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Céramique : Les importateurs ne lâcheront rien

L’Association nationale des professionnels de la céramique et du second œuvre ne compte pas se laisser faire. Après avoir retenu son président, au bord de la démission, les importateurs ont décidé de contre-attaquer et d’anticiper les résultats de l’enquête sur le dumping supposé.

À l’instar du papier et de l’acier, la céramique passe par le crible de l’enquête antidumping suite à une plainte déposée auprès du département du Commerce extérieur par les producteurs locaux. Sont visées par l’enquête les importations de carreaux en céramique en provenance d’Espagne, jugées dommageables pour le secteur national. Selon les plaignants, représentés par l’Association professionnelle des industries céramiques (APIC) dirigée par Mohsine Lazrak, le secteur ne peut souffrir d’une concurrence déloyale sur un marché aussi sensible à la composante «prix» par laquelle les avantages comparatifs sont définis.

Plus précisément, les producteurs nationaux reprochent aux producteurs/exportateurs espagnols de carreaux et dalle de pavé ou de revêtement vernissé ou émaillé en céramique de manipuler les prix afin de mettre en difficulté le secteur national. Pour autant, l’Association nationale des professionnels de la céramique et du second œuvre (APISA) ne voit pas les choses du même œil. Son président, Youssef Belkaid, qui était sur le point de démissionner jeudi dernier et qui en a été dissuadé par les membres de l’Assemblée générale extraordinaire, ne compte pas laisser faire la commission d’enquête, et entend défendre la cause des importateurs qui, selon l’association, existent pour une raison logique et évidente: le marché marocain ne peut pas se suffire de la production nationale pour couvrir ses besoins, d’autant plus que cette dernière ne répond pas, dans son intégralité, aux critères de qualité exigés. Selon nos informations, l’association compte assumer elle-même un effort d’enquête afin de présenter ses conclusions au département du Commerce extérieur, afin que ce dernier puisse les joindre aux siennes, et les prendre en considération avant de prendre une décision.

Et cette décision, les importateurs la redoutent parce qu’elle peut s’aligner sur les mesures prises pour les autres produits concernés par des mesures de sauvegarde ou des boucliers antidumping. Ces mesures consisteraient ainsi en la mise en place d’entraves supplémentaires à l’importation de céramique en provenance d’Espagne, conformément aux dispositions prévues par l’article 78 de la loi N°15-09, relative aux mesures de défense commerciale.

S’il est effectif, ce dispositif prévoira un droit additionnel ad valorem (à déterminer en fonction de l’estimation faite du dommage potentiel), et sera appliqué sur les importations de céramique de toutes natures et utilisation, à partir du moment qu’ils entrent dans la définition faite du dumping constaté. Le bouclier couvrira, pendant une période définie par les plaignants et par le département du Commerce extérieur, et protégera ainsi la rentabilité des producteurs nationaux en leur octroyant un avantage comparatif inouï: celui de vendre moins cher que la concurrence étrangère à hauteur du droit additionnel imposé. Or, si cette mesure devrait leur redonner le sourire, cela sera loin d’être le cas chez les importateurs qui, eux, fustigent ce qu’ils ne sont pas loin de considérer comme étant de l’«assistanat» qui ne règle nullement le problème.

Pour eux, la difficulté pour les producteurs réside non pas au niveau de la concurrence, estimée légale et saine par les importateurs, mais plutôt au niveau de la qualité de la céramique produite. Ils font ainsi valoir leur long combat en faveur de l’imposition de normes de qualité aux actuels plaignants, et de les tenir par une charte d’engagement qualitatif qui répondrait pleinement à la demande du marché marocain, ce qui n’est, selon eux, pas encore le cas aujourd’hui. Pour l’heure, les chiffre avancés par les producteurs marocains de céramique font état d’un prix à l’exportation unitaire moyen de 2,75 euros/m² à la sortie d’usine (coût de revient pour les producteurs espagnols), un prix jugé «anormalement bas». De plus, les importations ont augmenté de plus de 86% entre 2011 et 2015, ce qui équivaut à un passage de 7 millions de m² à un peu plus de 13 millions de m², selon l’Office des changes. Qui de l’APIC ou de l’APISA va obtenir gain de cause? On attend les conclusions du département du Commerce extérieur pour le savoir. Ce qui est sûr, c’est que les importateurs ne comptent rien lâcher. Affaire à suivre.  


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