Les Cahiers des ÉCO

«Les travailleurs subsahariens pourront avoir un contrat de travail sans passer par l’ANAPEC»

Abdeslam Seddiki : Ministre de l’Emploi et des affaires sociales

Le ministre de l’Emploi et des affaires sociales, Abdeslam Seddiki, a fait le déplacement sur Marrakech pour présider les travaux des mutualistes membres de l’Union africaine de la mutualité (UAM). Dans cette interview, il parle des enjeux de la mutualité au Maroc et sur le continent et évoque la situation des travailleurs subsahariens dans le royaume.

Les Inspirations ÉCO : Quelles convergences sont possibles entre le Maroc et les pays africains dans le domaine de la mutualité ?
Abdeslam Seddiki : Le Maroc est un pays africain qui entretient de bonnes relations avec ses partenaires sur le continent. Comme vous l’avez constaté, de nombreux pays ont été représentés à Marrakech lors du symposium international sur le «tiers payant». Cela traduit cette nouvelle orientation du Maroc, qui continue à procéder à un échange d’expériences avec ses partenaires sur le continent. Je tiens d’ailleurs à préciser que nous ne nous positionnons pas comme des donneurs de leçons, mais nous sommes dans une logique où nous nous inspirons aussi des expériences des pays africains dans le domaine de la mutualité.

Quels sont les problèmes rencontrés des deux côtés, notamment en termes de couverture maladie ?
Nos problèmes sont presque communs, mais à des degrés divers. Le secteur de la santé est capital pour tous les pays africains, y compris le Maroc. Les dépenses en matière de santé sont considérables et ne sont pas à la portée des populations vulnérables. Il va donc falloir faire preuve d’imagination afin de trouver les moyens idoines pour assurer les soins médicaux. Et dans ce sens, le «tiers payant» figure parmi les pistes envisagées car il permet aux patients de se faire soigner en ne payant que des montants dérisoires. Je pense que cela est important pour améliorer le système de santé public dans nos pays.

Lors du dernier discours royal, à l’occasion de la Révolution du roi et du peuple, il a beaucoup été question des Subsahariens au Maroc. Sur la question du travail, comment évolue leur situation ?
C’est un dossier qui évolue dans le bon sens. Pratiquement toutes les personnes dont la situation est régulière sur le plan administratif jouissent des mêmes droits que les travailleurs marocains. Quand je parle de droits, je fais allusion aux droits sociaux, d’accès au travail, aux soins, à l’éducation, etc. Je ne peux pas dire que les choses sont parfaites, mais la volonté y est. Et nous sommes disposés à surmonter les problèmes éventuels qui se posent à nous.

À quels types de difficultés globalement sont-ils confrontés ?
Les problèmes du travailleur d’origine subsaharienne sont les mêmes que celui marocain. Je comprends malgré tout que certains travailleurs étrangers soient confrontés à des situations difficiles, mais le Maroc assume sa responsabilité en tant que terre d’accueil et affiche sa solidarité avec nos frères africains.

Presque tous sont obligés de passer par l’ANAPEC pour avoir un contrat de travail légal. C’est un grand obstacle à leur accès au marché du travail…
Je crois que ce problème est réglé. Les agences de l’ANAPEC reçoivent et offrent les mêmes services aux demandeurs d’emplois marocains qu’aux étrangers légalement établis au Maroc. Nous avons même inauguré à l’agence d’Agdal à Rabat un service dédié aux travailleurs étrangers, en compagnie de mon collègue gouvernemental en charge de la migration.

Est-ce que tous les ressortissants subsahariens pourront désormais avoir un contrat de travail sans pour autant passer par l’ANAPEC ?
Oui, ils pourront désormais l’avoir sans passer par l’ANAPEC. C’est une évolution positive pour leur faciliter l’intégration et l’insertion dans la vie socio-économique marocaine. 


Une vieille revendication satisfaite ?
Au Maroc, en raison des dispositions réglementaires, seuls les ressortissants d’une poignée de pays, avec lesquels le Maroc a signé des conventions d’établissement, peuvent avoir accès à un emploi sans trop de contraintes. En effet, hormis les expatriés de certains pays du Maghreb comme la Tunisie et l’Algérie ou de rares pays subsahariens comme le Sénégal, tous les autres postulants étrangers à un poste de travail doivent impérativement avoir l’aval du ministère de l’Emploi (La loi n° 65.99 relative au Code du travail). Même si un ressortissant étranger réussit à décrocher un CDI (contrat à durée indéterminé), son employeur doit chaque année renouveler ce contrat via l’ANAPEC (Agence nationale de promotion de l’emploi des cadres). En cas de refus, ledit travailleur perd tous ses droits (pas d’indemnités de licenciement, etc.) et se retrouve dans l’irrégularité, car l’autorisation de l’ANAPEC est indispensable pour renouveler la fameuse carte de séjour auprès de la police. Conséquence, le travailleur étranger est maintenu dans une fragilité permanente qui l’expose à une rupture de son contrat à tout moment. «Le respect et l’application des conventions internationales pour la protection des droits des travailleurs migrants et de leur famille» est une vieille revendication des associations de défense des droits des immigrés.



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