Marché obligataire : stabilité monétaire et tensions sur le secondaire

Alors que Bank Al-Maghrib maintient son cap monétaire, le marché obligataire révèle deux dynamiques contrastées, une stabilisation du marché monétaire et un regain de tension sur les taux secondaires, notamment à court terme. Cette configuration démontre à la fois la prudence du Trésor et la nervosité persistante des investisseurs.
Le marché de la dette évolue actuellement dans un contexte marqué par la prudence de Bank Al-Maghrib et la focalisation du Trésor sur les maturités courtes et intermédiaires. BMCE Capital Global Research (BKGR) met en lumière une semaine où l’assèchement de la liquidité bancaire a connu un léger répit, tandis que les taux sur le marché secondaire ont poursuivi leur progression.
Au terme de la période du 18 au 24 septembre, le déficit de liquidité moyen des banques s’est allégé de 3,37%, revenant à -132 milliards de dirhams (MMDH). Cette amélioration s’explique par le recul des avances à 7 jours de Bank Al-Maghrib, qui se sont établies à 58,3 MMDH, en baisse de 1,57 milliard par rapport à la semaine précédente.
Dans le même temps, les placements hebdomadaires du Trésor ont marqué le pas, avec un encours quotidien maximal de 13,8 milliards, contre 16,7 milliards une semaine plus tôt. Côté taux, la stabilité reste de mise : le taux moyen pondéré interbancaire (TMP) s’est maintenu à 2,25%, reflétant le niveau du taux directeur, alors que l’indice MONIA a légèrement reculé à 2,187%.
Le Trésor concentre ses levées sur le 2 ans
Sur le marché primaire, le Trésor a levé un montant de 1,9 MMDH, soit la moitié de l’offre initiale de 3,77 milliards. L’intégralité de cette opération a concerné la maturité 2 ans, avec un taux limite de 2,2817%, en baisse de 2,8 points de base par rapport à la précédente adjudication.
BKGR note que cette adjudication est intervenue au lendemain de la réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib, confirmant la logique de prudence et la recherche de financement sur des horizons courts et intermédiaires. Les maturités 13 et 52 semaines n’ont pas trouvé preneur lors de cette séance, signe d’un appétit plus marqué des investisseurs pour des placements légèrement plus longs mais à faible risque.
Des tensions visibles sur le marché secondaire
La tendance reste haussière sur le compartiment secondaire, en particulier sur les maturités courtes. Les taux à 13 semaines et 26 semaines se sont envolés respectivement de 45 et 36 points de base. Les autres échéances ont également progressé, quoique dans des proportions plus modérées, +18 pbs sur le 52 semaines, +2,4 pbs sur le 2 ans, et des hausses plus contenues sur les maturités longues (de +0,1 à +2,1 pbs).
Au 24 septembre, la courbe des taux affichait ainsi des niveaux de 2,12% à 13 semaines, 2,15% à 26 semaines, 2,19% à 52 semaines, 2,27% à 2 ans, 2,43% à 5 ans et 3,75% à 30 ans. Cette remontée traduit une pression persistante sur le compartiment court terme, souvent plus sensible aux conditions de liquidité et aux anticipations de politique monétaire.
Stabilité monétaire, légère détente obligataire
BKGR anticipe, pour la semaine à venir, une réduction des interventions de la Banque centrale sur le marché monétaire, avec un volume d’avances à 7 jours attendu à 54,8 milliards, contre 58,3 milliards précédemment. Le maintien du taux directeur à 2,25%, décidé lors du dernier Conseil de politique monétaire, confirme la volonté de Bank Al-Maghrib de préserver les équilibres macroéconomiques dans un environnement international encore incertain.
Dans ce cadre, les analystes estiment que les taux du court terme devraient évoluer dans une dynamique de stabilité, tandis que les maturités longues pourraient connaître un léger repli des rendements, traduisant un certain retour de confiance sur le marché.
La dette privée reste discrète
Sur le marché de la dette privée, l’activité demeure limitée. La semaine a été marquée par une seule émission de certificat de dépôt, initiée par BMCI pour un montant d’un an à un taux facial de 2,35%. BKGR souligne que le marché reste peu animé, en dépit d’un contexte où les conditions de financement demeurent attractives. L’absence de dynamisme reflète davantage l’attentisme des entreprises face aux incertitudes économiques mondiales que des contraintes structurelles
L’analyse de BMCE Capital Global Research met en évidence un marché monétaire globalement stable, mais où les tensions persistent sur le compartiment obligataire secondaire, notamment à court terme. Si la stratégie du Trésor privilégie les levées sur le 2 ans, traduisant une gestion prudente du risque de taux, la courbe secondaire continue de se tendre. Les prévisions de BKGR plaident toutefois pour une accalmie progressive, à la faveur d’une politique monétaire inchangée et d’un positionnement attentif des investisseurs.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO