5G : l’ANRT fixe le cap

L’ANRT ouvre l’appel à concurrence pour les licences 5G. Une étape attendue, qui marque une volonté affichée d’encadrer un secteur stratégique dont devraient dépendre à l’avenir des pans entiers de l’économie, à commencer par l’industrie.
Avec l’ouverture officielle par l’Agence nationale de réglementation des télécommunications (ANRT) d’un appel à concurrence pour l’octroi de licences d’établissement de réseaux mobiles de cinquième génération (5G), le régulateur engage une procédure attendue, fixant les premiers jalons d’une transition technologique dont la charge d’exécution incombera aux opérateurs.
Ce processus, conforme aux articles 10 et 11 de la loi 24-96 régissant les télécommunications, s’inscrit pour rappel dans la feuille de route nationale Maroc Digital 2030 qui vise à positionner le pays sur la carte internationale des réseaux de dernière génération.
Les industriels en première ligne
Conscient des enjeux économiques et industriels propre à la connectivité à très haut débit, l’ANRT indique vouloir doter le Royaume des dernières technologies en termes de communications mobiles en vue d’accompagner son développement économique et social. D’ici 2030, le plan Maroc Digital vise à étendre la couverture 5G à 70% du territoire, à créer 240.000 emplois dans le numérique et à répondre aux impératifs d’infrastructure liés à l’organisation conjointe de la Coupe du monde 2030, notamment en matière de connectivité dans les zones d’accueil, les stades et les hubs de transport.
Cette ambition témoigne de la volonté du régulateur d’aller au-delà du simple gain en débit promis par la 5G, en ciblant précisément des secteurs à haute valeur ajoutée.
Comme le souligne le communiqué, «la 5G se caractérise par des vitesses de transmission rapides, une faible latence adaptée aux besoins du temps réel, et peut répondre aux besoins spécifiques de l’industrie, des transports, de la santé ou de l’agriculture».
Ces précisions techniques rappellent que le déploiement de la 5G dépasse le cadre de la simple amélioration de l’expérience utilisateur, visant plutôt une refonte profonde des infrastructures numériques.
Dans des secteurs à haute valeur ajoutée comme l’industrie, les opérateurs pourraient enfin envisager des solutions d’automatisation avancée dans des domaines clés tels que l’automobile ou l’aéronautique, où les exigences en matière de latence minimale sont cruciales pour les chaînes de production robotisées. De même, le secteur agricole pourrait franchir une nouvelle étape en généralisant l’usage des objets connectés, ouvrant la voie à une agriculture intelligente bien plus efficiente dans la gestion des ressources hydriques.
Réduire la fracture numérique
La rigueur affichée par l’ANRT dans l’encadrement réglementaire du processus ne se limite pas au cadre technique. Le cahier des charges, une fois publié officiellement par décret, fixera également des conditions précises concernant les investissements requis, la qualité du service ainsi que les impératifs de couverture territoriale.
Cette dernière dimension revêt un caractère particulièrement sensible, au regard des fortes disparités géographiques et économiques. En garantissant une couverture homogène, le régulateur entend vraisemblablement réduire la fracture numérique qui persiste encore entre zones urbaines et régions rurales. Sur le plan financier, la transparence voulue par l’ANRT, via un rapport public d’évaluation des offres, sera déterminante pour instaurer la confiance nécessaire auprès des investisseurs et opérateurs potentiels.
Ce cadre rigoureux est susceptible de permettre d’éviter les éventuelles surenchères spéculatives sur les fréquences, phénomène souvent observé dans d’autres marchés internationaux où la compétition exacerbée a parfois pénalisé les opérateurs dans l’amortissement de leurs investissements initiaux.
Cette démarche traduit une volonté manifeste de réguler fermement ce secteur stratégique, dont devraient dépendre à l’avenir des pans entiers de l’économie nationale. Pour autant, le processus sera soumis à un suivi rigoureux, le régulateur ayant prévu la publication d’un rapport public détaillant l’évaluation des offres reçues.
À travers cette exigence de transparence, l’ANRT semble vouloir prévenir tout risque de dérive ou de spéculation, privilégiant une concurrence «pure et parfaite» entre les opérateurs en lice.
Ayoub Ibnoulfassih / Les Inspirations ÉCO