Importation des déchets : Le gouvernement tranche pour l’interdiction
Lors du point de presse tenu à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement, le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, a annoncé la décision de l’Exécutif d’interdire toute importation de déchets. Pour les 2500 tonnes déjà importées d’Italie, il a été décidé d’arrêter leur traitement.
Coup de théâtre dans l’affaire des importations des déchets. Lors du point de presse tenu, jeudi, à l’issue de la réunion du Conseil de gouvernement, le ministre de la Communication, Mustapha El Khalfi, a annoncé la décision de l’Exécutif d’interdire toute importation de déchets. Pour les 2.500 tonnes déjà importées d’Italie, il a été décidé d’arrêter leur traitement. «Plus précisèment, il s’agit pour ces derniers d’une suspension en attendant une décision finale basée sur les conclusions de l’enquête en cours», nous confie El Khalfi. Cette décision intervient à un moment où l’Italie est entrée en scène pour calmer l’opinion publique.
En effet, Gian Luca Galetti, ministre italien de l’Environnement, confirme la version des faits donnée par son homologue marocaine, Hakima El Haité (photo), insistant sur le caractère inoffensif des déchets exportés vers le royaume. Aussi, Galletti a qualifié d’«absolument infondée» l’information selon laquelle un accord prévoyant l’exportation vers le Maroc de déchets italiens aurait été signé le 6 juin dernier à Rome par les deux ministères au moment de la célébration du trentième anniversaire du ministère italien de l’Environnement. Une cérémonie à laquelle El Haité a assisté. Il a en effet déclaré qu’«il n’y a pas d’accord entre les ministères italien et marocain de l’Environnement pour l’élimination ou le traitement des déchets produits sur le territoire national italien». Galletti, par ses propos, contredit par là même les spéculations faites concernant l’enclenchement probable d’un programme d’importation continue de déchets italiens pour leur combustion régulière au sein des cimenteries du royaume.
Il a, par ailleurs, répondu concernant la provenance des déchets en question, précisant que le point de départ de l’embarcation était Pescara (dans la région des Abbruzzes), infirmant ainsi les informations véhiculées, erronées selon lui, qui avancent que les 2.500 tonnes de déchets exportées vers le Maroc provenaient des décharges de la Campanie (sud de l’Italie). Pour soutenir ses affirmations, le ministre italien a fait référence aux conclusions d’une enquête réalisée en interne, lesquelles prouvent non seulement la provenance exacte des déchets, mais également leur conformité avec les lois en vigueur devant permettre leur transport transfrontalier.
Rappelons ici que Hakima El Haité insiste elle aussi sur le fait que cette opération d’importation a été réalisée en conformité avec les dispositions prévues par la loi n°28-00 relative à la gestion des déchets et à leur élimination, ainsi qu’avec la convention de Bâle relative aux mouvements transfrontaliers des déchets que le Maroc a adoptée en 1995. Aussi, l’importance accordée par le ministre italien au point de départ de la «cargaison» n’est pas anodine puisque la provenance définit la nature des déchets importés.
En effet, la décharge située dans la Campanie n’est pas équipée des mêmes dispositifs de tri des ordures présents sur le site de Pescara. Par conséquent, les «produits» ne répondent pas à la même nomenclature parce que foncièrement différents par essence. Ceux importés, comme le déclarent conjointement El Haité, Galetti et l’Association professionnelle des cimentiers (APC) se définissent comme étant des «Refuse Derived Fuel – RDF».
Ces déchets, minutieusement triés, sont rassemblés en fonction de leur potentiel de combustibilité industrielle : ils servent de relais au fuel industriel et la capacité des fours, dont les cimenteries sont dotés, permet leur transformation en carburant devant faire fonctionner leurs machines. Notons que la technique de co-combustion de déchets RDF, telle que défendue par les ministères marocain et italien de l’Environnement et par les cimentiers présents au Maroc, est considérée par plusieurs États qui la pratiquent comme étant une alternative crédible aux énergies fossiles, à partir du moment où les combustibles acheminés vers les flammes des cimenteries répondent à l’ensemble des critères de validité imposés par le processus.