Industrie de l’eau : au cœur de la machine Alma MMEP (VIDEO)

C’est une avancée technique majeure qui se dessine dans la zone industrielle de Had Soualem. L’entreprise Alma MMEP y inaugure une ligne de production inédite sur le continent, dédiée aux tubes PE100 certifiés NF pour les réseaux d’eau potable et d’assainissement. Derrière cette innovation, un projet industriel structurant, aligné sur les priorités nationales en matière d’eau et résolument tourné vers les marchés africains.
Sur une vaste parcelle du parc industriel de Had Soualem, une lueur bleutée serpente le long d’une ligne de production flambant neuve. À l’intérieur, des techniciens s’activent autour d’une machine imposante, longue comme un wagon. C’est ici qu’Alma MMEP, spécialiste des compteurs d’eau et des tubes en PVC et PE pour les réseaux d’eau potable et d’assainissement, vient de mettre en service une installation inédite.
Il s’agit d’une ligne entièrement dédiée aux tubes PE100, capables d’atteindre jusqu’à 1 .200 mm de diamètre et c’est une première sur le continent africain. La cérémonie s’est voulue sobre. Quelques discours, des poignées de main, un ruban coupé. Puis, Jacob Perez, PDG d’Alma MMEP, et Youcef Fadil, directeur général de l’industrie au ministère de tutelle, ont fait le tour de l’usine, guidés par les équipes d’Alma. Ici, les visages sont concentrés, les gestes mesurés.
L’ambiance est industrielle, sans fioriture, de grandes surfaces en béton, des structures métalliques, et des lignes de production où la rigueur technique dicte le tempo.
Des gestes millimétrés et un cap clair
Au sein de l’usine d’Alma, tout est automatisé, mais chaque détail compte. L’industriel fabrique des tubes pour l’adduction d’eau potable et l’assainissement, des éléments souvent invisibles dans les villes mais cruciaux pour les réseaux. La ligne PE100 est pensée pour répondre à une urgence devenue structurelle, celle de la maîtrise des ressources en eau.
Le Maroc fait face à des sécheresses répétées, et les politiques publiques misent désormais sur des infrastructures performantes et durables. Alma, qui fabrique aussi des compteurs d’eau et des tubes en PVC, s’inscrit dans cette logique avec un objectif affirmé d’être prête à l’export comme pour les marchés publics.
Un laboratoire sur site et une rigueur certifiée
À quelques mètres de la ligne, un petit bâtiment vitré abrite un laboratoire. Là, des compteurs d’eau sont testés à la chaîne. Un technicien insère un modèle dans un banc d’essai. Il regarde l’écran, valide, et passe au suivant. Rien n’est laissé au hasard. Ce laboratoire est accrédité selon la norme NM ISO/CEI 17025, garantissant la fiabilité des instruments.
Dans les bureaux de production, les murs affichent d’autres certifications : ISO 9001 pour la qualité, ISO 14001 pour l’environnement, ISO 45001 pour la sécurité. Ces normes encadrent la vie de l’usine, structurent les rythmes et sécurisent les gestes.
Une ambition forgée dans l’acier et l’expérience
Fondée en 1994, l’entreprise a vu le Maroc se transformer. D’une PME technique, elle est devenue un acteur reconnu dans les appels d’offres publics, les projets d’aménagement hydraulique et les chantiers de télécommunication.
Aujourd’hui, elle emploie une centaine de personnes, affiche 150 millions de dirhams de chiffre d’affaires, et produit 27.000 tonnes de matière chaque année. Au-delà des chiffres, c’est la vision stratégique qui s’affirme.
En 2024, Alma a investi 2 millions d’euros (près de 22 millions de DH) dans une machine unique, un dispositif à double paroi pour la fabrication de manchons d’assainissement, à chaud et en ligne. Ce type de technologie, disponible en seulement sept exemplaires dans le monde, permet une étanchéité quasi-parfaite, un atout dans les zones à fort risque de fuites.
Un projet industriel pour servir l’économie
Le slogan de l’entreprise s’affiche clairement, «Pour que chaque goutte d’eau compte». La formule résume à elle seule la philosophie de l’entreprise.
«Le Maroc a besoin de solutions locales, robustes et certifiées», explique Lamia Oubaid, directrice générale d’Alma.
«On ne parle pas de luxe, mais d’accès à l’eau potable, de prévention des pertes, de réseaux qui durent», ajoute-t-elle.
Le lien avec les orientations royales n’est pas fortuit. Le développement des infrastructures hydrauliques est devenu un pilier des politiques publiques. L’inauguration de cette ligne s’inscrit dans ce cadre, celui de produire localement, avec des standards internationaux, pour des besoins collectifs.
Un avenir tourné vers l’Afrique
Mauritanie, Sénégal, Cameroun, Bénin… Ces marchés figurent déjà sur la carte stratégique d’Alma. L’entreprise ne compte pas se cantonner au territoire marocain. Forte de la certification NF, elle peut désormais prétendre à des projets internationaux avec un produit reconnu aux standards européens, un levier important pour asseoir sa position d’acteur régional du transport d’eau.
L’ambition, toutefois, ne s’arrête pas là. Si une introduction en bourse n’est pas à l’ordre du jour, une ouverture partielle du capital est envisagée à l’horizon 2028. D’ici là, Alma continue d’investir. Une enveloppe de 25 millions de dirhams a d’ores et déjà été validée pour le second semestre 2025, destinée à une nouvelle extension des lignes de production et au développement de compteurs intelligents.
Sur le quai de chargement, des bobines de tubes attendent d’être expédiées. Un camion se met en marche. À son bord, les premiers mètres de tubes PE100 certifiés quittent Had Soualem. Dans le vacarme du moteur, on devine une ambition tranquille, celle d’un industriel qui veut peser dans l’industrie de l’eau, en misant sur la technique, la constance et le terrain.
Sanae Raqui / Les Inspirations ÉCO