Sécurité hydrique : une mission stratégique pour planifier l’eau de demain

Face à une sécheresse chronique et à des besoins croissants en eau potable et agricole, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau souhaite armer le Royaume dans le renforcement de la planification et la gouvernance de l’eau, finaliser l’application de la loi 36-15 et préparer le pays à l’horizon 2050.
Le Maroc vit depuis plusieurs années une série de sécheresses intenses qui affectent aussi bien les nappes phréatiques que les ressources de surface. Le taux de remplissage des barrages demeure préoccupant, les tensions autour de l’eau s’intensifient dans plusieurs bassins, et l’irrégularité pluviométrique devient structurelle. Aujourd’hui, un nouveau cap est en passe d’être franchi.
En effet, la Direction de la recherche et de la planification de l’eau (DRPE) vient de lancer une mission stratégique d’envergure nationale. Objectif : renforcer ses capacités de planification, d’analyse et de pilotage des grands projets hydrauliques, en lien avec les ambitions du Plan national de l’eau à l’horizon 2050.
Cette initiative, matérialisée par le marché n° /2025/DRPE, est au cœur de la mise en œuvre du Programme national pour l’approvisionnement en eau potable et l’irrigation (PNAEPI 2020-2027). Elle vise à doter la DRPE d’une assistance technique de haut niveau pour l’accompagner dans la transition hydrique.
Dans ce contexte, la mission lancée par la DRPE ne se contente pas d’un rôle consultatif. Elle s’inscrit dans une logique de coproduction de solutions structurelles et prospectives, à l’échelle du territoire national. Elle devra contribuer à la résilience du système hydrique national en intégrant les contraintes climatiques, démographiques et économiques.
Une assistance technique pluridisciplinaire et intégrée
Le périmètre de la mission couvre un large éventail d’expertises techniques et stratégiques. Le groupement retenu devra mobiliser des compétences pointues dans des domaines clés : hydrologie, hydrogéologie, géotechnique, traitement des données, gestion des ressources non conventionnelles (eaux usées traitées, dessalement…), droit de l’eau, modélisation, gouvernance et économie de l’eau.
Le cahier des prescriptions spéciales précise l’exigence d’une approche systémique, capable d’articuler les aspects physiques, réglementaires, socio-économiques et environnementaux de la gestion de l’eau. Un accent particulier est mis sur l’exploitation des données hydrologiques, la gestion des risques liés à l’envasement des barrages et la fiabilité des interconnexions entre bassins.
Au-delà de l’appui technique, la mission a pour vocation de renforcer la fonction de planification stratégique de la DRPE. Elle inclut notamment l’accompagnement à la révision et à l’opérationnalisation du Plan national de l’eau (PNE) à l’horizon 2050, en lien avec les Agences de bassins hydrauliques et les autres acteurs publics.
La consolidation de la gouvernance sectorielle est également au cœur du mandat
Le rapport final attendu devra proposer une feuille de route réaliste et articulée autour d’objectifs clairs :
optimisation de la mobilisation des ressources, réduction des pertes, amélioration de l’efficience des usages agricoles et urbains, sécurisation de l’approvisionnement en eau potable et en irrigation.
Par ailleurs, la mission prévoit un soutien juridique à la mise en œuvre de la loi 36-15 sur l’eau. Plus de huit ans après son adoption, plusieurs de ses textes d’application restent à finaliser. Or, ce corpus réglementaire est essentiel pour encadrer l’exploitation des eaux souterraines, moderniser les régimes de tarification, renforcer la lutte contre les prélèvements illicites et instaurer un droit à l’eau équitablement réparti.
L’appui devra permettre à la DRPE d’harmoniser les outils réglementaires et de renforcer leur application effective à travers le territoire. Cette mission s’annonce comme un levier majeur pour anticiper les ruptures hydriques à venir Elle devra également favoriser l’émergence de solutions innovantes : valorisation des eaux non conventionnelles, recours aux énergies renouvelables pour le dessalement, digitalisation des réseaux, implication accrue des collectivités territoriales et du secteur privé… En filigrane, c’est toute la vision nationale de la sécurité hydrique qui est en jeu : une eau planifiée, équitablement répartie, économiquement gérée et écologiquement préservée.
S.N. / Les Inspirations ÉCO