Résultats semestriels : la cote progresse, le rythme ralentit

La cote enregistre une croissance toujours robuste au premier semestre 2025, mais le rythme s’essouffle. Selon Attijari global research, le chiffre d’affaires progresse de 7,5% sur six mois, son plus haut niveau depuis trois ans, malgré une décélération à 5,4% au deuxième trimestre. Si la santé, le BTP et l’automobile affichent des envolées spectaculaires, l’immobilier, l’énergie et les mines freinent la dynamique, tandis que les banques confirment leur rôle de pilier stable et résilient.
Le deuxième trimestre 2025 s’est inscrit dans un environnement macroéconomique positif pour le Maroc. Selon Attijari global research (AGR), le produit intérieur brut a progressé de 4,6% au T2-2025, confirmant les prévisions annuelles de croissance à ce même niveau. Parallèlement, l’inflation demeure maîtrisée autour de 1% à fin juin 2025, ce qui consolide le cadre économique et favorise la résilience des entreprises cotées.
Dans ce contexte, 68 sociétés cotées ont publié leurs résultats pour le deuxième trimestre et le premier semestre 2025. L’analyse d’AGR met en lumière une poursuite de la croissance, mais à un rythme plus modéré que lors des précédents trimestres. Le document souligne une décélération continue du chiffre d’affaires global de la cote. Après un rythme de +10,2% au T4-2024, suivi de +7,7% au T1-2025, la croissance s’est limitée à +5,4% au T2-2025 en données comparables, hors effet périmètre lié à l’acquisition de STAM par TGCC.
En valeur absolue, le chiffre d’affaires atteint 84,2 MMDH contre 78,9 MMDH un an plus tôt, soit une hausse de 6,7%. Cette évolution traduit, selon AGR, une normalisation attendue, liée à une base de comparaison plus exigeante et à l’essoufflement relatif du secteur bancaire, traditionnellement moteur de la cote. Toutefois, la tendance semestrielle reste plus robuste, avec une croissance des revenus de 7,5% au premier semestre, son plus haut niveau sur trois ans.
Des secteurs en forte progression
Certains secteurs affichent des performances remarquables. La santé enregistre la plus forte progression avec +67,3%, portée principalement par Akdital. Le BTP suit avec une hausse de 26%, tirée par TGCC dont le chiffre d’affaires bondit de 50% après l’intégration de STAM. L’automobile se distingue également avec une progression de 20,6%, grâce notamment aux résultats d’Auto Nejma et Auto Hall.
D’autres secteurs enregistrent une dynamique positive au premier semestre, notamment les industries et services (+17%), les ports (+15%), les nouvelles technologies (+13%), la grande distribution (+12%), le financement (+12%), le ciment (+11%), les assurances (+9%) et les banques (+8%). L’agroalimentaire progresse plus modestement (+4%), à l’instar des mines (+3%).
À l’inverse, l’immobilier enregistre un recul semestriel de 6,3%. Ce repli s’explique en grande partie par la contre-performance d’Addoha, dont les revenus chutent de 23,2% à la suite d’un changement des règles de comptabilisation des ventes appliqué début 2025. AGR précise que, hors cet effet, le secteur aurait affiché une croissance de 11,2% au premier semestre. Malgré cette nuance, la question de la soutenabilité des valorisations refait surface, d’autant que le secteur se traite actuellement à un ratio P/E 25E de 43,9x, un niveau jugé élevé.
Les banques, pilier de stabilité
Les résultats du secteur bancaire confirment les anticipations d’AGR formulées dans son rapport de juillet 2025. Le PNB consolidé des banques cotées atteint 49,2 MMDH au S1-2025 contre 45,7 MMDH un an plus tôt, soit une progression de 7,7%. Le taux de réalisation représente déjà 50% des prévisions annuelles, fixées à 98,2 MMDH pour l’ensemble de l’exercice.
AGR table pour 2025 sur une hausse annuelle du PNB de 7,2% et du RNPG de 12,2%, porté par la croissance des revenus et la maîtrise des frais de gestion. Le coefficient d’exploitation devrait s’améliorer à 41,6% en 2025E, contre 42,8% en 2024, tandis que le coût du risque n’augmenterait que marginalement de 0,7%. Le secteur bancaire conserve ainsi, selon AGR, le profil de croissance le plus résilient de la cote, avec des multiples de valorisation jugés attractifs (P/E 25E de 15,2x).
Une croissance à surveiller
Tous les secteurs n’ont pas profité de la conjoncture. L’énergie accuse en effet un recul de 8% au T2-2025, soit une baisse de 729 MDH, liée au repli des cours pétroliers à l’international. Le secteur minier recule également de 11,5%, impacté par la baisse de la production d’or de Managem en Guinée.
AGR souligne que ces contre-performances contrastent avec la vigueur observée dans la santé, le BTP et l’automobile. Les résultats des sociétés cotées reflètent cette hétérogénéité sectorielle. Parmi les hausses notables, Cosumar progresse de 7,6%, Label Vie de 12,1%, TGCC de 41,7%, Akdital de 67,3% et Auto Nejma de 39,1%. À l’opposé, Maroc Telecom enregistre un repli de 1,2%, Addoha de 23,2%, TotalEnergies Marketing Maroc de 10,9% et Taqa Morocco de 4,8%. Managem reste quasi-stable sur le semestre (+0,3%), malgré un deuxième trimestre négatif.
Attijari global research insiste sur une croissance toujours solide de la cote, mais moins soutenue que lors des trimestres précédents. Le dynamisme de secteurs porteurs comme la santé, le BTP et l’automobile détonnent avec les difficultés persistantes de l’immobilier, de l’énergie et des mines. Dans ce paysage contrasté, le secteur bancaire se distingue comme le principal pilier de stabilité, offrant à la fois des perspectives de croissance et des valorisations attractives.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO