Commerce Maroc-Afrique : un potentiel encore sous-exploité
Entre recul des échanges en 2023 et opportunités à saisir, la nouvelle feuille de route du commerce extérieur 2025-2026 doit permettre l’amélioration du volume d’échange entre le Maroc et le reste du continent. Le commerce intra-africain représente à peine 4,6% des échanges du Royaume au titre de l’année 2023.
Bien que le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et les autres pays africains ait évolué durant cette dernière décennie, passant de 36 MMDH en 2013 à 52,7 MMDH en 2023, enregistrant une hausse de 45%, cette dynamique commerciale s’est enrayée en se référant aux chiffres de 2023 de l’Office des changes concernant le commerce extérieur du Maroc.
De ce fait, le volume d’échange entre le Maroc et l’Afrique a régressé de l’ordre de 18,14% entre l’exercice 2022 et 2023, passant de 46,015 MMDH en 2021 à 64,43 MMDH en 2022 pour se situer actuellement à 52,74 MMDH en 2023.
De plus, le marché africain qui recèle d’énormes potentialités en termes de commerce et d’investissement représente à peine 4,6% des échanges commerciaux du Maroc au titre de l’année 2023. C’est la raison pour laquelle la nouvelle feuille de route du commerce extérieur 2025-2026 dont les concertations sont déjà lancées au niveau des 12 régions du Royaume est interpellée par rapport à ce marché.
Il faut savoir que les opportunités non exploitées sur le plan de l’export avoisinent les 12 MMDH sur un total de 120 MMDH pour les autres marchés identifiés par cette feuille de route selon Omar Hjira, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce chargé du Commerce extérieur. Il va sans dire que le poids de l’Afrique dans le commerce extérieur avec le Maroc demeure encore faible en comparaison avec les autres partenaires tels que l’Union Européenne dont la part frôle 63%, l’Asie (18,9%) ou l’Amérique (12%) selon les statistiques de l’Office des changes concernant la commerce extérieur du Maroc.
L’Égypte, principal partenaire africain pour la 5e année
En se référant à l’analyse des partenaires commerciaux en Afrique, force est de constater que l’Égypte demeure pour la cinquième année consécutive le principal partenaire africain en vertu de l’accord d’Agadir. Elle est suivie en 2023 par Djibouti, classé troisième pays partenaire du Maroc une année auparavant. Viennent ensuite la Côte d’Ivoire, la Tunisie et le Sénégal. Ces cinq pays représentent plus que la moitié des échanges avec l’Afrique (53,4%). En ce qui concerne la structure des échanges commerciaux entre le Maroc et l’Afrique, il est à noter que l’import et l’export ont également accusé une baisse au titre de l’année 2023.
Pour l’import, le volume est passé de 19,86 MMDH en 2021 à 25,58 MMDH en 2022 avant de régresser à 20 MMDH en 2023. Les importations en provenance des pays africains sont principalement constituées de charbon, de dattes et de matériaux plastiques. Le constat est le même pour les exportations dont le volume a évolué de 26,14 MMDH en 2021 à 38,84 MMDH en 2022 avant de baisser à 32,66 MMDH en 2023, ce qui a également affecté le taux de couverture des importations par les exportations. Ces dernières se composent principalement d’engrais, de poissons, de voitures, de câbles automobiles et de produits alimentaires.
De ce fait, le taux de couverture est passé de 62,3% en 2021 à 58,1% en 2022 avant d’atteindre 60,1% en 2023. Par ailleurs, avec l’Afrique, la balance commerciale dégage un excédent commercial en baisse de 5,1% ou -670,6MDH.
Capacités exportatrices : 12 MMDH non exploitées en Afrique
Par ailleurs, selon une étude réalisée par le ministère de l’Industrie et du Commerce, le Royaume dispose de capacités exportatrices supplémentaires pouvant atteindre 120 MMDH, dont 10% (soit 12 MMDH) seraient destinés au continent africain. Elle précise que cette capacité exportatrice concerne des secteurs prioritaires tels que l’industrie automobile, l’agroalimentaire, le textile et l’habillement, ainsi que les industries mécaniques, couvrant environ 200 produits et 1.200 marchés.
S’agissant des obstacles à l’expansion sur les marchés africains, Omar Hjira, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Industrie et du Commerce, chargé du Commerce extérieur a indiqué, mardi à la Chambre des conseillers, que les obstacles à l’expansion sur les marchés africains, sont essentiellement liés au manque de transports entre le Maroc et plusieurs pays du continent, notant qu’un premier itinéraire maritime reliant Agadir à Dakar sera bientôt lancé, avant d’être étendu vers d’autres pays africains par voie terrestre.
Dans ce contexte, Hjira a relevé l’importance de tirer parti des opportunités offertes par la Zone de libre-échange continentale africaine, qui regroupe 53 pays, dont le Maroc, et près de 1,3 milliard de consommateurs, renforçant ainsi les perspectives d’augmentation et de diversification des exportations du Royaume vers ce vaste marché.
Yassine Saber / Les Inspirations ÉCO