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Guerre commerciale de Trump : l’OCDE entrevoit une menace sur la croissance mondiale

Les surtaxes douanières imposées par Donald Trump à ses partenaires vont fortement peser sur l’activité économique à travers la planète, avertit l’OCDE qui se montre plus pessimiste sur la croissance dans le monde, en particulier aux États-Unis.

«L’environnement économique mondial est devenu beaucoup plus difficile», a reconnu mardi le secrétaire général de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), Mathias Cormann, au cours d’une conférence de presse au siège de l’institution à Paris, citant la nouvelle donne des droits de douane.

Du fait de la politique commerciale américaine, «nous avons revu en baisse la croissance de quasiment chaque économie dans le monde», a indiqué à l’AFP l’économiste en chef de l’institution, Alvaro Pereira.

«Le commerce est affecté, en particulier la consommation et l’investissement», a poursuivi l’économiste lors d’un entretien lundi, à la veille de la publication des prévisions économiques de l’OCDE.

L’organisation, qui rassemble 38 pays développés, tient une réunion ministérielle à Paris. Des discussions entre négociateurs américains et européens sur les droits de douane doivent aussi avoir lieu en marge de cette rencontre, ainsi qu’un G7 centré sur le commerce.

Face aux droits de douane, la meilleure option c’est de négocier et «tout le monde s’en portera mieux», a exhorté Alvaro Pereira, en direction des pays touchés par ces sanctions américaines.

À peine revenu à la Maison Blanche, en janvier, le président américain a lancé un bigbang douanier. Cela a créé un climat d’incertitude pour les entreprises en raison de ses annonces, alternant pauses mais aussi brutaux durcissements, à l’instar de sa décision vendredi d’un doublement de la surtaxe sur l’acier et l’aluminium à 50% dès mercredi.

Très coûteux bras de fer
L’activité économique avait profité d’un effet Trump «à la fin de 2024 et au premier trimestre 2025», en raison du désir des entreprises de reconstituer des stocks avant que le couperet des droits de douane ne tombe, indique l’OCDE.

«Néanmoins, certains signes apparaissent annonçant une dégradation de ces résultats», s’alarme l’institution, en citant le plongeon des prix du transport maritime par conteneurs entre Shanghai et les États-Unis, conséquence directe du bras de fer entre Pékin et Washington, adouci par la conclusion d’un accord en avril.

La crainte est d’autant plus grande que «les États-Unis constituent un marché d’exportation important pour un certain nombre de pays», développe l’institution parisienne : «environ 75% des exportations de biens du Mexique et du Canada, 19% pour le Japon, 13% pour la Chine, et 10% pour l’Allemagne». Le taux effectif des droits de douane américains sur les marchandises importées est passé en mai selon l’OCDE de 2% à 15,4%, «le niveau le plus élevé observé depuis 1938».

Pessimisme
La croissance mondiale va souffrir, attendue à 2,9% cette année et l’an prochain, en baisse respectivement de 0,2 et 0,1 point de pourcentage par rapport aux précédentes estimations publiées par l’OCDE en mars. Il s’agirait de la plus faible progression annuelle depuis la pandémie de covid-19. La croissance américaine va «nettement ralentir», prévoit l’OCDE : le produit intérieur brut (PIB) devrait progresser en 2025 de 1,6% contre 2,2% anticipé en mars.

La baisse est plus modeste pour 2026 avec une croissance attendue à 1,5% contre 1,6% prévu en mars. Outre la guerre commerciale, «une nouvelle contraction de l’immigration nette et une réduction du nombre de fonctionnaires du gouvernement fédéral devraient affaiblir la croissance» américaine, poursuit l’OCDE en référence à la politique appliquée par Donald Trump.

«Grâce aux droits de douane, notre économie est en plein essor», s’est pourtant vanté sur son réseau Truth Social le président américain mardi, peu avant la présentation des prévisions de l’organisation internationale.

L’inflation aux États-Unis devrait par ailleurs rester à un niveau élevé, ajoute l’OCDE qui prévoit 3,2% cette année et 2,8% l’an prochain, soit environ un point de plus qu’en zone euro, là encore à cause des droits de douane. Visée par les assauts de Trump, la zone euro n’a pas fait l’objet d’une nouvelle baisse de sa prévision de croissance comme en mars, l’OCDE prévoyant 1% de progression du PIB cette année malgré un pessimisme plus grand pour la France qui passerait de 0,8% à 0,6%.

Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO



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