Raja Club Athletic : Les finances de la discorde

Rédaction K25/06/2016

L’AGO du Raja tenue cette semaine était certes houleuse, mais a marqué une rupture avec le «béni-oui-ouisme». Le 19 juin 2016 restera gravé dans les annales des assemblées générales de ce club. En effet, sur la forme, on a dépassé l’ère des assemblées qui finissaient toujours par des applaudissements et une carte blanche au président. «Désormais, il faut appliquer le principe de reddition des comptes», a déclaré Jawad El Amine, adhérent et pharmacien.

Sur le fond, une grande partie des adhérents n’était pas convaincue des chiffres qui lui étaient exposés et réclamait les détails de dépenses jugées exagérées. «Avec presque 75 MDH d’engagements d’ici 2018, la situation est plus que jamais intenable pour une association sportive», a affirmé Hicham Hilmi, adhérent et auditeur-banquier. En effet, les chiffres donnent le vertige. Le déficit s’élève à 19,8 MDH (cf. 12,7 MDH, déjà un an auparavant), les dettes à 75 MDH, dont 63,8 MDH envers les joueurs à 65% exigibles à court terme et 11,2 MDH envers les fournisseurs, un solde bancaire déficitaire de 8,4 MDH… Les états financiers présentaient même des erreurs, pour ne citer que la rubrique dons et subventions, «gonflée» de 5 MDH, dont on ignore la destination !

Audit judiciaire
Cette situation, peu reluisante, a été étayée par les réserves émises par Mohamed Tawfik, commissaire aux comptes du club, qui les regroupe en quatre principales :

«1- Une créance de 11 MDH des membres du bureau ne figure nulle part dans la comptabilité du club.

2- Des cotisations CNSS de 1 MDH en impayés.

3- Des produits à recevoir non recouvrables.

4- Des impôts non payés pour 30 MDH et non provisionnés. Devant cette situation, on est dans l’incertitude de continuité d’exploitation vu les difficultés financières précitées», lance à la stupéfaction générale, Tawfik. Une déclaration à effet de séisme qui a créé un vif débat sur les causes ayant attiré le club dans ce gouffre. «Il n’est pas tolérable qu’une association vive au-dessus de ses moyens en contractant des crédits bancaires et en engageant des dépenses dont le recouvrement par des recettes est incertain», nous confiait Adil Halla, adhérent et résident à Washington, venu spécialement pour cette assemblée générale. Dans cette ambiance délétère, le rapport financier n’a pas été voté et plusieurs adhérents sont décidés à faire valoir leurs droits à la transparence par voie de justice. «Nous allons saisir la justice pour un audit financier en nous appuyant sur des cabinets d’avocats et de conseil juridique afin de lever le voile sur le fin détail d’une situation financière chaotique. En fonction des résultats de ces audits, nous déciderons des démarches à entreprendre», déclarait à la presse Mohamed Ouassil, adhérent et chef d’entreprise.