Chantiers de la CAN 2025 : Tanger en mode fast-track

En quelques mois, l’image de la ville du détroit s’est relativement métamorphosée, en vue de l’organisation, par le Maroc, de la Coupe d’Afrique des Nations en décembre et janvier prochains. Du Grand Stade de Tanger aux principales axes de circulation, d’importantes transformations sont visibles à l’œil nu.
Tanger s’est miraculeusement métamorphosée en un laps de temps. En moins de trois mois, certaines des plus importantes artères de la ville ont radicalement changé de visage. C’est le cas du boulevard Moulay Rachid, le deuxième plus important tracé routier Nord-Sud de Tanger.
Il s’est élargi et commence à s’embellir, alors qu’il était en plein chantier il y a à peine quelques semaines . Il a connu des agrandissements et augmentations de voies de circulation sur une bonne partie de sa longueur, principalement dans les alentours du Grand Stade de Tanger, jusqu’à proximité de l’hôpital Mohammed V, en plus de la jonction avec la Route de Rabat.
Sur cette dernière artère, qui demeure la plus fréquentée de la ville pour rallier le centre-ville, certains ronds-points ont été élargis en un temps record, en plus de l’ouverture de jonctions vers la nouvelle Cité des compétences de Tanger, où les bâtiments poussent peu à peu.
Lieux d’attraction
Plus loin sur la corniche tangéroise, des travaux d’agrandissement et d’embellissement ont également été effectués près du très paisible et fréquenté espace vert «Villas Harris». On notera également la reprise des travaux d’aménagement et de réfection de la très fréquentée place Faro, plus connue sous le nom de Sour Al Maâgazine.
Il faut noter que, pour cette dernière, une première livraison du chantier avait déclenché une grosse polémique dans la ville, tant la médiocrité et le manque de professionnalisme, pour ne pas dire de sérieux, sautaient à l’œil des passants et des défenseurs du patrimoine de Tanger. Ailleurs, dans la ville du détroit, on notera le quasi-bouclage des travaux de l’emblématique Plaza Toro, sur la route de Tétouan.
Sur ce sujet, la Commune de Tanger avait annoncé, quelques mois auparavant, que le taux d’avancement des travaux de restauration et de réhabilitation avait atteint 95%. Ce projet, en cours depuis plusieurs années, a bénéficié d’une enveloppe budgétaire d’au moins 70 MDH. À quelques mois du début de la CAN, il pourrait devenir une des attractions culturelles et artistiques de la ville.
Toiture du stade et parking
En attendant, les regards se tournent vers le plus important projet tangérois en rapport avec la CAN. Il s’agit bien évidemment du Grand Stade de Tanger. Sur place, les ouvriers s’activent en continue pour une fin totale des travaux dans les deux prochains mois.
En principe, c’est en septembre que tout doit y être finalisé. Actuellement, les travaux ont atteint la phase de pose de la toiture du stade. Le parking autour du stade devrait bientôt suivre, afin de rapidement faire homologuer le stade pour lui permettre d’accueillir les compétitions de la Coupe d’Afrique des Nations, en décembre et janvier prochains.
Au-delà du stade, il se dégage globalement l’impression que ces travaux actuellement en cours à Tanger ne sont qu’un avant-goût de ce qui attend la ville. Une fois la CAN passée, la deuxième phase de modernisation des infrastructures démarrera. Car, il faut rappeler qu’après le warning de la commission technique de la FIFA sur le volet transport et mobilité, la ville est consciente qu’il lui faudra mener des travaux de mise à niveau plus conséquent.
Il s’agira certainement de construire davantage de tunnels sur l’ensemble des grandes intersections afin de fluidifier la circulation, surtout dans une ville où tout le trafic routier est concentré uniquement sur deux axes, à savoir, d’une part, la Route de Rabat et son prolongement vers le centre-ville, et, d’autre part, sur le Boulevard Moulay Rachid.
Tanger une ville déjà saturée ?
La désormais deuxième ville du Maroc sur le plan démographique doit impérativement se trouver une nouvelle génération d’infrastructures routières et de mobilités urbaines, au risque de ne plus devenir aussi agréable à vivre.
En effet, l’essor industriel et économique de la ville, qui est désormais le deuxième pôle industriel du pays, a rapidement accentué la pression démographique, au risque de donner l’impression que Tanger est déjà saturée. Aux heures de pointe, la circulation devient éprouvante pour les automobiles, en raison de l’augmentation rapide du trafic routier.
Le problème est que cette ville collinaire n’était certainement pas conçue pour supporter une telle pression démographique, surtout que tout le flux de sa circulation s’effectue essentiellement sur un sens Sud-Nord et vice-versa. C’est là un vrai défi pour les autorités locales de la ville, non seulement avec la CAN, mais, surtout, dans la perspective du Mondial 2030.
D’ailleurs, la FIFA avait déjà fait un premier warning depuis plusieurs mois. Il reste à voir quelle sera la réponse apportée à cet handicap en termes d’infrastructures de transports. Les chantiers qui seront lancés après la CAN nous apporteront une première réponse. Seront-ils à la hauteur du défi ? Wait and see.
Abdellah Benahmed / Les Inspirations ÉCO