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Dérèglement climatique : L’Afrique en quête de son idylle industrielle

L’urgence, pour l’Afrique du Nord, va bien au-delà de la conjoncture économique ou du contexte politico-sécuritaire, à l’heure où les effets des changements climatiques s’accélèrent. La menace environnementale et climatique ainsi que les potentialités industrielles qu’elle soulève, ont été retenue au cœur de la 31e session du Comité intergouvernemental d’experts des Nations Unies, qui s’est tenue hier mardi à Rabat.

L’Afrique du Nord traverse l’une des phases les plus troubles de son histoire moderne. Une crise durable qui, espérons-le pour la majorité des pays de la région, tend plutôt vers son terme que vers son amorçage. Ceci dit, une menace globale, encore plus profonde, plane sur la région bien plus que dans d’autres contrées du globe, et menace le développement des sept pays que compte la région. Il s’agit en l’occurrence de la menace environnementale et climatique, qui a été retenue et se trouve au cœur de l’ordre du jour de la 31e session du Comité intergouvernemental d’experts (CIE) des Nations Unies, qui s’est réuni hier mardi à Rabat, sous le thème «l’Économie verte, une voie pour l’accélération industrielle en Afrique du Nord».«L’urgence, pour l’Afrique du Nord, va bien au-delà de la conjoncture économique ou du contexte politico-sécuritaire.

À l’heure où les effets des changements climatiques s’accélèrent, se traduisant notamment par les sécheresses au Maroc ou la montée des eaux de la mer dans les zones agricoles égyptiennes, un chiffre révèle la gravité de la situation et la nécessité d’agir pour préserver les prochaines générations : l’Afrique du Nord utilise aujourd’hui près de 80% de ses ressources en eau contre seulement 3% dans le cas du reste du continent africain et 8,8% dans le reste du monde», s’alarme Nassim Oulmane, directeur par intérim de la Commission économique de l’ONU pour l’Afrique du Nord.

Idylle indutrielle
Du coup, la menace ne se limite pas à l’environnement naturel, elle le transcende vers l’environnement économique, dont la composante industrielle. Il faut dire que l’industrie est d’abord perçue, à juste titre, comme un coupable majeur du dérèglement climatique, mais aujourd’hui, faute de pouvoir envisager un monde complètement désindustrialisé, l’enjeu est de réussir à faire émerger une économie verte où les industries contribueraient à la protection de la planète tout en créant de la richesse et de l’emploi. Voici une vision idyllique, belle par ses ambitions, extrêmement complexe dans son éventuelle mise en œuvre, surtout que la couleur verte a perdu de sa pertinence environnementale à cause de son instrumentalisation malintentionnée par un large pan de l’industrie. Un défi de plus pour la prochaine COP marocaine, qui approche à grands pas.


 

Hakima El Haite
Ministre déléguée chargée de l’Environnement

Les Inspirations ÉCO : Quel enjeu principal identifiez-vous pour une croissance verte en Afrique, à l’approche de la COP de Marrakech ?
Hakima El Haite : Il s’agit d’une transformation de notre société et de notre tissu industriel. C’est une transformation qui va nécessiter du temps forcément, et où il faut d’abord construire les piliers de la croissance et de l’accélération industrielle. À ce sujet, l’Afrique n’a qu’un seul choix, celui d’aller vers une croissance sobre en carbone et vers une croissance verte. Dans ce sens, nous nous sommes engagés lors de la COP de Paris, comme les autres pays africains, moyennant des contributions nationales qui sont basées sur la croissance verte.

Quelle contribution des pays industrialisés dans cet effort ?
Ils ont promis 100 milliards de dollars comme plancher de financement par année à partir de 2020. Ils ont également promis de mettre en place des mécanismes de renforcement des capacités pour aider les pays africains à développer leurs économies d’une manière sobre en carbone et donc Marrakech sera l’occasion pour développer ces mécanismes d’une manière inclusive avec tous les États et pour servir les Africains et mettre en œuvre l’accord de Paris.

Le gaz naturel constitue une grande part de l’orientation énergétique future du continent. N’est-ce pas contradictoire de miser sur cette énergie fossile émettrice de gaz à effet de serre ?
Le mix énergétique sera toujours constitué d’une partie d’énergies fossiles. Maintenant, ce que l’on cherche au niveau mondial, c’est d’atteindre la neutralité carbone au niveau de la production d’énergie. Donc, si nous pouvons développer les énergies renouvelables en Afrique et si nous pouvons aider à atteindre cette neutralité, il faut le faire. Nous n’avons pas le choix, il y va de notre survie et du développement de l’Afrique. 



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