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Intégration régionale : La recette de la BAD pour relancer l’UMA

La Banque africaine de développement vient d’identifier un certain nombre de projets régionaux à financer pour relancer l’intégration maghrébine. 5 secteurs clés devraient retenir l’attention : l’industrialisation et le développement de chaînes de valeurs, les énergies renouvelables, le transport, la logistique et les infrastructures y afférentes, les services financiers et le secteur de l’agriculture et la sécurité alimentaire.

Véritable arlésienne, l’intégration maghrébine est en attente depuis près de trois décennies. Un blocage qui s’explique d’abord par des raisons politiques. Mais rien n’empêche, aux yeux de la Banque africaine de développement (BAD) et du secrétariat de l’UMA, de travailler le renforcement de l’intégration. Les deux institutions se sont réunies, la semaine dernière, pour explorer les pistes de relance de l’union. Concrètement, les experts de la BAD estiment qu’en insistant sur certains secteurs clés de l’économie des pays de la région, cela aboutira, in fine, à une facilitation de l’intégration.

Pour la BAD, la région doit se focaliser sur cinq secteurs principaux, à savoir l’industrialisation et le développement de chaînes de valeurs, l’énergie, y compris les énergies renouvelables, le transport, la logistique et les infrastructures y afférentes, l’intégration des services financiers et le secteur de l’agriculture et la sécurité alimentaire L’atelier de travail a porté sur la transformation structurelle de l’Afrique du Nord au travers de l’intégration économique. Il a permis d’identifier un certain nombre de projets régionaux à présenter à la BAD pour le financement. C’est le cas notamment de l’accompagnement de la Banque maghrébine pour l’investissement et le commerce extérieur, le renforcement des infrastructures routières transfrontalières, la facilitation du commerce régional et des projets communs du secteur privé. «Ces projets seront étudiés soigneusement avec l’Union maghrébine des employeurs», précise un communiqué conjoint de la BAD et du secrétariat de l’UMA.

Il faut dire que la relance de l’intégration maghrébine devient inévitable dans le cadre de la situation d’instabilité politique, sécuritaire et économique que connaît la région. Dans une récente sortie médiatique à l’occasion du 9e Colloque international, sur «20 ans de l’OMC, l’intégration de l’Afrique et les méga-accords commerciaux régionaux», le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, Mohamed Abbou, a évoqué le processus de mise en place de la zone de libre-échange maghrébine. Le ministre a fait part, à cette occasion, de son souhait de voir le processus d’intégration dans la région «entamé le plus tôt possible». Pour Abbou, le processus accuse, d’après lui, un certain retard avec un coût négatif en termes de croissance, pour l’ensemble de l’Afrique du Nord.

Le secrétaire général de l’UMA, Habib Ben Yahia, a souligné, dans le cadre de la dernière réunion avec la BAD, «la nécessité d’accélérer le processus d’intégration économique pour pouvoir faire face aux turbulences économiques et sociales dues principalement à la hausse des prix des denrées alimentaires et la chute des prix du pétrole, ainsi qu’aux dangers d’ordre sécuritaire et des menaces transfrontalières». Pour sa part, le directeur du bureau d’Afrique du Nord de la BAD, Jacob Kolster, a insisté sur «la nécessité de proposer des idées concrètes et des projets à soumettre à la BAD pour financement». Il est à noter que la banque a prévu un montant de 500 millions d’euros sur cinq ans pour financer des projets publics ou privés dans la région. Une action qui s’intègre dans le cadre de la stratégie d’intégration régionale de la BAD en Afrique du Nord pour la période 2016-2020.

Pour l’instant, aucun progrès n’a pu être concrétisé sur le plan diplomatique. Seuls quelques protocoles techniques ont été annexés au projet en 2010. «Mais l’accord en lui-même n’est pas mis en œuvre et pour l’instant, il n’y a pas de concertation sur les fondamentaux», explique Mohamed Benayad, secrétaire général du ministère du Commerce extérieur.


 

2% du PIB perdus par an

Les représentants des pays membres, présents dans le cadre de cet événement, ont également exprimé leurs positions et ont fait part de la nécessité de pousser l’intégration vers l’avant en mettant en exergue les nombreux atouts dont disposent les pays d’Afrique du Nord, en termes de ressources minières et énergétiques, de ressources humaines et d’infrastructure. Tous les participants ont convenu que grâce à l’intégration, le Maghreb pourrait devenir une puissance régionale dans les différents secteurs et un hub stratégique entre l’Europe, l’Afrique subsaharienne et le continent américain. Les différentes estimations du coût du non-Maghreb interpellent à ce titre. À en croire le secrétariat de l’UMA, en renonçant à l’intégration, chaque pays de la région renonce à environ 2% de son taux de croissance annuel. De son côté, la Commission économique de l’Afrique considère que l’UMA ferait gagner aux cinq pays-membres l’équivalent de 5% de leurs PIB cumulés. Pour sa part, la Banque mondiale estime qu’une intégration profonde (dépassant le simple cadre de la libéralisation des marchandises et prenant en compte les services et l’investissement) ferait croître le PIB réel par habitant sur une dizaine d’années entre 24% et 34%.



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