l’une des plus grandes mutations durant ces prochaines années. Vous verrez.