Mélilia : Le cheptel marocain non grata dans l’espace européen
La Commission européenne vient confirmer que les animaux vivants d’origine marocaine ne peuvent pas accéder à l’espace européen. La décision tombe après un long bras de fer entre le gouvernement de Mélilia et la communauté musulmane de l’enclave.
Le cheptel marocain pourrait constituer une menace pour les exportations espagnoles de viande. C’est la conclusion d’un avis rendu par la commission européenne, laquelle a été saisie par une eurodéputée socialiste pour trancher dans l’affaire d’interdiction d’importation des ovins nationaux à Mélilia. De fait, la réponse de Bruxelles, reprise par le portail El Faro de Melilla, souligne que «malgré le fait que les villes autonomes sont à l’écart des règles sanitaires relatives aux animaux, l’ensemble de l’État espagnol fait partie de l’Organisme international de la santé animale (OIE)».
Par conséquent, un problème touchant la santé animalière à Sebta et Mélilia affectera le statut de l’Espagne comme pays indemne de fièvre aphteuse. Selon l’avis rendu par l’instance européenne, une épidémie de fièvre aphteuse à Mélilia pourrait porter préjudice aux exportations de viande de l’ensemble du territoire espagnol. Le gouvernement de Mélilia a eu gain de cause dans ce bras de fer l’opposant aux partis politiques qui se sont rangés du côté de la communauté musulmane. Celle-ci contestait la décision prise par les autorités de la ville d’interdire le passage des moutons en provenance du Maroc, à la veille des derrières festivités d’Aid Al Kébir. Un brin conciliant, le président du gouvernement régional de Mélilla, Juan Imbroda, a souligné devant la presse que cette interdiction ne «comportait aucune manie persécutrice», en référence aux protestations de la communauté musulmane. De fait, la question d’interdiction d’importer le bétail marocain dépasse le cadre sanitaire et revêt plutôt un caractère politique, voire revendicatif. En témoigne l’emballement du haut responsable de la ville quant à la décision européenne. Imbroda a surfé sur cette reconnaissance européenne pour revendiquer la souveraineté de l’enclave. «Nous sommes des Européens, même si nous nous situons en Afrique», a-t-il réitéré, non sans fierté.
De toute évidence, ce feuilleton d’accusation et de contre-accusation entre les forces politiques du préside a levé le voile sur la sensibilité de la paix sociale entre le gouvernement du PP de l’enclave et la communauté musulmane. D’ailleurs, le parti Coalition pour Mélilia (CpM), qui représente les électeurs musulmans, n’est pas près de lâcher le morceau. La formation estime que la position des instances européennes est ambiguë. Selon Dounia Al Mansouri, député locale à l’assemblée de Mélilia, la seule certitude que révèle le texte est que Sebta et Mélilia ne sont pas des territoires européens mais considérés comme des pays tiers. La formation a souligné qu’elle maintient son recours déposé contre l’administration régionale pour contester l’interdiction et ce, dans un souci de défendre les coutumes et les traditions d’une partie importante des citoyens de Mélilia. Affaire à suivre !