Pôle tourisme de la CDG : Un gouffre financier de 23 MMDH
Le pôle tourisme du groupe CDG se prépare à une grande mutation. L’institution publique veut recadrer son investissement et limiter les pertes enregistrées depuis cinq ans dans ce secteur.
Retrouvez l’intégralité de cet article dans l’édition disponible en kiosques, ou en version e-PaperLes sociétés d’aménagement des stations de Saïdia et Taghazout, ainsi que le fonds Madaëf ont essuyé des pertes de 18 MMDH en 2013 et de 23,4 MMDH en 2014. En clair, le gouffre financier de l’institution ne fait que se creuser au fil des ans. D’ailleurs, trois sociétés sur les quatre composant le pôle tourisme enregistrent des résultats nets négatifs (voir schéma). Les investissements consentis dans l’aménagement des deux stations du Plan Azur expliquent cette situation (220 MDH pour Saïdia et 10 MMDH à Taghazout).
Principal aménageur touristique
Au fur et à mesure de l’implémentation de la stratégie touristique nationale dans ses versions 2010 et 2020, la CDG est devenue le principal aménageur et développeur touristique du Maroc. «Accompagnateur engagé de la politique touristique nationale, la CDG consacre des investissements substantiels pour renforcer la capacité d’accueil du secteur, faire émerger de nouvelles destinations attractives», se vante la CDG. L’institution publique a été amenée soit à remplacer des investisseurs privés en difficulté (Taghazout et Saïdia), soit à être présente dans le tour de table comme «institutionnel» avec des investisseurs étrangers (cas de Mazagan). Cette présence tous azimuts s’est prolongée dans les nouvelles stations prévues par la Vision 2020 destinées au tourisme interne. La CDG est présente dans cinq stations de ce type en tant qu’aménageur-développeur (Oued Chbika, Chrifa, Souani, Tamuda Bay et Tafoult) et en tant qu’aménageur dans quatre sites (Aguedal, Oued Fès, Ghandouri et Zahrat Nakhil). En plus de ses nouvelles participations à partir de 2011, la CDG est un acteur historique du secteur du tourisme. Le groupe œuvre également dans le développement et la gestion hôtelière, via sa filiale Hotels and Resorts of Morocco (HRM). L’ex-Sogatour gère un parc de 16 hôtels au Maroc, pourvu d’une capacité de 3.825 lits.
Pertinence des participations
Face à la multiplication de ces investissements dans le tourisme, la CDG veut revoir sa copie. Le groupe vient de lancer un appel d’offres pour sélectionner un bureau d’études pour l’accompagner dans «la gestion de son portefeuille touristique et foncier, ainsi que dans le dispositif de pilotage qui lui est associé». Durant les six prochains mois, l’institution va être accompagnée par un cabinet conseil pour mener à bien cette réflexion. Au terme de cette consultation, la CDG veut améliorer sa maîtrise des coûts, délais et qualité des réalisations des projets en développement. L’optimisation des performances opérationnelles et financières du patrimoine financier et foncier et la minimisation des risques inhérents aux activités touristiques et foncières sont égalemet visées.
Cette dernière exigence répond aux différents rapports d’audit mettant en garde contre les «risques de continuité d’exploitation», dont certaines filiales où la CDG est actionnaire. Parmi les filiales citées par ce rapport de 2012, se trouve ResortCo, qui porte le projet de Mazagan. Cette filiale, détenue à 42,6% par la CDG, a enregistré des pertes de 370 MDH en 2011. Cette volonté de recadrage par la maison mère de la gestion de l’activité touristique coïncide avec la publication du dernier rapport de la Cour des comptes sur la situation des établissements publics. «La CDG détient plusieurs filiales et participations structurellement déficitaires, dont certaines portent des projets entrant dans le cadre de la mise en œuvre de politiques sectorielles initiées par l’État», constate la Cour. Cette instance recommande de mettre «un accent particulier sur l’analyse de la pertinence des créations des filiales ou prises de participation par le groupe».
La Cour des comptes rejoint la position de la Direction des établissements publics et de la privatisation. Les deux instances estiment que «les missions de la CDG consistent à adresser des créneaux porteurs et rentables pour notamment garantir et rentabiliser les fonds de prévoyance sociale confiés à la caisse».