Petits pélagiques : Une nouvelle étude dans le pipe
Une nouvelle étude de restructuration et de mise à niveau de la filière des petits pélagiques au Maroc est dans le pipe. L’étude en serait au stade de l’élaboration d’une nouvelle stratégie dédiée à ladite filière.
Près d’un an après son entrée en vigueur, le Plan d’aménagement des petits pélagiques sera-t-il revu ? Selon des sources bien informées, le décret d’application paru au BO en janvier 2015, par lequel quelque 760 bateaux de pêche opéraient sur la zone nord de Boujdour, pourrait être amendé. Une étude dédiée à la filière des petits pélagiques serait, en tout cas, en cours de finalisation au département de l’Agriculture et de la pêche maritime, affirment des sources officieuses au ministère d’Aziz Akhannouch. L’étude, qui porte sur la restructuration et la mise à niveau de la filière des petits pélagiques, est encore confidentielle, mais nos sources révèlent que le ministère est à l’œuvre pour faire aboutir un vaste chantier de refonte de cette filière.
«Nous avons terminé la phase de diagnostic et allons bientôt entamer la phase d’élaboration de la stratégie. C’est dans le cadre de cette nouvelle stratégie que nous allons aborder toutes les questions et les problématiques rencontrées par la filière des petits pélagiques au Maroc», est-il indiqué. Mettre en place une stratégie de promotion de cette filière passera par le traitement de toutes les problématiques et les goulots d’étranglement du secteur, explique notre source.
Ce travail se fera «en partant des contraintes actuelles, des problématiques d’approvisionnement, de régularité de cet approvisionnement, de saisonnalité, des problématiques de marché, de saturation d’un certain nombre de marchés à l’export mais en partant aussi des problématiques de valorisation et des procédés de valorisation qui restent très conservateurs et classiques, des problèmes de la farine de poisson, qui continue d’absorber de grandes quantités de matières premières», détaille la même source qui n’omet pas de citer les problématiques du marché intérieur.
Épuisement des stocks
Sur le marché local, disons-le, les problématiques sont innombrables. Surexploitation, pêche illicite, utilisation de moyens prohibés pour pêcher la sardine, etc. Certains professionnels décrient même un épuisement des stocks des pélagiques au Maroc, ce qui expliquerait la hausse des prix du poisson sur les marchés, notamment en ce mois de ramadan.
À Casablanca, par exemple, durant ce mois sacré, le prix de la sardine a atteint 25 voire 30 DH. Pour Redouane Rochdi, président de l’Association nationale des mareyeurs grossistes de poissons blancs, les marchés auraient connu récemment un problème d’approvisionnement en raison de la diminution des ressources. «Depuis un certain temps déjà, nous avons constaté que l’offre est inférieure à la demande. Derrière cet épuisement, il y a la surexploitation», ajoute-t-il. Au port de Casablanca, par exemple, certains armateurs n’hésitent même pas à capturer les juvéniles, pour cette raison d’épuisement des stocks. il faut dire que les petits pélagiques ne sont pas les seuls concernés.
Sur la période du 27 au 30 mai dernier, les captures n’ont pas dépassé quelque 50 caisses, contre 200 caisses il y a quelques mois, souligne le mareyeur. Pour sa part, Mohamed Naji, professeur à l’Institut vétérinaire et agronomique Hassan II et expert dans la filière des ressources halieutiques ne partage pas le diagnostic établi par Rochdi. Selon lui, la flambée des prix est expliquée par les nombreux intermédiaires et intervenants sur le marché, qui souffre d’un «problème de régulation et de gestion du marché. Si le marché était structuré autrement, on aurait pu maintenir le prix de la sardine à des niveaux qui ne dépasseraient pas les 10DH sur toute l’année».
Le contrôle à renforcer
Cependant, l’expert tire la sonnette d’alarme et appelle à des contrôles renforcés au niveau de certaines zones, lesquelles ont fait l’objet d’une surexploitation. «Au Maroc, il y a plusieurs sortes de petits pélagiques. La situation des différents stocks est variable. Si le stock «C» situé dans le sud est très important et reste, pour le moment, sous-exploité. Certains stocks connaissent effectivement un épuisement.
C’est le cas notamment des stocks se trouvant en Méditerranée et dans la zone Atlantique nord. Le stock central, quant à lui, est pleinement exploité et n’offre pas de potentiel suffisant pour le développement de la filière des petits pélagiques», explique-t-il. Larbi Mhaidi, président de la Confédération des chambres de pêche, tient, pour sa part, à souligner que la pêche artisanale serait responsable de l’épuisement des stocks des petits pélagiques. «Ce sont surtout les opérateurs de la pêche artisanale qui pêchent dans les zones interdites, en utilisant des filets maillants dérivants, qui, notons-le, sont interdits», déplore Larbi Mhaidi.
Ces dernières années, les professionnels ont, en effet, vu l’effondrement du stock des petits pélagiques, à cause de la pêche dans les zones interdites. «Contrairement aux armateurs de la pêche côtière, lesquels sont contrôlés par les VMS, les opérateurs de la pêche artisanale, qui violent la loi, ne sont pas concernés par le plan d’aménagement des petits pélagiques et donc ne sont pas contrôlés par lesdits appareils de contrôle (VMS)», dénonce Larbi Mhaidi, qui n’exclut pas l’éventuelle révision du plan d’aménagement des petits pélagiques (www.leseco.ma).