Hongrie : les mères de deux enfants bientôt exemptées d’impôts à vie

Afin de doper la natalité, le parlement adopte des mesures fiscales en faveur des mères d’au moins deux enfants. A l’heure actuelle, et ce depuis 2020, seules les mères de quatre enfants et plus bénéficient de cet avantage fiscal.
Le Parlement hongrois a adopté mardi, dans le cadre de l’offensive nataliste de Viktor Orban, des mesures visant à exempter d’impôts à vie l’ensemble des mères d’au moins deux enfants.
Dès l’an prochain, celles de moins de 40 ans seront concernées avant une extension progressive pour englober les plus de 60 ans d’ici 2029, selon ce paquet législatif adopté à une large majorité.
A l’heure actuelle, et ce depuis 2020, seules les mères de quatre enfants et plus bénéficient de cet avantage fiscal.
Le Premier ministre ultra-conservateur, ardent défenseur des valeurs «traditionnelles», étend ainsi sa politique destinée à enrayer le déclin de la population du pays d’Europe centrale menacé par le vieillissement. La Hongrie perd des habitants depuis plus de 40 ans: ils sont 9,5 millions actuellement, contre 10,7 millions en 1980. Crèche gratuite, aide au logement ou à l’achat d’un véhicule, «prêts bébé»… la liste des avantages s’est allongée au fil des ans.
Cette stratégie, qui suscite l’intérêt des cercles conservateurs, notamment aux Etats-Unis, est cependant très coûteuse pour des effets mitigés. Annoncées à un an de législatives qui s’annoncent serrées, les nouvelles mesures vont coûter 2,3 milliards d’euros à l’horizon 2029, d’après les estimations du gouvernement, les économistes s’inquiétant d’une aggravation d’un déficit et d’une inflation déjà élevées. «C’est un défi financier», a reconnu fin février M. Orban, mais «ce programme de réduction d’impôts, le plus important d’Europe» va transformer la Hongrie en «havre fiscal pour les familles».
Va-t-il pour autant doper la natalité? L’indice de fécondité a reculé à 1,31 enfant par femme en mars, selon les statistiques officielles, après un pic de 1,61 en 2021 pour une moyenne européenne qui était alors de 1,53. Le dirigeant hongrois, lui-même père de cinq enfants, peut faire valoir qu’au moment de son arrivée, le taux se trouvait à un plus bas historique de 1,23. Mais il est encore très loin du seuil de 2,1 nécessaire au renouvellement des générations, un objectif que le gouvernement, contraint de repousser l’échéance, espère désormais atteindre en 2035.
Sami Nemli avec agences / Les Inspirations ÉCO