Lutte contre la pauvreté : Le diagnostic du gouvernement sortant
Avec une progression annuelle moyenne de 4,4% du revenu national brut par habitant, la baisse de la pauvreté s’effectue plus rapidement au sein du rural. Les inégalités, quant à elles, persistent, avec un creusement de l’écart entre les moins aisés et les plus aisés.
Le bilan et les projets programmés par le Fonds de cohésion sociale, de même que celui d’entraide familiale pour l’année 2017 donnent un aperçu global de l’impact des actions programmées par l’État en vue de lutter contre la précarité. Dans son diagnostic, le gouvernement sortant évoque plusieurs pistes en vue d’améliorer les interventions et le ciblage des populations qui restent marquées par le dénuement. En dehors des actions des deux fonds, ce sont essentiellement les projets d’infrastructures qui priment, avec un 78% d’accès aux routes par les habitants du monde rural. Le Fonds du développement rural et des zones montagneuses reste pour sa part éclipsé, malgré la revue à la hausse de son budget en 2015. Les constats les plus saillants du rapport dressé par le gouvernement se situent essentiellement au niveau des indicateurs de pauvreté, entre 2008 et 2011, au sein des zones d’action de l’INDH, avec une baisse annoncée de 26,7% à 7,8%. «L’INDH a accordé une grande importance à l’insertion économique et sociale des personnes pauvres ou sans emploi à travers les activités génératrices de revenus», indique le bilan du gouvernement sortant, qui ajoute que les interventions ont mobilisé un montant global de 4,7 MMDH, dont 63% du budget de l’INDH. Elles ont concerné plus d’un million de personnes.
Une lente évolution
Depuis son lancement en 2012, le Fonds d’appui à la cohésion sociale a annuellement contribué au RAMED, au programme Tayssir, à l’opération «1 million de cartables» et enfin à l’assistance aux personnes à besoins spécifiques. Les diverses catégories ciblées par le fonds nécessitent une meilleure gouvernance, notamment en vue de pouvoir lister les actions les plus urgentes. Ainsi, ce sont les efforts destinés à la scolarité qui arrivent en tête avec montant de 160 MDH, réservé fin août 2016 au programme Tayssir, après que l’année 2015 ait absorbé un budget de 196 MDH. La même priorité a été accordée à l’amélioration des conditions de vie des veuves en situation de précarité, ayant à leur charge des orphelins scolarisés âgés de mois de 21 ans. Les données du diagnostic gouvernemental montrent que l’impossibilité du cumul de ce soutien avec les autres aides a été étroitement surveillée. Le non cumul de la l’allocation du fonds concerne les bourses scolaires, les aides directes de Tayssir ainsi que toute aide directe payée par le budget de l’État ou celui des collectivités territoriales. Pour le Fonds de l’entraide familial, le dispositif géré par la CDG «est financé, essentiellement, par l’affectation de 20% des taxes judiciaires et est destiné à effectuer des versements à l’avance au titre de la pension alimentaire au profit de la mère démunie divorcée et de ses enfants», selon le rapport gouvernemental. Les statistiques indiquent que le montant des pensions versées à fin mai 2016, via la CDG, a atteint 92 MDH, pour 9.753 dossiers traités. Concernant 2015, ce sont 3.493 dossiers qui ont été traités pour un montant de 33,5 MDH.
Les retombées des performances économiques
L’analyse du gouvernement dégage un lien direct entre les performances économiques et l’amélioration des conditions de vie des populations ciblées. Le taux de pauvreté, selon les mêmes sources, s’est situé à 4,2% à fin 2014, alors que l’indicateur de vulnérabilité se fixe aux alentours de 11,5%. Malgré une baisse plus rapide en milieu rural du pourcentage de pauvres, le seuil de vulnérabilité reste inquiétant. «Bien que le taux de vulnérabilité ait reculé de 49,6% entre 2001 et 2014 au niveau national, il reste élevé dans les zones rurales avec 18,4% contre 6,9% dans les zones urbaines», constate l’évaluation gouvernementale du volet de l’impact des politiques publiques sur la hausse du niveau de vie. C’est l’indice Gini qui a été appliqué par le gouvernement en vue de mesurer l’écart du niveau de vie entre les plus aisés et les moins aisés, avec l’amer constat «d’un creusement des inégalités» entre les riches et pauvres et la quasi-stagnation de cet indicateur entre 1998 et 2014. Il est à rappeler que l’indicateur relatif à la réduction de l’abandon scolaire reste le plus significatif. Depuis son opérationnalisation, les taux d’absentéisme et d’abandon scolaire se situent, respectivement, à 60% et 68% au niveau des écoles cibles. Le nombre de ménages a atteint, lui, plus de 494.000 pour 812.000 élèves ciblés. Enfin, le lien évident entre la politique de réduction de la pauvreté et les ODD pousse à plus d’optimisme au cours des 5 prochaines années, en vue de pénétrer les zones fragilisées par l’absence d’activités génératrices de revenus. Une allusion directe est faite à l’engagement remarquable de l’INDH dans la mise à niveau des établissements scolaires ainsi que dans l’acquisition de moyens de transports scolaires. Les projets de ce genre ont mobilisé un investissement global de 4,6 MMDH, dont 3,1 MMDH supportés par l’INDH.