USA : les tarifs douaniers, une manne financière et un levier redoutable de politique commerciale

Avec l’entrée en vigueur cette semaine de nouveaux tarifs douaniers américains visant plus de 90 pays, le président des États-Unis Donald Trump assoit sa politique tarifaire en tant qu’instrument redoutable pour remodeler le système commercial mondial, et comme source de revenus conséquents pour les finances publiques du pays.
«Il est minuit ! Des milliards de dollars en droits de douane affluent maintenant aux États-Unis», lançait le président américain sur son réseau Truth Social, au moment où les nouveaux tarifs entraient en vigueur jeudi sur les produits importés en provenance de dizaines de pays.
Pour le locataire de la Maison Blanche, les droits douaniers qu’il a commencé à appliquer depuis avril dernier visent, entre autres, à encourager le retour des emplois et des industries manufacturières aux États-Unis. Il s’agit aussi d’un outil de politique commerciale visant globalement à remodeler le système commercial mondial, qui, selon M. Trump, traite les États-Unis de manière «injuste».
Plus de 100 milliards de dollars amassés depuis avril
Avant le 7 août, les marchandises importées de la plupart des pays étaient soumises à un droit de douane minimum de 10%, mais désormais, les taux varient d’un pays à l’autre. Les plus élevés sont appliqués aux produits en provenance du Brésil (50%), du Laos (40%), du Myanmar (40%), de la Suisse (39 %), de l’Irak (35%) et de la Serbie (35%). 21 autres pays, dont le Vietnam (20%), l’Inde (25%), Taïwan (20%) et la Thaïlande (19%) sont soumis à des droits de douane supérieurs à 15%.
Enfin, les marchandises en provenance de 39 pays, ainsi que des membres de l’Union européenne (UE), seront désormais soumises à des droits de douane de 15%. Les revenus importants émanant de ces tarifs douaniers se sont révélés être une manne non négligeable pour les finances publiques américaines, avec à la clé plus de 100 milliards de dollars amassés par le gouvernement fédéral depuis avril dernier, soit trois fois le montant perçu au cours de la même période l’année dernière.
Rien que pour le mois de juillet dernier, le gouvernement américain a perçu près de 30 milliards de dollars de recettes douanières, soit une hausse de 242% par rapport à juillet 2024. Les tarifs douaniers deviennent ainsi la quatrième source de revenus du gouvernement fédéral pour l’exercice fiscal actuel, derrière les recettes individuelles et les impôts sur les sociétés.
Ces droits de douane consistent à imposer aux importateurs américains une taxe sur les biens qu’ils achètent à l’étranger. Les importateurs peuvent répercuter tout ou partie du coût supplémentaire sur les consommateurs et clients.
Que faire de la manne ?
Le taux tarifaire moyen sur les importations étrangères se situe désormais à environ 15%, en nette augmentation par rapport à la moyenne d’environ 2% de l’année dernière. De plus, le président Trump a menacé cette semaine d’augmenter les droits de douane sur les importations en provenance d’Inde à 50%, à moins que ce pays ne cesse d’acheter du pétrole russe.
Il a également menacé d’imposer des droits de douane de 100% sur les puces informatiques fabriquées à l’étranger, afin d’inciter les entreprises de technologie à investir davantage aux États-Unis.
Le président a également évoqué l’idée d’imposer des droits de douane plus élevés à la Chine en raison de l’achat de pétrole russe par Pékin. Au niveau interne, l’administration américaine reste, toutefois, indécise sur l’usage à faire de cette manne douanière.
Le locataire de la Maison Blanche évoquant une combinaison de deux options : rembourser la dette publique américaine lourde de plusieurs milliers de milliards de dollars, et débourser des «chèques de remboursement des droits de douane» en faveur des citoyens américains.
«Mon objectif est principalement de rembourser la dette, ce qui se fera en très grande partie», a déclaré le chef de l’Exécutif américain lors d’une interview cette semaine sur la chaîne CNBC. «Mais je pense qu’il est également possible que nous engrangeons tellement d’argent que nous pourrions très bien en verser un dividende aux Américains» a-t-il dit.
S.N. avec agences / Les Inspirations ÉCO