«Le Maroc est devenu très important pour nous»
Citibank a organisé, la semaine dernière à Londres, le Sommet régional pour l’Europe, le Moyen-Orient et l’Afrique. Walter Siouffi, PDG de Citibank Maghreb, décline les ambitions de l’institution financière sur le marché marocain.
Les inspirations ÉCO : Citi développe aujourd’hui ses activités au Moyen-Orient et en Afrique. Quel bilan d’étape dressez-vous ?
Walter Siouffi : Citi en tant que banque globale est présente dans 97 pays et s’est développée à travers les années en suivant ses clients multinationaux et également en apportant dans les marchés où elle est présente des services à forte valeur ajoutée aux grandes entreprises, aux gouvernements, aux entreprises publiques et aux institutions financières. Cette stratégie est appliquée dans la région du Moyen-Orient et Afrique où Citi est installée dans 24 pays, ce qui constitue à peu près 25% de notre présence globale. Nous couvrons également une trentaine de pays dans la région. Citi se concentre sur les activités de banques d’entreprises et d’investissements et n’offre des services de banque de détail que dans deux pays dans la région.
Quelle place occupe le marché africain dans votre stratégie ?
Les perspectives de croissance du continent africain, supérieures aux autres marchés, attirent de plus en plus nos clients globaux. Les entreprises africaines se régionalisent et les gouvernements ont besoin d’un accès aux marchés de capitaux, où Citi joue un rôle majeur, pour financer leur croissance. Notre présence en Afrique fait de Citi la première banque américaine sur le continent. Citi vient de fusionner les divisions Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA) avec celle de l’Afrique subsaharienne (SSA) pour en faire une seule, baptisée «Middle East and Africa».
Quid du marché marocain…
La stratégie de Citi au Maroc s’inscrit complètement dans celle définie par le groupe. Le Maroc est un marché très important pour les filiales et succursales de nos clients multinationaux car le pays devient une plateforme industrielle significative et notamment dans les secteurs de l’aéronautique et de l’automobile et un hub couvrant leurs activités régionales.
La banque fête aujourd’hui 50 ans au Maroc. Quel bilan faites-vous de vos activités ?
Les années 60 ont été marquées par une stratégie d’expansion de la banque à l’international. En 1965, la banque a ouvert des succursales au Nigéria et au Cameroun et en 1967, nous nous sommes implantés au Maroc. Il s’agissait également d’une période où les relations américano-marocaines ont pris de l’importance, ce qui a incité à la création de la Chambre de commerce américaine au Maroc qui fête ses 50 ans cette année et dont je suis le président. Cette relation a abouti à la signature de l’accord de libre-échange entre le Maroc et les États-Unis, le seul en Afrique, il y a dix ans. La stratégie de la banque en termes d’interaction avec notre clientèle-cible est basée sur le tout digital en utilisant nos plateformes globales d’électronique bancaire pour les opérations de paiements, de change, de commerce international ou de conservation de titres. C’est pourquoi Citi au Maroc n’a pas déployé un réseau d’agence comme la plupart des pays où la banque est implantée. La majorité de nos échanges se fait de manière électronique.
Comment accompagnez-vous vos clients au Maroc ?
Au Maroc, nous apportons à nos clients des services classiques de banque d’entreprises. Nous aidons aussi nos clients marocains à accéder aux marchés de capitaux internationaux, à obtenir des financements auprès d’agences de crédit à l’export. Nous avons conclu plusieurs financements en partenariat avec U.S. Exim Bank et Overseas Private Investment Corporation des États-Unis (O.P.I.C.). Nous accompagnons nos clients lorsqu’ils décident d’émettre des obligations Eurobond. Par ailleurs, nous accompagnons nos clients globaux qui s’intéressent au Maroc en leur présentant des opportunités d’investissement ou en les informant des appels d’offres importants dans différents secteurs. Nous organisons des «road show» afin de faciliter leur décision d’investir dans des secteurs variés. Nous suivons aussi attentivement l’évolution de la Bourse de Casablanca qui est aujourd’hui la deuxième en Afrique en termes de capitalisation boursière. Avec le développement des sociétés cotées sur le continent africain, nous voyons de plus en plus d’intérêt de la part des investisseurs internationaux. Ceci conforte la stratégie de développement de notre activité de conservation de titres.
Quelles perspectives pour le Maroc ?
La stabilité politique, économique et fiscale du Maroc et le développement de Casa Finance City constituent une nouvelle dynamique pour nos clients dont l’intérêt pour le Maroc est grandissant. Nous pensons que cet intérêt ne fera que croître.
Quel rôle joue Citi dans les financements des projets environnementaux ?
Michael Eckhart, le responsable global pour les financements environnementaux au sein de Citi a joué un rôle important durant la COP22 en intervenant dans plusieurs ateliers relatifs aux perspectives du secteur bancaire. Citi s’est donnée pour objectif de mobiliser 100 milliards de dollars américains dans des projets de développement durables entre 2014 et 2024. Animée par une demande globale très forte, Citi a déjà mobilisé 48 milliards de dollars de financement en 2015. Nous jouons un rôle actif dans les émissions obligataires «vertes» (Green Eurobonds). Citi est aussi très fière d’avoir accompagné MASEN en tant que banque conseil pour le premier projet du Plan solaire du Maroc (Noor 1). Nous sommes aussi actifs dans le trading et le clearing des émissions de «carbon crédit» et nous avons déjà conclu quelques opérations de couverture au Maroc.