Maroc

Communication et publicité : la filière créative se structure

Le secteur marocain de la communication et de la publicité s’organise pour franchir un nouveau cap. Sous l’impulsion de la Fédération des industries culturelles et créatives, les acteurs de la filière s’unissent autour d’un futur conseil de concertation destiné à structurer la profession, harmoniser les pratiques et renforcer son poids dans l’économie nationale. Entre innovation, responsabilité et ambition internationale, cette initiative marque une étape clé vers la reconnaissance de la publicité comme moteur stratégique de l’économie créative marocaine.

Réunis mercredi, les acteurs des industries culturelles et créatives ont annoncé la création prochaine d’un conseil de concertation de la filière. Ce nouvel organisme est destiné à rassembler agences, annonceurs, médias et producteurs autour d’une même ambition : faire de la publicité un moteur stratégique de l’économie créative nationale.

L’initiative, présentée par Fihr Kettani, président de la Fédération des industries culturelles et créatives (FICC), marque une étape importante dans l’organisation du secteur. Ce conseil aura pour mission de définir des positions communes, d’harmoniser les standards et de piloter une feuille de route partagée, assortie d’indicateurs publics sur l’emploi, l’exportation et la confiance.

«L’objectif est d’inscrire clairement la communication et la publicité dans la stratégie de l’économie créative marocaine», a affirmé le président de la FICC lors d’une rencontre internationale organisée par la fédération en coordination avec la CGEM et l’Union des agences conseil en communication (UACC).

Entre innovation et responsabilité
Cette rencontre s’inscrit dans le prolongement des Assises de la communication et de la publicité, organisées plus tôt cette année par le ministère de la Jeunesse, de la Culture et de la Communication. Il s’agit désormais d’en traduire les recommandations en mesures concrètes. Trois leviers stratégiques ont été retenus : la mise en place d’un référentiel national de publicité responsable, l’élaboration d’un programme de formation continue co-construit avec les écoles et les professionnels, et la création d’un cadre commun de mesure de la performance.

Pour Hassan Rouissi, président de l’UACC, la publicité ne doit plus être perçue comme un simple relais commercial, mais comme un levier de souveraineté médiatique, économique, culturelle et numérique. Selon lui, le secteur représente une force transversale qui irrigue l’ensemble des branches de l’économie, stimule l’innovation et renforce la compétitivité.

«La publicité est un moteur de croissance, un outil d’éducation et un vecteur de sensibilisation», a-t-il insisté, appelant à concrétiser rapidement les propositions issues des assises pour renforcer le label Maroc.

La dimension internationale de l’événement a permis d’élargir la réflexion. Christian de La Villehuchet, président de l’Association européenne des agences de communication (EACA), a salué le rôle du Maroc comme pont entre l’Europe et l’Afrique.

L’intégration récente de l’UACC au sein de l’EACA constitue, selon lui, un signal fort de reconnaissance du dynamisme et du potentiel créatif marocains. Le responsable européen a toutefois appelé à préserver les valeurs éthiques et humaines du métier dans un contexte marqué par l’essor de l’intelligence artificielle et des plateformes numériques.

Justin Thomas-Copeland, président de l’American association of advertising agencies (4A’s), a partagé son expérience du marché américain, qui pèse 490 milliards de dollars de dépenses publicitaires annuelles et représente près de 20% du PIB des États-Unis.

Selon lui, la transformation numérique impose aux agences de repenser leur modèle opérationnel et d’intégrer davantage la technologie tout en préservant leur culture créative. Il a mis en garde contre la tentation d’une internalisation excessive chez les annonceurs, rappelant que «les agences locales peuvent faire ce que les géants mondiaux ne peuvent pas : rester proches de la culture et des gens».

Vers un hub créatif africain et euro-méditerranéen
Les échanges ont également mis en lumière l’évolution du travail créatif. De plus en plus de jeunes professionnels créent des collectifs indépendants, adoptant des méthodes agiles, expérimentant avec l’IA et privilégiant des modèles de collaboration souples.

Cette tendance, loin d’affaiblir les structures traditionnelles, témoigne de la vitalité du secteur et de sa capacité à se réinventer. Au-delà des enjeux de gouvernance, les participants ont rappelé l’importance économique de la publicité.

Les investissements en communication contribuent directement à la croissance nationale en soutenant les marques, en créant des emplois et en finançant le paysage médiatique. Tous ont convergé vers une même vision : faire du Maroc un hub régional des industries créatives, capable de rayonner sur l’Afrique et la Méditerranée.

Maryem Ouazzani / Les Inspirations ÉCO



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