Union africaine : Les amis du Maroc passent à l’offensive
Vingt-huit pays membres de l’Union africaine viennent d’adresser un message à Idriss Déby, président en exercice de l’institution, pour solliciter la suspension de la république du Polisario des activités et des organes de l’UA. Les amis du Maroc, qui constituent déjà plus de la moitié des membres de l’organisation continentale, entendent par là consacrer la neutralité de l’institution dans un différend régional en cours de règlement à l’ONU.
Les choses bougent et s’accélèrent au niveau de l’Union africaine (UA) depuis que le Maroc a dévoilé son intention de reprendre sa place au sein de l’organisation continentale. Aussitôt la teneur du message royal portée à la connaissance des chefs d’États et de gouvernement qui assistaient au 27e sommet de l’organisation, 28 pays membres de cette même organisation ont adressé une motion au président en exercice de l’UA, le tchadien Idriss Déby, dans laquelle ils réclament une suspension de la RASD des activités et des organes de l’UA.
Dans leur lettre, portant le sceau du président de la république gabonaise, Ali Bongo Ondimba et préparée à l’initiative du Sénégal, les 28 chefs d’États signataires ont regretté l’absence du Royaume du Maroc des instances de l’Union Africaine, tout en se disant par la même occasion «conscients des circonstances particulières dans lesquelles la RASD a été admise à l’Organisation de l’unité africaine».
Ils ont, par la même occasion, accueilli «très favorablement» la teneur du message historique adressé par le roi Mohammed VI et ont salué «la décision du royaume du Maroc, membre fondateur de l’OUA et dont la contribution active à la stabilité et au développement du Continent est largement reconnue, d’intégrer l’Union africaine». Les 28 chefs d’États ont également fait part de leur engagement à «œuvrer pour que ce retour légitime soit effectif dans les meilleurs délais». Ces pays ont enfin convenu «d’agir en vue de la suspension, prochaine, de la RASD des activités de l’Union africaine, et de tous ses organes, afin de permettre à l’UA de jouer un rôle constructif et de contribuer positivement, aux efforts de l’ONU, pour un dénouement définitif au différend régional sur le Sahara».
Coup de maître diplomatique
La décision du Maroc de réintégrer l’UA commence donc à produire ses effets, bien avant que la procédure ne soit véritablement enclenchée. La demande du royaume sera très prochainement déposée au niveau de la présidence de la Commission de l’Union mais déjà, le Maroc peut compter sur le soutien de la majorité des pays membres de l’UA, ce qui lui ouvre la voie d’un retour par la grande porte. La motion déposée par les 28 états qui demandent la suspension de la RASD va également constituer un autre motif de satisfaction pour la diplomatie marocaine puisque désormais le sujet sera au devant des activités de l’UA. L’initiative est, certes, plus symbolique dans le contexte actuel puisque selon les textes de l’UA, la suspension n’est prononcée qu’à l’égard d’un pays membre dont le gouvernement accède au pouvoir par des moyens anticonstitutionnels.
Toutefois, les pays membres peuvent soumettre des propositions d’amendement ou de révision de l’acte constitutif de l’organisation. La procédure est un peu longue et assez complexe mais de toutes les manières, le Maroc a fait part de sa volonté de reprendre sa place au sein de l’organisation continentale sans aucune condition. Dans un cas comme dans l’autre, les pays signataires de la motion ont demandé à ce qu’elle soit versée parmi les documents du sommet de Kigali et distribuée auprès des Etats membres.
En mettant fin à la politique de la chaise vide, le Maroc engrange donc les premiers fruits de son offensive diplomatique et avec son retour programmé, pourra mieux défendre ses intérêts avec le soutien de ses pays amis en attendant que la liste s’allonge. Si 28 pays ont signé la motion, ils sont au moins 34 pays à ne plus reconnaitre la pseudo-république au sein même de l’UA. Plusieurs chefs d’États non signataires pour diverses raisons envisagent en effet d’apporter leur soutien au royaume afin qu’il retrouve sa place au sein de l’UA, laquelle trouvera plus à gagner en restant neutre dans le conflit régional du Sahara.
Alassane Dramane Ouattara
Président de la Côte d’Ivoire
Nous avons noté le retour du Maroc au sein de l’Union Africaine et je suis heureux de cette décision car le Maroc est un grand pays africain qui joue un rôle important dans les domaines de la sécurité, de la diplomatie, de l’économie et des finances».
Macky Sall
Président du Sénégal
La motion présentée lundi à Kigali par 28 pays membres de l’Union africaine est en rapport avec le droit international. Le Sénégal fait partie des pays qui ont demandé au Royaume de faire tout son possible pour rejoindre notre famille».
Listes des pays signataires de la motion de Kigali
Bénin
Burkina Faso
Burundi
Cap Vert
Comores
Congo
Côte d’Ivoire
Djibouti
Érythrée
Gabon, Gambie
Ghana
Guinée
Guinée-Bissau
Guinée Équatoriale
Libéria
Libye
République Centrafricaine
République Démocratique du Congo
Sao Tomé
Sénégal
Seychelles
Sierra Leone
Somalie
Soudan
Swaziland
Togo
Zambie.