OCDE : les enseignants globalement satisfaits de leur métier, avec des bémols

Selon une enquête de l’OCDE publiée mardi, une large majorité d’enseignants dans les pays membres se disent satisfaits de leur métier. Toutefois, des difficultés croissantes liées à la discipline, à la gestion d’élèves à besoins particuliers et au manque de reconnaissance sociale assombrissent ce tableau, notamment en France où le mal-être enseignant est particulièrement marqué.
Les enseignants sont globalement satisfaits de leur métier dans l’OCDE mais rencontrent des difficultés croissantes liées à la discipline ou l’accueil des élèves à besoins particuliers et se sentent peu valorisés, des tendances accentuées en France, selon l’étude internationale Talis publiée mardi.
L’OCDE a interrogé 280.000 enseignants et chefs d’établissements dans 55 pays et territoires en 2024 pour la 4e édition de cette enquête sur l’enseignement et l’apprentissage (Talis). La précédente édition avait eu lieu en 2018.
«Dans la plupart des pays, les enseignants sont réellement très contents de leur métier», même s’ils «peuvent être anxieux et stressés par le travail administratif et d’autres facteurs», a souligné le directeur de l’Education de l’OCDE Andreas Schleicher lors d’une conférence de presse.
Selon cette enquête, près de 90% des enseignants sont satisfaits en moyenne de leur métier au collège. Le taux de satisfaction varie de 98% en Albanie à 79% au Japon et en France. En France, seuls 54% des professeurs estiment que les avantages d’être enseignant l’emportent nettement sur les inconvénients, le taux le plus bas de l’OCDE.
Ce constat est assombri par plusieurs facteurs, parmi lesquels les difficultés de discipline croissantes rencontrées par les enseignants. Ils sont 70% à dire fréquemment ou toujours faire face à des élèves perturbateurs. La part du temps de classe consacré à la discipline a augmenté dans presque tous les pays de l’OCDE, de 13% en 2018 à 16% en 2024 en moyenne. En France, elle est de 18%. Les classes accueillent aussi aujourd’hui des profils d’élèves plus variés.
La proportion d’enseignants travaillant dans des écoles où au moins 10% des élèves ont des besoins éducatifs particuliers est passée de 30% en 2018 à 45% dans l’OCDE. En France, elle a bondi de 42% à 74%. Le pourcentage d’enseignants qui déclarent ressentir beaucoup de stress s’établit autour de 20%. Il a augmenté dans nombre de pays et est plus élevé pour les enseignants qui travaillent dans des écoles défavorisées. En France, ce taux est passé de 11 à 18%.
En outre, seuls 20% des enseignants estiment que leur profession est valorisée par la société, «des chiffres très décevants» pour Andreas Schleicher. En France, en queue de peloton, ce taux tombe à 4%. Les salaires demeurent aussi une source d’insatisfaction. Si la part d’enseignants satisfaits de leurs salaires a augmenté dans 23 pays sur 43 étudiés par Talis depuis 2018, seuls 40% des professeurs sont contents de leurs rémunérations. En France, ce taux descend à 27% au collège et 22% en élémentaire.
S.N. avec agences / Les Inspirations ÉCO